Les moines du temple de Shaolin sont tous emprisonnés dans le temple du Lotus Rouge. Parmi les derniers à avoir été capturés, Fong Sai Yuk est mené jusqu'au temple pour y être placé en esclavage parmi ses frères…
Ringo Lam n'a pas fait beaucoup d'entorses à son genre de prédilection. A savoir que le réalisateur s'est avant tout spécialisé dans le polar plutôt noir. Même lorsqu'il tourne aux Etats-Unis pour mettre en scène Jean-Claude Van Damme, il signe une fois de plus des films assez peu éloignés de sa marque de fabrique. C'est aussi le cas de REPLICANT alors que son sujet ancre une part du récit dans la science-fiction. LE TEMPLE DU LOTUS ROUGE, lui, n'a rien à voir et s'inscrit dans une forme plus traditionnelle du cinéma chinois. C'est d'ailleurs, le seul film du genre réalisé par Ringo Lam.
Fong Sai Yuk est un héros traditionnel chinois qui avait été remis au goût du jour dans deux films produits et interprétés par Jet Li. Dans cette nouvelle aventure, ce n'est pas l'acteur renommé qui interprète le personnage mais un inconnu, Willie Chi, qui était annoncé comme la nouvelle coqueluche du cinéma asiatique. Après deux ou trois films, le jeune acteur est retourné à l'anonymat le plus complet. Dans le rôle, il n'est pourtant pas ridicule mais c'est sûrement un manque de charisme évident qui aura coupé les ailes de sa carrière naissante !
Après vingt minutes, l'action du film se déplace à l'intérieur du fameux temple du titre. A partir de là, le scénario multiplie les séquences de combats et, surtout, les mortels recoins d'un temple truffé de pièges. L'histoire en elle-même est assez simple, ce qui permet de se concentrer sur l'aspect aventureux et l'action du film. Ringo Lam à la barre, la réalisation des combats s'avère d'ailleurs plutôt brutale. C'est d'ailleurs l'ambiance du film qui est teintée de cette brutalité qu'il s'agisse du vilain de service ou de certaines séquences gratinées : le héros épinglé au mur par la jambe, un prisonnier se fait transpercer les mains dans un inutile sauvetage avant d'être brûlé vivant… Pas mal de gore, ce qui n'est pas surprenant dans le cinéma chinois mais le traitement à vif pour ce genre de séquence et dans ce type de film n'est pas si commun.
Le décor du film et ses pièges donnent un côté aventureux limite Indiana Jones au TEMPLE DU LOTUS ROUGE. Mais c'est tout autant un film de sabre traditionnel qu'un film de kung fu à l'ambiance plutôt sombre malgré l'humour qui s'en dégage. Quant aux combats spectaculaires et souvent irréels, ils sont filmés d'une façon brutale et violente déjà moins conventionnelle.
Si l'on excepte quelques défauts de pellicules, dont une demi seconde où la craquelure de la pellicule sera visible de tout le monde, le transfert anamorphique (16/9) du film est très réussi. Le cas contraire aurait été inattendu de la part d'un disque de la collection HK Vidéo. La qualité est donc au rendez-vous. La piste originale nous est présentée telle quelle, sans aucune tentative de remix sauvage. De quoi retrouver le film tel que projeté dans les salles (en France de façon anecdotique lors de manifestations telles que les nuits Tsui Hark du Racine Odéon).
Parmi les suppléments, la petite présentation de Tsui Hark, producteur du film, laisse transparaître quelques anicroches concernant le tournage du TEMPLE DU LOTUS ROUGE en raison d'un dépassement de budget. Pas mal de rumeurs ont d'ailleurs couru concernant le fait que Tsui Hark s'était impliqué jusqu'à diriger lui-même certaines parties du film. A ce sujet, dans sa présentation, Tsui Hark reste assez évasif quant à son implication réelle et donne plutôt l'impression de vouloir donner tout le crédit de la réalisation du TEMPLE DU LOTUS ROUGE à Ringo Lam. Voilà qui devrait enterrer la rumeur ou la relancer en indiquant une certaine modestie de la part de Tsui Hark ! A vous de voir car la parole n'a pas été donnée à Ringo Lam et sa petite biographie n'aborde pas ce sujet particulier.
En dehors de la courte présentation de Tsui Hark, les suppléments du TEMPLE DU LOTUS ROUGE se résument assez rapidement. Rien de plus qu'une bande-annonce, une petite galerie de photos, des extraits de la collection HK Vidéo ainsi que des bio/filmographies de Ringo Lam et Tsui Hark. En gros, c'est le minimum des disques HK Vidéo si ce n'est que celui-ci est vendu avec un deuxième disque consacré à un autre film. BLADE OF FURY est d'ailleurs un peu moins passionnant que LE TEMPLE DU LOTUS ROUGE. De fait, il fait un peu office de bonus dans un packaging titré "LA SAGA DU KUNG FU". Le lien entre les deux films étant assez ténu. On notera la présence du même acteur dans les deux films au poste de vilain de service. Et dans ce rôle, il est particulièrement bien à sa place dans LE TEMPLE DU LOTUS ROUGE, où il incarne un chef incontestablement dément et aux fascinations morbides.