Ben Wilson, un veuf vivant avec sa petite fille, retape une vieille
maison pour en faire un hôtel dans la petite ville de Greenglen.
Un étrange groupe de touristes se présente chez lui et
demande à prendre des chambres alors que les travaux ne sont
pas encore finis. Devant leur générosité financière,
Ben ne peut pas refuser. Ces visiteurs se comportent de façon
insolite et prétendent être venus assister à un
"spectacle" qui va se dérouler dans quelques jours,
alors qu'aucune manifestation culturelle n'est prévue dans la
région...
TIMESCAPE est la première réalisation de David N. Twohy qui a avant tout travaillé comme scénariste : WARLOCK avec Julian Sands, LE FUGITIF avec Harrison Ford, WATERWORLD avec Kevin Costner... Après ce premier travail de réalisation, il tournera deux autres films de science-fiction : THE ARRIVAL, qui surfait sur la vague lancée par la série télévisée AUX FRONTIÈRES DU RÉEL ; et PITCH BLACK, dans le style de ALIENS, qui connaîtra un joli succès et lancera la carrière de l'acteur Vin Diesel. TIMESCAPE met en vedette Jeff Daniels, qui avait percé grâce à LA ROSE POURPRE DU CAIRE de Woody Allen (il y incarnait un personnage de cinéma qui sortait de l'écran et rencontrait une spectatrice ordinaire incarnée par Mia Farrow) et qu'on a ensuite vu dans ARACHNOPHOBIE, SPEED ou DUMB ET DUMBER des frères Farrelly...
TIMESCAPE ayant un scénario assez original et étant la première réalisation de Twohy, seule une petite compagnie, Wild Street Pictures, accepta de le produire. Il s'agit en fait de l'adaptation d'une nouvelle de science-fiction des années 1940 : "VINTAGE SEASON" de Henry Kuttner et C.L. Moore, à laquelle Twohy a rajouté de nombreux éléments (tout ce qui se passe après le "spectacle" notamment). Ce film devait d'abord s'appeler THE GRAND TOUR (ce titre figure d'ailleurs encore au bout du générique de fin), puis fut présenté dans un premier temps sous le titre TIMESCAPE. Il a été très bien accueilli dans les festivals où il a été présenté (Fantaporto, Bruxelles, Avoriaz...), mais il n'est sorti en France qu'en vidéo. Même aux USA, il sera d'abord exploité comme un téléfilm sous le titre GRAND TOUR : DISASTER IN TIME. De l'avis de tous, il s'agit d'un triste gâchis. En effet, les qualités de TIMESCAPE lui auraient permis de prétendre à une carrière autrement plus glorieuse que celle d'un quelconque produit direct-to-video. Heureusement, il est ressorti il y a peu en France en DVD dans une collection économique.
TIMESCAPE est un film de science-fiction qui se propose d'intéresser le spectateur avant tout par l'originalité de son ambiance et la richesse de son scénario. Une troupe de touristes insolites, étrangement beaux et paisibles, se rend dans la petite ville de Greenglen sans que personne ne comprenne vraiment ce qu'ils viennent y chercher... Ben Wilson va finir par découvrir qu'ils portent d'étranges passeports sur lesquels les dates des voyages couvrent presque un siècle. Ben finit par comprendre que ces touristes viennent du futur, où les habitants d'une société trop parfaite voyagent dans le temps afin de visiter des époques plus troublées et plus excitantes que la leur... On se gardera toutefois d'en dire trop sur ce récit, tant celui-ci fonctionne avant tout sur une progression très habile et grâce à une série de révélations très surprenantes et admirablement agencées.
TIMESCAPE sait prendre
son temps pour nous présenter ses protagonistes principaux et
nous les rendre attachants. De ce fait, le drame vécu par Ben
lors de la mort de sa femme, ainsi que les liens affectueux qu'il entretient
avec sa petite fille, sont décrits avec beaucoup de subtilité
et de détails, sans pour autant que cela ne ralentisse le développement
du récit. Twohy
veut proposer une science-fiction intelligente, préférant
créer une atmosphère étrange et raffinée
autour de ces voyageurs temporelles plutôt que d'assommer le spectateur
sous des tonnes d'effets spéciaux spectaculaires. A l'époque
où Schwarzenegger
triomphait dans TOTAL
RECALL et surtout dans TERMINATOR
2, c'était vraiment aller à contre-courant. La
seule scène de TIMESCAPE comprenant des effets spéciaux
ostentatoires est celle du "spectacle". Twohy
avait initialement prévu que le spectateur ne verrait pas cet
évènement, mais, suite à des projections-tests,
il a été décidé d'incorporer cette scène
à effets spéciaux (pas très convaincante, d'ailleurs...).
Cette quasi-absence d'images spectaculaires est mise à profit par Twohy pour proposer une réalisation d'une grande finesse et d'une grande discrétion, entièrement au service de l'ambiance du film (les séquences avec les touristes mais aussi les flash back de l'accident de voiture) et de la richesse de son histoire. Ainsi, le voyage dans le temps de Ben est rendu par des idées de réalisation d'un très grande élégance (changement dans l'ambiance sonore, personnage disparaissant au coin d'un couloir...), sans recourir aux habituels éclairs et tourbillons électriques qui accompagnent souvent ce style de séquence au cinéma. Enfin saluons l'admirable performance d'acteur de Jeff Daniels, qui tient une grande part dans la réussite de ce film de science-fiction très humain.
TIMESCAPE nous est proposé dans une copie un peu fatiguée. Une légère granulation est parfois présente, les couleurs manquent de vivacité, le cadrage est très légèrement instable et on peut voir, par-ci par-là, quelques poussières, voire même des poinçons de fin de bobine. On regrette aussi des noirs manquant un peu de profondeur. Toutefois, la compression a le mérite d'être très discrète la plupart du temps. Il n'en reste pas moins qu'on a plus l'impression de regarder un téléfilm un peu défraîchi qu'un DVD sorti en 2001. Heureusement, tout cela n'empèche en rien d'apprécier les qualités de ce film, surtout au prix très compétitif auquel il est proposé.
On apprécie de trouver sur ce DVD une version française et une version anglaise sous-titrée (cette dernière en stéréo surround). Dans le domaine des collections de DVD proposées à prix discount, c'est plutôt une bonne surprise ! Toutefois, on regrette que les canaux droit et gauche soient inversés sur la piste anglaise ! Il faudra donc permuter les câbles audios de votre lecteur DVD avant la projection de ce film si vous souhaitez le regarder en anglais tout en perdant la qualité d'une liaison optique ! D'autre part, on regrette aussi que, dans certaines scènes, à chaque apparition des sous-titres, de légers changements de luminosité de l'image soient perceptibles. Si la version française a un son un peu moins puissant que la bande-son anglaise, on apprécie tout de même la qualité très correcte du doublage : dans le domaine du direct-to-video, c'est suffisamment rare pour être apprécié et salué.
Pour les bonus, on ne trouve qu'une bande-annonce fatiguée en français. Cela n'a rien d'anormal au vu du prix de ce DVD... Notons au passage qu'il est écrit su la jaquette que le film ne dure que 74 minutes... alors qu'il fait 94 minutes !
TIMESCAPE est un donc
une oeuvre très intéressante qui compense sans difficulté
ses quelques petites lenteurs par sa maturité et son originalité.
Au moment de sa sortie, au début des années 1990, il a
été sacrifié par ses distributeurs, notamment en
France. C'est donc une aubaine de le voir sortir en DVD aujourd'hui,
quand bien même cette édition est techniquement un peu
bâclée.