Dans un motel du sud des Etats-Unis, le shérif Buck Olmstaed 
          et ses hommes découvrent deux cadavres salement amochés. 
          Peu de temps après, Olmstead reçoit la visite de l'agent 
          du FBI Frank LaCrosse, qui lui annonce que ces forfaits ont été 
          commis par un redoutable et mystérieux serial killer qu'il traque 
          depuis des semaines à travers les USA. Mais ce que LaCrosse n'avoue 
          pas tout de suite, c'est que ce tueur a enlevé et caché 
          son fils : il se livre maintenant à un jeu de piste sanglant 
          avec ce dangereux criminel, jeu de piste qui l'entraînera jusque 
          dans les Montagnes Rocheuses du Colorado...

Le film de serial-killer est un genre qui s'est toujours situé à mi-chemin entre le cinéma policier (enquête, suspects, affaire criminelle...) et l'épouvante (violence gratuite, motifs quasi inexistants...). On en trouve d'ailleurs des spécimens dès l'époque du muet. A tout saigneur tout honneur, Jack l'éventreur mène le bal au temps du cinéma muet : on le rencontre dans THE LODGER d'Alfred Hitchcock, jeune réalisateur britannique appelé à un grand avenir, c'est le moins que l'on puisse dire. Le cinéma allemand, alors à son apogée, l'emploie aussi, dans de magnifiques séquences du CABINET DES FIGURES DE CIRE de Paul Leni, puis dans l'immortel LOULOU de G.W. Pabst où la belle Louise Brooks périra sous ses coups de surin. Puis vient le parlant et le classique fondateur du genre, encore tourné en Allemagne : M LE MAUDIT de Fritz Lang, dans lequel Peter Lorre, dans son premier grand rôle, incarne un terrible tueur d'enfants. A Hollywood, le genre arrive notamment grâce aux films noirs que l'allemand Robert Siodmak y réalise au début des années 1940 : LES MAINS QUI TUENT et DEUX MAINS, LA NUIT. Ce style de film va vraiment connaître une explosion de sa production à partir du double coup de canon de 1960 : PSYCHOSE de Hitchcock et LE VOYEUR de Michael Powell (dans lequel un tueur en série filme l'agonie de ses victimes et va jusqu'à planifier sa propre mort). Dès lors, on retrouve des tueurs détraqués en tout genre dans de nombreux pays, et notamment en Italie avec les giallos (LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP de Mario Bava, L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL de Dario Argento, L'ÉVENTREUR DE NEW YORK de Lucio Fulci...). Aux USA, ces films évolueront, sur des modes plus fantastiques, avec des uvres comme HALLOWEEN, VENDREDI 13, LES GRIFFES DE LA NUIT et leurs nombreuses suites.

Le film de tueur en série connaît toutefois une véritable renaissance grâce au très gros succès public et critique du SILENCE DES AGNEAUX, qui se vit même récompensé par de nombreux Oscars, dont ceux de meilleur réalisateur pour Jonathan Demme, meilleur film, meilleur scénario et meilleur acteur pour Anthony Hopkins qui incarne le cannibale Hannibal Lecter : du jamais vu pour une oeuvre flirtant d'aussi près avec l'épouvante ! Évidemment, cela a donné des idées à d'autres réalisateurs, notamment à David Fincher avec SEVEN en 1995, qui fut lui aussi un triomphe en salles. Dans les deux cas, on a affaire à une enquête plongée dans un contexte réaliste (voire hyper-réaliste pour le très sordide SEVEN), où des serial killers irrécupérables incarnent le mal à l'état pur et manipulent avec une exceptionnelle perversité les braves policiers à leurs trousses. Ces deux films vont engendrer de nombreux imitateurs : LE MASQUE DE L'ARAIGNEE, THE WATCHER avec Keanu Reeves, RESURRECTION avec Christophe Lambert, le danois NIGHTWATCH, les français SIX PACK et LES RIVIÈRES POURPRES...

C'est très nettement 
          dans ce courant des années 1990 que s'inscrit LA PISTE DU 
          TUEUR, écrit et dirigé par Jeb 
          Stuart, dont c'était la première (et, jusqu'à 
          aujourd'hui, la seule) réalisation. En effet Jeb 
          Stuart a surtout fait sa carrière comme scénariste, 
          essentiellement pour des thrillers et des films d'action, dont PIÈGE 
          DE CRISTAL et LE FUGITIF mais aussi MENACE TOXIQUE 
          avec Steven Seagal, 
          dans une catégorie un peu moins glorieuse... En vedette, le film 
          nous propose Danny Glover 
          (L'ARME FATALE...), ainsi que Dennis 
          Quaid (ENEMY, 
           L'AVENTURE 
          INTÉRIEURE...) qui incarne l'agent LaCrosse. La musique 
          est signée par Basil 
          Poledouris (CONAN 
          LE BARBARE, ROBOCOP...) 
          : toutefois, le style de LA PISTE DU TUEUR ne se prête 
          pas aux élans lyriques qui ont fait la célébrité 
          du compositeur. Il propose donc une partition plutôt lente et 
          subtile, cherchant avant tout à provoquer une sourde angoisse 
          chez le spectateur. Hélas, ce film a été un gros 
          fiasco : tourné pour presque quarante millions de dollars, sa 
          distribution dans les salles aux USA ne devait même pas atteindre 
          le quart de ce chiffre en recettes au cours de son exploitation sur 
          grand écran.
          
LA PISTE DU TUEUR se sépare en deux parties bien distinctes. Au cours de la première heure du film, Dennis Quaid mène une enquête archi-classique. Les suspects se multiplient, le tueur laisse sciemment des indices ambigus pour jouer au chat et à la souris avec son profiler préféré, l'agent du FBI rencontre bien des difficultés à se faire accepter par les policiers locaux...

Pourtant, au crédit du film, on apprécie une réalisation d'une grande sobriété, une peinture convaincante des petites villes du sud américain ainsi que le cadre magnifique et assez original des Montagnes Rocheuses. Les acteurs sont bons, notamment dans les seconds rôles (mention spéciale à R. Lee Ermey qui interprète le shérif Olmstaed).

Mais progressivement, avec l'arrivée de révélations sur l'identité de l'assassin, LA PISTE DU TUEUR finit tout de même par lasser. Les clichés se multiplient, de légères pointes de démagogie sont à déplorer (les braves petits gars de la campagne sont aux prises avec les salauds de Washington...) et, surtout, le cabotinage de certains comédiens pris à contre-emploi (Dennis Quaid joue de façon retenue, voire intériorisée) finit par faire sourire. Enfin, la dernière demi-heure du métrage devient extrêmement prévisible (on pense énormément à SEVEN) et manque gravement de tonus, malgré quelques cascades ferroviaires assez spectaculaires (mais filmées sans beaucoup de conviction : on est très loin de RUNAWAY TRAIN auquel la fin de LA PISTE DU TUEUR fait pourtant penser).

L'image de LA PISTE DU TUEUR, en format cinémascope respecté, est de très bonne facture. On regrette tout de même de très légères traces de compression dans les scènes nocturnes et une petite dominante verdâtre dans les plans sombres. Il n'en reste pas moins que la luminosité, la définition, la stabilité de l'image et la propreté de la copie sont pratiquement irréprochables.

En bande-son, on nous propose 
          des mixages en 5.1 en anglais ou en français. Notons au passage 
          que le doublage français est correct, même s'il nous fait 
          perdre tout le travail fourni par les acteurs sur les accents américains. 
          
          Pour les bonus, Paramount ne se casse pas trop. On signale une bande-annonce 
          en anglais non sous-titrée et quelques menus immobiles et muets. 
          Et C'est tout. Pour un DVD vendu actuellement aux alentours de 25 euros, 
          c'est ridicule...

LA PISTE DU TUEUR 
          ne m'a pas paru être un film très réussi. Son manque 
          d'originalité est déjà flagrant, mais après 
          tout un petit thriller de série bien emballé, ça 
          peut toujours faire plaisir, non ? Hélas, ce film manque aussi 
          gravement de rythme et de nervosité et il m'a paru, en fin de 
          compte assez ennuyeux.
        
            
