Un vieux rafiot s'échoue dans le port de New York. Tous les membres
d'équipage ont été vidés de leur sang et
il n'y aucun survivant à bord. Rita Veder et son coéquipier
se retrouvent sur cette étrange enquête qui va les mener
à une confrontation avec un véritable vampire
Eddie Murphy apprécie le cinéma d'horreur et les films mettant en scène des vampires. Cherchant à modifier son image de simple comique, il en vient à élaborer en famille une idée de film où il pourrait justement incarner un seigneur des ténèbres. Ce qui nous mène directement à UN VAMPIRE A BROOKLYN où l'on découvre au générique Charles Murphy pour l'histoire originale et Ray Murphy Jr. à la production. Il ne manque plus à la famille Murphy qu'un réalisateur pour mettre en image leur film de vampires. Wes Craven entre en scène à un moment où il commence déjà à évoquer la possibilité de laisser tomber le fantastique pour voguer vers de nouveaux horizons cinématographiques. Est-ce pour cela qu'il se retrouve à la mise en scène du film ou, plus simplement, pour bosser avec une tête d'affiche prestigieuse ? Ca, on ne le saura jamais. Pourtant, UN VAMPIRE A BROOKLYN ne se fera pas de la meilleure façon qui soit. A peine Wes Craven est-il aux commandes qu'il se permet de faire réécrire le scénario pour y ajouter du romantisme et gommer une violence qu'il trouve trop excessive. Un peu comme si les envies de chacun des intervenants allaient à l'encontre de ce que l'on pouvait attendre d'eux
UN VAMPIRE A BROOKLYN prend le parti d'être une comédie tout en étant un véritable film d'horreur. Pas évident de concilier les deux, ce film en est d'ailleurs une preuve flagrante. Essentiellement parce qu'il donne l'impression de ne pas vraiment savoir où il veut aller. Ainsi, on navigue d'un passage comique (par exemple, le passage de l'évangéliste joué par Eddie Murphy) à des séquences sérieuses sans qu'il n'y ait d'homogénéité entre les deux. A partir de là, la sauce a bien du mal à prendre. Par ailleurs, Eddie Murphy a bien du mal à s'insérer dans le costume d'un vampire même s'il provient des Caraïbes. Son accoutrement lui donne davantage un look de "mac" des années 70 que d'un vampire. Plus gênant encore lorsqu'il balance quelques tirades comiques assez déplacées ("J'ai déjà mangé italien", etc ). De quoi nous faire regretter le BLACULA, et sa suite, de la vague blaxploitation. C'est une nouvelle fois l'occasion pour Eddie Murphy d'interpréter plusieurs rôles après UN PRINCE A NEW YORK. En plus du vampire, Maximillian, il prend les traits d'un homme d'église ainsi que ceux d'une petite frappe du quartier italien.
Grâce à DRACULA PERE ET FILS ou LES CHARLOTS CONTRE DRACULA, il est tout de même largement possible de relativiser le naufrage d'UN VAMPIRE A BROOKLYN. La comédie vampirique ayant souvent planté avec mégarde ses crocs dans les fesses de la comédie. Ainsi, la même année que le film avec Eddie Murphy, on pouvait assister à une pochade de Mel Brooks et interprétée par Leslie Nielsen (DRACULA : MORT ET HEUREUX DE L'ETRE) qui avait au moins le mérite de s'assumer dans la connerie. En remontant quelques années en arrière, on se souviendra du VAMPIRE DE CES DAMES déconnant dans les grandes largeurs en adoptant le style parodique (braquage de la banque du sang, l'héroïne confond le vampire avec un agent d'assurance ). Mais c'est INNOCENT BLOOD qui se rapprocherait le plus de UN VAMPIRE A BROOKLYN. Alternant humour et horreur avec un bien meilleur brio par rapport au film de Wes Craven.
On ne sait trop sur quel pied danser à la vision de UN VAMPIRE A BROOKLYN. L'apparition de Mitch Pileggi dans un tout petit rôle ou de Zakes Mokae nous amène à nous souvenir de quelques réussites de Wes Craven. SHOCKER dans le premier cas et surtout L'EMPRISE DES TENEBRES où Zakes Mokae incarnait le terrifiant chef des tontons macoutes. Ici, il passe dans le camp opposé puisqu'il est une sorte de Van Helsing des îles. Sympa mais une nouvelle fois assez mal exploité pour que cela puisse sauver le film.
L'image de ce disque Paramount soulève un petit problème qui, de plus, est généralisé à presque tous les disques de l'éditeur. Un problème qui sera jugé bénin ou catastrophique en fonction de la tolérance des spectateurs. A savoir que presque tous les disques de l'éditeur dont le film est dans un format cinéma d'origine en 1.85 se retrouvent cadrés de façon quelque peu différente pour remplir quasiment tous l'espace d'un transfert 16/9. De ce fait, le film est ici présenté en 1.77 et non pas en 1.85 tel qu'il est projeté dans les salles. Il est difficile de dire si dans le cas de UN VAMPIRE A BROOKLYN cela se traduit par une perte d'image sur les côtés ou un gain en haut et en bas. Pour cela, il faudrait disposer d'un transfert au format correct et faire une comparaison. Malheureusement, le transfert du Laserdisc américain n'était pas plus au format que ce nouveau DVD.
Passé le problème du format image, ce transfert est plutôt réussi avec une définition satisfaisante et un bon rendu des couleurs. Pourtant, le passage en vidéo n'était pas aisé en raison de la photographie d'origine (presque toujours nocturne) ou d'ambiances brumeuses. Compte tenu de cela, le résultat est donc de bonne facture et l'on notera à peine les quelques minuscules défauts de pellicule ou les quelques ratés de compression.
La bande-son en Dolby Digital 5.1 est quant à elle plutôt décevante. Elle remplit son office mais n'est pas d'une grande générosité en matière d'effets tonitruants. La version française et la version originale étant assez semblables sur ce point. Toutefois, dans le cas du doublage en français, les dialogues s'insèrent de façon moins naturelle au reste de la bande-son.
UN VAMPIRE A BROOKLYN est tiraillé entre deux genres qui se mélangent de façon totalement artificielle, voire pas du tout, dans ce film. On attendait de l'horreur de la part de Wes Craven et l'on ne frissonne pas un instant. On attendait de se bidonner grâce au talent comique de Eddie Murphy et ce n'est pas non plus le cas ! Déception des deux côtés pour un film schizophrène.