De retour d'un long voyage, Sinbad retourne à Charak en espérant
demander la main de la princesse Farah. Malheureusement, une terrible
tragédie a eu lieu lors du sacre du prince. Sinbad va alors reprendre
la mer pour trouver un remède au mal dont souffre le prince
D'après Ray Harryhausen, les changements successifs d'acteurs pour incarner le rôle de Sinbad étaient dictés par l'envie d'essayer de nouvelles possibilités. En réalité, sur SINBAD ET L'IL DU TIGRE, ce serait plutôt une question d'argent. Seulement quatre années après LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD, l'inflation touche le cinéma et si le budget alloué est légérement plus grand, il n'est plus question de mettre la main sur un réalisateur chevronné tel que Nathan Juran ou Gordon Hessler pour respectivement SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD et LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD. Pas question non plus de proposer de nouveau à John Phillip Law de reprendre le rôle et encore moins à Kerwin Matthews qui n'a de toutes façons plus l'âge de l'emploi. Pour cette troisième aventure, l'idée est donc de proposer le rôle au fils de John Wayne ! Malheureusement, Patrick Wayne s'il se démène comme un fou lors de quelques affrontements au sabre, ne bénéficie pas du charisme nécessaire pour interpréter Sinbad. Face à lui, on lui colle une Jane Seymour ayant, grâce au scénario, toutes les caractéristiques de la potiche. Pire, le méchant de service est une sorcière interprétée par Margaret Whiting dont l'accent, dans la version originale, paraît tellement déplacé dans le contexte oriental que cela en devient ridicule. De même, on sent une nouvelle fois l'économie dans son équipage composé de son fils et d'une créature métallique animée selon les séquences par Ray Harryhausen ou campé par Peter Mayhew , encore une fois dans un encombrant accoutrement puisqu'il s'agit de l'acteur dans le costume de Chewbacca des trois premiers STAR WARS. Finalement, le seul véritable acteur convaincant s'avère être Patrick Troughton. Homme de main de Dracula dans LES CICATRICES DE DRACULA ou prêtre dans LA MALEDICTION, il est amusant de constater que à l'instar de Tom Baker dans LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD, il est aussi l'un des acteurs à avoir incarné le DOCTOR WHO. Ici, son rôle devient rapidement trop bavard et tire encore plus le film vers le bas.
Il faut bien le dire, les personnages les plus expressifs de SINBAD ET L'IL DU TIGRE sont en réalité un babouin et un troglodyte géant animés par Ray Harryhausen. Le troglodyte nous ramène d'ailleurs à l'esprit le cyclope du SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD dans son physique et sa gestuelle. L'histoire étant trop simpliste, elle s'aggrave par une insertion trop artificielle des créatures dans le récit. Le morse géant par exemple n'apporte rien et semble un peu trop lourdaud pour être réellement menaçant. De même, le Minotaure mécanique n'est là que pour gonfler l'équipe de Zenobia et se fera éliminer d'une bien bête façon. Ajoutez au bestiaire un tigre à dent de sabre, trois étranges créatures famélique et une abeille géante (bien plus amusante dans L'ILE MYSTERIEUSE) pour être complet. De marquant, il reste donc les deux fameuses créatures citées plus haut, le babouins et le troglodyte pour lesquels ont sent qu'un soin bien plus grand a été apporté à leur animation. Au rayon des effets spéciaux, les surimpressions sont souvent visibles et ce même lors de plans n'impliquant aucune créature ni même d'effets particuliers. A croire que la plupart des plans en extérieur ont été réalisés avec une équipe réduite alors que les acteurs ont fait une grande partie de leurs prestations en studio.
Le manque d'argent apporte donc un réalisateur bien moins doué que ceux des précédentes aventures de Sinbad (tout du moins celles produites par Charles Schneer). Cela ne concerne bien entendu que les séquences dénuées d'effets spéciaux puisque pour tout ce qui concerne l'animation, Ray Harryhausen prend en charge le travail de réalisation. Pour le reste, c'est donc à Sam Wanamaker, un réalisateur anonyme de télévision que l'on fait appel. On peut lui imputer un certain manque de panache du film mais ce serait un peu injuste. En effet, le plus gros du problème provient du scénario écrit par Beverley Cross d'après une histoire de Ray Harryhausen. C'est un peu comme si le script avait été écrit d'après une liste de créatures, les liant tant bien que mal les uns aux autres avec une histoire qui ne donne pas aux personnages des rôles captivants. Pourtant, Beverley Cross fera bien mieux quelques années plus tard avec LE CHOC DES TITANS, dernier film où Ray Harryhausen animera des créatures dont certaines sont les plus réussies de sa carrière (Méduse, le Kraken ). SINBAD ET L'IL DU TIGRE se place donc comme une preuve que l'on ne peut pas réussir à tous les coups !
En raison de la qualité du DVD, on note tout de suite les surimpressions des acteurs sur des décors où ils n'ont jamais mis les pieds. Pour résumer, le transfert est du même niveau que celui du VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD qui est sorti en DVD à la même date que le disque dont nous vous parlons ici. En dehors des divers problèmes relatifs aux effets spéciaux et à quelques imperfections sur la pellicule, le résultat est très satisfaisant. De même, la bande-son mono pourra sembler un peu légère et, ce coup-ci, la musique ne risque pas de vous laisser une grande impression. Il faut dire qu'après le grand Bernard Herrmann (PSYCHOSE, OBSESSION ) et le prestigieux Miklos Rozsa (BEN HUR et LE CID, quand même !), Roy Budd (LA LOI DU MILIEU, pourtant, mais dans un genre radicalement différent) a bien du mal à raviver la flamme de la grande aventure.
Rien de neuf du côté des bonus par rapport au SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD et à JASON ET LES ARGONAUTES. On retrouve donc le documentaire de près d'une heure sur la carrière de Ray Harryhausen ainsi qu'une Featurette sur le procédé d'animation nommé "Dynamation" (nommé "Dynarama" au générique du film). Quelques bandes-annonces et des filmographies mettent fin à une liste de bonus déjà vus et revus.
Avec SINBAD ET L'IL
DU TIGRE, le rafiot prend l'eau ! Une histoire trop simpliste, des
péripéties non palpitantes et seules deux ou trois créatures
animées par Ray
Harryhausen arrivent à sauver du naufrage l'équipage
du film. Un peu maigre même si les amoureux des effets spéciaux
de la vieille école ne pourront s'empêcher de faire l'acquisition
de ce DVD. Pour les autres, jetez plutôt un il au
VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD ou au SEPTIEME
VOYAGE DE SINBAD.