D'après une prophétie, une petite fille viendra à
naître pour sonner le glas de la reine Bavmorda. La maléfique
souveraine ne l'entend pas de cette oreille et fait en sorte d'empêcher
la naissance de cette enfant. Mais la petite fille lui échappera
grâce à l'intervention d'une sage-femme qui ne trouvera
d'autre issue que de laisser dériver le bébé le
long d'une rivière. C'est là que les enfants de Willow
vont découvrir le nourrisson
Bien avant WILLOW, George Lucas et Ron Howard avaient collaboré sur AMERICAN GRAFFITI. D'acteur plus ou moins inconnu (VILLAGE OF THE GIANTS ), Ron Howard allait obtenir un tremplin inattendu. En effet, sous l'impulsion du succès de AMERICAN GRAFFITI qui jouait sur la nostalgie des années 50/60, une chaîne de télévision décide de mettre en chantier une série télévisée d'après un téléfilm oublié où Ron Howard interprétait déjà un certain Richie Cunningham. Ron Howard devint le fameux acteur renommé de la série télévisée à succès HAPPY DAYS. Si on a pu le voir par la suite aux côtés de John Wayne, James Stewart et Lauren Bacall dans LE DERNIER DES GEANTS de Don Siegel, il se tourne assez rapidement vers la réalisation. Et quoi de mieux pour débuter que de mettre en boîte quelques films à petit budget pour le compte de Roger Corman ? Mais c'est en enchaînant deux succès (SPLASH et COCOON) qu'il devient un réalisateur en vue. C'est alors que George Lucas le contacte pour lui demander de réaliser un projet qu'il mûrit depuis de longues années. Difficile de résister à George Lucas surtout que l'idée de mettre en image des sorcières, dragons et autres créatures fantastiques l'emballe ! Depuis, Ron Howard n'a pas vraiment fait de flop en alignant les succès, même s'ils n'ont pas toujours été très égaux d'un point de vue artistique
Ce n'est pas la première fois que George Lucas nous fait le coup du projet qui lui tient à cur et qu'il garde dans un tiroir depuis très longtemps. Il paraît que WILLOW contient toutes les idées qu'il n'avait pas pu utiliser dans les trois premiers STAR WARS. Pourquoi pas ! Néanmoins, après un tel temps de réflexion, le scénario de WILLOW n'a rien d'extraordinaire et fait même office de fourre-tout. Le film commence à la manière de Moïse et se poursuit un peu à la façon du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Une poignée de héros de petite taille quitte ainsi le village où ils coulent une vie paisible pour une aventure dont ils n'ont pas l'habitude. Evident ! Ajoutez à cela la présence de trolls, de lutins, d'esprits de la forêt et d'armées en mouvement pour obtenir l'impression de naviguer en terrain connu. Le scénario passe aussi par d'autres références littéraires tel que LES VOYAGES DE GULLIVER ou L'ODYSSEE (oui, carrément !). Tout cela n'a donc rien de novateur mais lorsque le film sort à la fin des années 80, il faut bien avouer que personne n'avait jamais vu un tel résultat à l'écran à part peut-être LEGEND ! Mais ce dernier n'appliquait pas un récit de la même ampleur en ce qui concerne les lieux, les personnages ou les créatures.
Le scénario de WILLOW fait donc preuve d'une plus grande entreprise de recyclage que d'une réelle imagination, mais ce n'est pas réellement important ! Si WILLOW est un spectacle réussi c'est avant tout par les moyens techniques mis en uvre dans la réalisation. Qu'il s'agisse des décors, des costumes et surtout des effets spéciaux, WILLOW est irréprochable. A l'époque, comme les bonus ne manquent pas de le souligner, WILLOW bénéficiait de l'attention de nombreuses personnes et a contribué à aller plus avant quant à l'utilisation d'effets spéciaux numériques pour le cinéma. Une Featurette est d'ailleurs entièrement dévolue à l'histoire du programme de morphing qui aura permis l'effet très naturel de transformation de Fin Raziel. A l'heure actuelle, ce type d'effet n'a plus rien d'exceptionnel puisque n'importe qui peut faire de même sur son ordinateur. Le cinéma s'est d'ailleurs rapidement empressé d'utiliser les mêmes effets dans diverses productions par la suite (le petit segment vidéo du DVD présente d'ailleurs des extraits de STAR TREK VI : TERRE INCONNUE, GHOSTSBUSTERS 2 ou INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE).
En dehors de l'aspect purement technique, WILLOW est aussi très particulier en ce qui concerne le casting puisqu'un passage de la première partie du métrage se déroule dans un village Nelwyn. Et pour interpréter ses habitants, il a fallu réunir quelques 300 acteurs ou figurants de petite taille. Rien d'étonnant à ce que l'on y retrouve Phil Fondacaro bien connu des fans de Empire et Full Moon (BLOOD DOLLS, SIDESHOW, THE CREEPS ). En fait, pas mal de ces acteurs s'étaient déjà retrouvés ensemble dans la peau des Ewoks du RETOUR DU JEDI. C'est d'ailleurs le cas de Tony Cox et, bien entendu, de Warwick Davis qui incarne le personnage de Willow. Ces deux derniers ont d'ailleurs joué les mêmes peluches dans les films TV qui ont suivi (L'AVENTURE DES EWOKS ). Warwick Davis apparaissait toujours grimé aux côtés de David Bowie et Jennifer Connelly dans LABYRINTH, autre production de George Lucas, avant de jouer enfin à visage découvert dans WILLOW. A l'instar de Phil Fondacaro, Warwick Davis aura aussi beaucoup tourné pour de petites productions horrifiques. Il s'est ainsi inséré plus tard dans la défroque du LEPRECHAUN sur toute la série de films.
Bon techniquement, cela ne suffit pas pour autant à réussir un film. Cela serait trop facile. George Lucas et son scénariste ont hélas pris le parti de nous offrir un spectacle alignant des passages très connus mais en les reliant avec une histoire qui ne se prend que rarement au sérieux. Madmartigan, interprété par Val Kilmer, est un héros qui serait une sorte de pendant médiéval et maladroit du Han Solo de STAR WARS. Ce dernier se retrouvant la plupart du temps dans des situations croquignolesques (accoutré en femme, le jouet d'une poudre d'amour, transformé en boule de neige quand il ne glisse pas lamentablement en faisant tournoyer son épée). De même, notre équipée se retrouve rapidement affublée de deux petits lutins qui jouent à outrance les esprits facétieux. Ils agissent ainsi comme le compagnon comique indésirable d'un grand nombre de productions hollywoodiennes. La maléfique reine s'avère bien peu menaçante tout comme son homme de main au look pourtant impressionnant. La plupart des personnages manquent ainsi de consistance. Seul Willow et le nourrisson objet de toutes les convoitises, en réalité plusieurs bébés, réussissent à nous donner le minimum d'émotion nécessaire. WILLOW ne sort pas vraiment du carcan de gros Blockbuster. Plus divertissant que certains autres, il est vrai ! Et surtout nous présentant un type d'aventure assez rare sur les écrans.
Dès les premières sorties DVD, le label THX s'apposait sur quelques disques. En réalité, il s'agissait des transferts réalisés pour des éditions Laserdiscs qui n'étaient pas toujours à la hauteur du DVD. Ainsi, le transfert THX de HIGHLANDER 2 était franchement passable et ne tirait même pas partie des possibilités 16/9 du DVD. Un comble pour un label de qualité ! Certains éditeurs ne perdent d'ailleurs pas de temps ni d'argent pour se payer les trois lettres magiques et nous sortir des disques de très grande qualité. Mais depuis les débuts du DVD, le label THX s'est remis en question. Ainsi, on ne rencontre plus dorénavant de transfert non-anamorphique tels qu'ils existaient sur ABYSS ou TITANIC par exemple. Le DVD de WILLOW nous présente donc une image de grande qualité et tirant partie du 16/9 de vos diffuseurs (que ce soit un téléviseur ou un projecteur). Ainsi, la définition et le rendu des couleurs ont de quoi ravir et nous n'en attendions pas moins d'une production Lucasfilm !
En ce qui concerne le son, c'est une autre paire de manche. Il s'agit bel et bien de pistes en Dolby Digital 5.1 qui contribuent à mettre en valeur la musique de James Horner. Cela se complique plutôt lors de certaines séquences impressionnantes comme celle de la créature à deux têtes (dragon ?). Les graves semblent un peu timides alors qu'une telle séquence aurait mérité de secouer un peu plus le spectateur. Mais à vrai dire tout cela est peut-être normal puisque le film date de 1988. Le mix 5.1 pourrait très bien respecter la piste originale entendue dans les salles. Néanmoins, il en naît une petite frustration !
Premier bonus, le commentaire audio non pas de George Lucas ou de Ron Howard mais de Warwick Davis. Un choix qui peut paraître étonnant mais, à l'écoute, l'acteur est très à l'aise et délivre un grand nombre d'informations précises qui auraient très bien pu être celles données par le réalisateur lui-même ! De plus, il ne cesse de parler ou presque évitant de trop importantes plages de silence comme certains cinéastes ont pu laisser en enregistrant ce même type de performance (ZARDOZ ?). A noter que pour une fois, la FOX permet de sélectionner le sous-titrage français pour le commentaire audio. En effet sur d'autres disques, si le lecteur était configuré en anglais, il était impossible de faire apparaître la traduction d'un commentaire audio (PREDATOR, MONKEYBONE, ZARDOZ ).
Le Making Of est en fait une longue Featurette d'époque où l'on peut entrer dans les coulisses du film. Plutôt rare puisque ce type de programme est souvent très court et survole à toute vitesse la plupart des sujets. Bon, à vrai dire, celui-ci ne sera pas plus loquace mais prend le temps de nous présenter une vue d'ensemble de la création de WILLOW. En plus de ce Making Of, on trouve à côté un petit documentaire, déjà évoqué, qui nous en dit beaucoup plus sur le fameux morphing. Enfin, il ne vous restera plus qu'à vous enfiler une pléthore de spots TV, une galerie de photos de tournage et les trois bandes-annonces.
On pensait que depuis la sortie du premier tome du SEIGNEUR DES ANNEAUX (version Peter Jackson), WILLOW se serait pris une méchante claque. Ce n'est pas le cas et, malgré ses divers défauts, WILLOW garde un côté aventure simpliste qui le rendra de fait plus accessible à un jeune public tout en restant plaisant pour les adultes. L'Heroïc Fantasy pas vraiment sérieuse selon George Lucas vieillit finalement plutôt bien et ce DVD d'excellente facture lui permettra sûrement de continuer à s'épanouir !