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Critique du film et du DVD Zone 2
BLUE STEEL 1990

 
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Megan Turner (Jamie Lee Curtis) vient d'être fraîchement admise dans les rangs de la police de New York. Lors de sa première patrouille, la voilà aux prises avec un fou furieux braquant une épicerie et ses clients. Alors qu'elle est contrainte d'abattre l'agresseur, son arme tombe face à l'un des otages qui la ramasse. Quelques jours plus tard, un couple est abattu en pleine rue et l'on retrouve gravé sur les douilles du meurtre le nom de Megan.

Après l'excellent NEAR DARK et avant le futur blockbuster obsolète POINT BREAK, Kathryn Bigelow met en boite BLUE STEEL. Il faut savoir également que la dame fut un temps sous le feu des journaux à potins pour avoir partagé l'intimité maritale de James Cameron. Outre l'anecdote mondaine, ce dernier point permet de faire un lien direct entre les univers (proches) des deux réalisateurs, voire de créer de véritables passerelles entre leurs visions respectives (comme STRANGE DAYS, écrit par Cameron et mis en scène par Bigelow).

BLUE STEEL n'échappe donc pas une seconde au petit jeu de la comparaison tant le visuel du film se rapproche des travaux de Cameron époque ALIENS. Certains trucs sont repris tels quels (les faisceaux de lumières filmés en contre-jours), les codes couleur sont convergents (avec cette utilisation extensive des couleurs métalliques) et enfin la présence d'une héroïne forte et courageuse dans un monde principalement masculin achève de faire de BLUE STEEL le polar urbain qu'aurait pu réaliser le barbu mégalo. Deux éléments créatifs de taille vont cependant grandement relever la sauce. Tout d'abord, l'interprétation de Jamie Lee Curtis associée à la direction d'acteur de Bigelow va donner corps à un personnage de femme rare, tout en force et en faiblesses retenues. On est loin de la caricature de "la nana avec des burnes", ce que n'évitera pas toujours Cameron (c'est le moins que l'on puisse dire). Ensuite, la présence d'Eric Red au poste de co-scénariste va orienter le film sur des rails beaucoup moins conventionnels.

Eric Red est avant tout connu pour ses scénarios âpres et violents, ainsi que pour ses personnages de prédateurs à la fois tragiques et sublimes. On n'a toujours pas oublié l'auto-stoppeur fou dans le HITCHER de Robert Harmon (incarné par un Rutger Hauer au sommet de son inspiration), la troupe des néo-vampires usés de NEAR DARK (qui reprenait une partie du casting de ALIENS), ou encore les deux tueurs à gages de COHEN AND TATE qui s'entretuaient sous le jeu psychologique de leur otage de 12 ans. Perdu de vue suite à une carrière de réalisateur pas aussi prometteuse que prévue (après un début fracassant avec ce COHEN AND TATE précédemment cité), BLUE STEEL tombe à pic pour nous replonger dans l'univers (noir) du bonhomme. Car si nous devions déterminer l'influence principale du film de Bigelow, c'est la patte de Red qui saute immédiatement aux yeux (et qui justifie ainsi la présence de BLUE STEEL dans les colonnes de DeVil Dead bien que le film ne soit pas ouvertement fantastique).

Très vite, BLUE STEEL s'échappe donc des règles du polar classique et des grosses ficelles du "whodunit" (on sait tout de suite qui est le tueur) pour virer vers une variation du jeu morbide du chat et de la souris (sujet ô combien utilisé par Red). Le personnage de Eugene Hunt (joué par un Ron Silver véritablement possédé) ne va pas seulement ramasser un pistolet et semer le chaos autour de lui, il va s'immiscer dans la vie privée de Megan, jouer avec elle, exécuter ses proches… Le tout avec suffisamment de calcul et d'ingéniosité (psychologique) pour s'assurer une totale liberté, et surtout, une récidive toujours plus vicelarde. Hunt est une nouvelle figure de la folie meurtrière chère à Red, décidant de persécuter une seule et même personne jusqu'à l'absurde.


En ne donnant ni justification précise, ni motivation particulière, Red compare immédiatement le personnage de Hunt avec celui de Rutger Hauer dans HITCHER. Impossible effectivement de ne pas rapprocher les deux films tant leur traitement apparaît similaire. Certaines scènes sont même reprises à l'exacte, lorsque Hunt s'immisce dans l'appartement de Megan pour y agresser son ami. Cette crise d'inspiration donne à BLUE STEEL une sensation de déjà vu quelque fois un peu gênante. D'autant plus que ce concept de persécution sadique fonctionnait mieux dans HITCHER tant le cadre désertique du film renvoyait immédiatement à la solitude et la paranoïa du pauvre héros (campé par C. Thomas Howell). La transposition dans le centre ville de New York ne se fait donc pas sans heurt, d'autant plus que l'intouchabilité judiciaire de Hunt confrontée à la surenchère de ses actes meurtriers finit par ne plus paraître très crédible.

Mais si BLUE STEEL est au final un très bon film, c'est surtout grâce au personnage de Jamie Lee Curtis et au soin apporté à sa composition. Outre une interprétation incroyable de maîtrise, le personnage de Megan Turner jouit d'un contexte fort et détaillé (voir les scènes avec ses parents). On imagine ici plus l'influence de Bigelow tant Eric Red n'a jamais été à son aise avec les personnages féminins. Et si le prédateur de BLUE STEEL ne rivalise pas avec son aîné de HITCHER, force est de constater que la victime interprétée par Jamie Lee Curtis est au final bien supérieure au rôle similaire tenu par C. Thomas Howell dans le film de Harmon.

Parlons maintenant un peu technique. Le film datant de 1990, on aurait pu craindre un master un peu endommagé. Il n'en est absolument rien ! L'image est parfaite et n'accuse à aucun moment le poids des ans. L'éditeur a poussé le lifting aux pistes sons qui se retrouvent affublées de Dolby Digital et de DTS 5.1 (en v.o. et v.f.) bricolées via le procédé Arkamys. Si ce procédé avait soulevé l'intérêt à sa sortie, beaucoup avaient déchanté devant le rendu parfois catastrophique du système (voir l'édition zone 2 de BAD TASTE). Ce n'est heureusement pas le cas ici. La bande son est essentiellement centrée vers l'avant, et vos arrières ne seront finalement sollicitées que pour de maigres interventions (pas de problèmes d'échos !). On préfèrera néanmoins les pistes DTS tant ces dernières se montrent largement plus dynamiques que leurs équivalentes en Dolby Digital. Au niveau des suppléments, ça va aller vite puisqu'il n'y a absolument RIEN… houps, que dis-je, il y a la bande annonce du film soit 45 secondes de bonus. Qui dit mieux !!!

Polar sec et sauvage que l'on aurait eu tendance à oublier trop facilement, BLUE STEEL est une très agréable redécouverte via cette très bonne édition qui privilégie le film aux suppléments. De quoi se replonger dans une autre époque, où Kathryn Bigelow et Eric Red représentaient la jeune génération montante prête à tout casser sur son passage. Dommage que leurs inspirations respectives ne se soient pas renouvelées avec autant de brio.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
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287 critiques Film & Vidéo
On aime
Le scénario et le soin apporté aux personnages
L'interprétation de Jamie Lee Curtis
La remasterisation image
On n'aime pas
Un peu trop de similitudes par rapport à HITCHER
L'absence de bonus (si ce n'est une courte bande annonce)
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L'édition vidéo
BLUE STEEL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h40
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Bande-annonce

       

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