ALL NIGHT LONG traîne une réputation sulfureuse à linstar des
Guinea
Pigs et autre NAKED
BLOOD. Flanqué dun "STRONG UNCUT VERSION"
sur la jaquette et dun avertissement de Thomas Weisser (auteur de «The
Japanese Cinema Encyclopedia») dans le livret, nous aurions pu nous
attendre à un déferlement dimages à la limite du soutenable. Ami lecteur
ne te laisse pas bluffer par ces accroches.
La première partie de la trilogie de Katsuya Matsumura (scénariste et réalisateur des trois films) met en scène trois adolescents réunis suite à lagression dune jeune fille. Leur amitié (?!) naissante se manifestera par lorganisation dune petite sauterie avec leurs petites amies. Il vous reviendra alors sans doute de mémorables souvenirs de week-end foireux entre potes : pizza, Playstation et film de cul sur Canal Plus.
En effet nos trois héros sont de parfaits losers (cest ainsi quils nous sont présentés dès le début du film) : échecs sociaux et sentimentaux ils en connaissent un rayon. Pendant une bonne partie de lhistoire on nous décrit leur quête du Saint-Graal : une copine. A cette périlleuse aventure, cest Shiniji Saito qui sen sort le mieux. Il force un petit peu le destin certes, mais à une heure du rendez-vous il est sur un petit nuage avec sa toute nouvelle fiancée. Cette romance nous vaut un accompagnement musical sirupeux (je cite : «I love you, I love you») qui énervera la majorité dentre vous.
Kensuke Suzuki et Tetsuya Tanaka rament comme à lancien temps. Prostituée de luxe ou entremetteur expérimenté, leurs bons plans tombent inévitablement à leau. Cerise sur le gâteau ils se font humilier et glissent lentement vers le point de non retour.
Pendant ce temps on trouve le temps long et on repense à la théorie de la relativité (50 minutes ? Jaurais bien parié sur deux heures !). La faute à une interprétation souvent limite qui sombre parfois dans des grimaces dignes du COLLEGE FOU FOU FOU. Mention spéciale à la call-girl de Kensuke qui narrête pas de rire comme une gourde ; on dirait quelle sort tout droit dune cabane perdue au fin fond des U.S.A, possédée par un démon. Exaspérant au plus haut point.
Linnommable arrive finalement à la dulcinée de Shiniji. Et la soirée
des trois amis se transforme en excursion vengeresse. Matsumura
amène alors plutôt bien ce retour à linstinct animal des protagonistes.
Humiliés et sans avenir, ils nont plus rien à perdre. On arrive au
cur du problème dALL NIGHT LONG: jamais le spectateur ne se
sent réellement impliqué alors que lon pouvait sattendre à un phénomène
didentification facile avec trois personnalités bien différenciées.
On reste passif, spectateur mais pas voyeur car il faut bien reconnaître
que le film ne mérite pas sa réputation de film extrême. Bref on sennuie
du début à la fin.
Nallez pas croire que je suis un blasé de scènes gores et de situations immondes ! Mais les visions senchaînent et le film reste plombé de tous les côtés. Il peut nous venir à lesprit un «et si cétait moi ?», classique, mais insuffisant car cest bien la seule réflexion que lon peut avoir en 90 minutes. Où est le nihilisme dans tout ça ? Il ne suffit pas de proposer un vague scepticisme sur la société pour utiliser aussitôt un concept aussi fort. Je minterroge aussi sur la relative impunité dont jouit Tetsuya (même sil faut bien reconnaître que son cerveau est flingué à vie).
Je pense alors à IRREVERSIBLE de Gaspar Noé qui traite aussi du thème de la vengeance. Ici jamais l'acte ultime n'est justifié et nous sommes amenés à réfléchir en permanence sur nous-mêmes. Aurais-je réagi ainsi ? Mon instinct animal le plus primitif l'aurait-il emporté sur ma raison ? Alors que Monica Bellucci entre dans le tunnel rouge, nous sentons tous que notre vie peut basculer à tout moment. Rien de tout cela dans ALL NIGHT LONG, pourtant on sent une réelle intention chez le réalisateur/scénariste. Malheureusement, il y a un manque évident de talent chez lui (ce qui explique peut-être qu'il en soit resté aux trois parties des ALL NIGHT LONG).
Dun point de vue purement technique cette édition nous propose une piste sonore Dolby Digital 2.0 bien plate et des sous-titres anglais et hollandais (attention il arrive quils passent trop rapidement). Et limage dans tout cela ? Tel le docteur Frankenstein vous vous écrierez en observant les arrière-plans : «its alive !». La compression est au bas de sa forme et dun plan à un autre la qualité passe dhonorable à immonde. Finissons sur les bonus : une galerie de photos en slideshow. Merci mais non merci.
Pas assez gore pour combler les fans de sensations fortes ; beaucoup trop long pour un propos relativement simple, ALL NIGHT LONG sadresse uniquement aux plus passionnés dentre vous. Annoncé comme un classique, la déception fut à la hauteur de mon ennui profond ce qui fait dALL NIGHT LONG une uvre largement surestimée à la lecture des quelques critiques anglaises glanées sur la toile.