Trois jeunes filles décident de partir faire du camping dans une forêt reculée… Quelle drôle d'idée alors qu'il est bien connu que les bois américains regorgent de malades mentaux ultra sadiques avides d'humiliations gratuites ! Comme de bien entendu, les trois filles se font rapidement capturer par une famille de sérieux branques composée de deux fils (dont on se demande encore lequel est le plus demeuré) et de leur affreuse mère, cerveau malade de ce petit clan ultra barbare.
Si vous n'avez pas déjà vu MOTHER'S DAY, vous avez sûrement entendu parler de ce titre pourvu que votre existence ait traversé une portion des années 80 où les vidéos clubs de l'époque comptaient parmi leurs meilleures locations tout un pan du cinéma hard-trash improvisé avec trois francs six sous. Entre EVIL DEAD et MASSACRE A LA TRONCONNEUSE trônait donc fièrement MOTHER'S DAY, survival bricolé qui, grâce à son succès aussi inespéré qu'inattendu, allait mettre définitivement sur pied la structure de production Troma (qui reste plus de vingt plus tard le plus vieux studio indépendant du cinoche ricain, soit dit en passant).
Aux commandes de l'œuvre (soit au scénario et à la réalisation), nous trouvons Charles Kaufman. Si le prénom Charles ne vous dit rien, il ne devrait pas être de même avec le nom de famille. Vous l'aurez donc deviné, Charles est le frère de Lloyd, soit le fondateur de Troma et le réalisateur des chefs-d'œuvre maison genre TOXIC AVENGER, SERGENT KABUKIMAN ou encore le véritablement formidable TERROR FIRMER. Charles ne partage cependant pas l'amour du cinéma (si si, je vous jure) de son frangin. Si MOTHER'S DAY existe, c'est uniquement parce que Charly cherchait à produire un retour sur investissement rapide et sécurisant au travers de la jeune structure de prod' de son frère. Le film d'horreur à petit budget étant alors en pleine expansion via le marché de la vidéo, Charles Kaufman va donc s'y plonger tête baissée, avec une application cependant suffisamment maligne pour faire de sa bobine un titre marquant pour son époque.
Ayant parfaitement retenu la leçon marketing des titres chocs reprenant sous le joug horrifique de (mini) évènements populaires (VENDREDI 13, HALLOWEEN, le moins connu et pourtant sympatoche APRIL FOOL'S DAY de Fred Walton), Charles Kaufman récupère à sa sauce la sempiternelle fête des mères histoire de nous introduire sa famille de tarés chapeautée par une sanguinaire matrone. Les débordements du scénario sont donc justifiés implicitement par le titre : les horreurs commises ici sont faites pour faire plaisir à maman ! Un argument plutôt rigolo pour un film lorgnant beaucoup plus volontiers vers les expériences limites orchestrées jusqu'alors par MASSACRE A LA TRONCONNEUSE et LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE.
Ces deux titres n'ont pas été cités avec innocence tant MOTHER'S DAY va en tirer une énorme part de son inspiration. Du film de Tobe Hooper, Charles Kaufman va en décalquer son ambiance et son (maigre) traitement narratif. Et du film de Wes Craven, Charles Kaufman va en retenir la dernière partie où les victimes vont se rebeller contre leurs agresseurs avec une violence encore plus démentielle. Pas de discours sous jacent pourtant (ce qui faisait le sel des films de Hooper et Craven), Charles Kaufman utilise ses deux films afin de s'aider à monter son maigre bout d'histoire (rappelons une nouvelle fois que Charles Kaufman n'est pas un véritable scénariste ou réalisateur).
L'originalité du film n'est donc pas le fort de MOTHER'S DAY tant le repompage crève les yeux. Et pourtant, le résultat est plutôt agréable grâce à un humour bienvenu, une mise en scène relativement carrée compte tenu du budget anémique, et surtout grâce à une galerie de tronches à vous guérir à tout jamais d'aller à la rencontre de l'autochtone vivant en pleine cambrousse US. Le tout donne à ce MOTHER'S DAY une touche de franche sympathie, même s'il faut avouer que sa vision, passé l'an 2000, révèle de nombreuses faiblesses, réservant du coup l'objet aux fans purs et durs de trash eighties. Que ceux qui ont découvert le genre via le pseudo renouveau du slasher made in Kevin Williamson (SCREAM, SOUVIENS-TOI... L'ETE DERNIER et l'ensemble des croûtes qui ont suivi) passent directement leur chemin. Il leur sera très dur en effet de ne pas hurler au scandale devant le systématisme de l'utilisation de certains "trucs" associés depuis aux clichés du genre (ex : un chat surgit !), de ne pas s'endormir devant les improvisations sauvages de comédiens eux aussi improvisés. Et surtout, il leur sera vraiment très très dur de rester de marbre face à un final aussi impromptu que hors sujet, justifié uniquement par le plaisir d'asséner au spectateur un dernier frisson, aussi absurde soit-il.
Le DVD hollandais est de très correcte nature compte tenu la nature et l'âge de l'œuvre (une série B/Z de 1980). L'image est plein cadre, plutôt pas mal. Le son est dans un mono un peu faiblard, ceci n'étant pas tant la faute de l'édition que de la bande sonore d'origine très moyennement travaillée avouons-le. Question bonus, le DVD essaie de nous dégotter le maximum avec un commentaire audio de Charles Kaufman (intérêt limité, cela va sans dire) ainsi qu'une courte interview du même bonhomme. Plus sympa, la mini-fiction organisée par Lloyd Kaufman ainsi que les stars maisons (Toxie, Kabukiman et les Tromettes) pour la diffusion télé de MOTHER'S DAY. Vous verrez ainsi chacun se remémorer leurs aventures pré-pubères ! L'ensemble est très improvisé mais demeure plutôt marrant. Outre une galerie photo, l'éditeur nous gratifie d'un DVD bonus comportant le court-métrage STAPLERFAHRER KLAUS (LES AVENTURES DE KLAUS) de Jörg Wagner et Stefan Prehn. Malheureusement non sous titré en anglais (sans que cela nous empêche de saisir le gros du film), le court narre les déboires de Klaus, jeune ouvrier en plein apprentissage des mesures de sécurité en usine. Ca commence comme une parodie de film d'entreprise, et ça se finit en une orgie gore hilarante… bref tout simplement indispensable !
Staplerfahrer Klaus
Gros succès vidéo des années 80, MOTHER'S DAY accuse fortement le poids des ans. Si les fans ou les nostalgiques retrouveront leur compte avec un bonheur toujours intact, les autres auront du mal à voir dans cette bobine autre chose qu'un sous MASSACRE A LA TRONCONNEUSE / LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE. Pour les amateurs, sachez que l'édition hollandaise est parfaitement recommandable et propose qui plus est un bonus original, un court-métrage complètement déjanté et ultra inventif à visionner de toute urgence.