Quentin est un jeune homme souffrant d'une trop grande timidité
et d'un manque de confiance en soi évident. Pour exemple, il
n'arrive pas à se lancer à l'eau et inviter sa belle voisine
qui ne demande pourtant que ça. Alors qu'il travaille comme gardien
dans un centre de recherche génétique aux expériences
top secrètes, un groupe de cambrioleurs tente de dérober
fusils aux poings une arme biologique fabriquée à partir
d'ADN d'araignées. Victime de son introversion, Quentin n'arrivera
pas à sauver de la fusillade qui s'ensuivra l'un de ses collègues
et ami. Choqué et découragé par sa propre attitude,
Quentin va profiter d'un instant d'inattention pour s'injecter le liquide
ultra confidentiel à base d'araignée, espérant
connaître le même genre de mutation que son héros
de comics préféré, The Arachnid Avenger.
EARTH VS THE SPIDER est un autre volume des Creature Features du collectif Lou Arkoff, Colleen Camp et Stan Winston. Pour ceux qui n'auraient pas encore lu les critiques des autres opus de la collection (SHE CREATURE, HOW TO MAKE A MONSTER, THE DAY THE WORLD ENDED), rappelons rapidement que cette série de téléfilms fut lancée en hommage au pape de la série B des années 50 : Samuel Arkoff. Les films de la collection ne sont en aucun cas des remakes, mais des divagations originales autour de titres existants. Le but est bien entendu ici de mettre en avant le studio de FX de Winston qui, en plus de concevoir une créature originale par film, lance par la même occasion sa propre collection de figurines inspirées de cette anthologie.
Avant toute chose, il faut préciser que chaque film de la collection est soumis à des moyens très stricts : le tournage ne doit pas excéder 16 jours pour 3,5 millions de dollars de budget. Je ne sais pas si ça vous dit grand chose, mais pour un film, qui plus est avec de nombreux effets spéciaux, un tel calendrier relève du challenge. Si Sebastian Gutierrez avait fait un excellent travail avec le très bon SHE CREATURE, qu'en est-il de ce EARTH VS THE SPIDER réalisé par le jeune Scott Ziehl (peut-être avez-vous vu son BROKEN VESSELS, alias DERAPAGES chez nous, qui décalquait avec énergie le BRINGING OUT THE DEAD de Martin Scorsese).
Même si l'ensemble se laisse regarder sans déplaisir, il faut bien avouer que ce film ne restera pas bien longtemps dans vos mémoires. La faute avant tout à un script mou et prévisible, et à des personnages peu profonds. Gutierrez avec SHE CREATURE avait justement remarqué que le seul moyen de livrer un bon film compte tenu des obligations budgétaires était de peaufiner un scénario fort en ambiance, le tout servi par une interprétation solide. Scott Ziehl n'a malheureusement pas eu le même raisonnement, et c'est bien dommage. Avec EARTH VS THE SPIDER, on a l'impression que le cinéaste grille toutes ses bonnes idées et les 3/4 de son budget dans les quinze premières minutes.
Passé un générique
très BD sur fond de jazz parodique, des scènes d'expositions
habiles et une fusillade du tonnerre, EARTH VS THE SPIDER va
rapidement basculer dans un espèce de sous Cronenberg
version LA
MOUCHE. La trame narrative se retrouve alors réduite
à un Quentin mutant chaque jour un peu plus, jusqu'à perdre
tout ce qui fait de lui un être humain, à l'instar du martyr
biologique de Jeff
Goldblum. Seulement voilà, Scott
Ziehl ne possède à aucun moment la vision de Cronenberg,
ou un quelconque regard humaniste sur son misérable héros.
Une seule chose compte pour le cinéaste : remplir le cahier des
charges avec le minimum syndical d'effets spéciaux et de suspens.
Si la créature est, encore une fois, une grande réussite
(sans posséder toutefois la puissance évocatrice de la
sirène Lovecraftienne
de SHE CREATURE),
ce n'est sûrement pas un Dan
Aykroyd venu cachetonner dans un banal rôle d'inspecteur qui
risque de vous captiver bien longtemps (remarquez, c'est déjà
mieux que de jouer le pater de Britney
Spears dans le faramineux CROSSROADS).
Mais ne soyons pas si durs. EARTH VS THE SPIDER n'est absolument pas un mauvais film, il est juste passable (c'est-à-dire mieux que moyen, c'est déjà pas mal). Outre Thor, le petit chien du héros qui est plus que super craquant, EARTH VS THE SPIDER se révèle malgré tout assez bien vu puisqu'il démarque le SPIDERMAN de Sam Raimi. Il n'y aurait rien d'extraordinaire à cela si SPIDERMAN n'était justement pas terminé à l'époque de EARTH VS THE SPIDER. Ziehl s'est donc replongé dans le comics de l'homme araignée et reprend donc pas à pas le parcours génétique de Peter Parker version glauque. Quasiment tout est là : découverte d'une force physique décuplée, sécrétion de fils d'araignée, premier sauvetage (mais qui tournera plutôt mal). Mais à l'instar de ses emprunts à Cronenberg, Ziehl s'arrête malheureusement à la citation. On est donc loin là aussi de la formidable parabole sur l'adolescence (et de la découverte de la masturbation masculine - allons messieurs, ne faites pas les innocents) du film de Sam Raimi.
Techniquement, le DVD est du même niveau que les autres volumes de la série, c'est-à-dire impeccable ! L'image ne souffre d'absolument aucun défaut, ce qui est aussi vrai côté son avec les deux pistes sonores en 5.1 (en v.o. ou en français). Ces dernières se montrent diablement efficaces et promettent de faire crapahuter vos surrounds lors des scènes fortes (mais uniquement lors des scènes fortes !). Au niveau des suppléments, un making of toujours aussi ridiculement court (on commence à être habitué) trône fièrement au sommet du menu des bonus. On n'y apprend rien, ou presque : comment réaliser des impacts de balles, le tout filmé côté coulisse par un cadreur incompétent tout en flou et en reprise de diaphragme. Aucun intérêt !
La galerie photo est de loin ce que la section a de mieux à nous montrer. Toujours découpée sous le même modèle des autres dvds de la collection, elle permet surtout de nous présenter quelques superbes esquisses de la créature, ainsi que de nombreux détails de maquillage. A croire que l'on profite mieux du monstre via cette galerie que dans le film ! Des bandes-annonces (GODZILLA, HOLLOW MAN, THE FORSAKEN retitré chez nous LES VAMPIRES DU DESERT, et l'inédit THE BREED), ainsi que des filmographies sélectives (de Dan Aykroyd et Stan Winston) achèvent le tout. Bien entendu, le petit livret de l'écran fantastique est toujours dans le boîtier du DVD. Inutile de vous faire remarquer qu'il est absolument identique aux autres livrets de la collection.
EARTH VS THE SPIDER ne détrône donc pas SHE CREATURE pour ce qui constitue jusqu'à présent le meilleur des Creature Features. Avec son maigre budget et ses nombreuses contraintes, Scott Ziehl tente de nous livrer une version de SPIDERMAN arrosée au Cronenberg. Malheureusement, Ziehl se surestime un peu et la mayonnaise ne prend pas bien longtemps ! Cela n'empêche pas EARTH VS THE SPIDER d'être un divertissement honnête, parfait pour passer un bout de soirée sans se prendre la tête. En attendant un nouvel opus de la série