Le futur se résume en gros à un gigantesque désert.
D'un côté, il y a Kesslee et son armée qui contrôlent
l'eau. De l'autre, les Rippers, de dangereuses et effroyables créatures,
que personne n'a jamais vues. Au milieu, il y a le petit peuple essayant
de vivre tant bien que mal en récupérant les détritus
de ce que l'on imagine être les restes d'un conflit qui s'est
mal terminé pour tout le monde...
TANK GIRL est l'adaptation de la bande dessinée éponyme créée par Jamie Hewlett et Alan Martin. Enorme succès en Angleterre, le personnage principal de la BD devient rapidement une icône, plus particulièrement pour la communauté homosexuelle. Pensez donc, l'héroïne de TANK GIRL a tout de la nana dominatrice mais aussi castratrice ! Dans le genre, dès les premières minutes du film, elle prend un accent germanique pour obliger son petit ami à se désaper sous la menace d'une arme. Après l'Angleterre, la BD est exportée dans de nombreux pays dont les Etats-Unis. C'est ainsi que Rachel Talalay fait la connaissance de TANK GIRL. La réalisatrice du sixième opus de Freddy (LA FIN DE FREDDY) voit dans cette bande dessinée un sujet qu'elle aimerait pouvoir porter sur grand écran.
Reste à trouver la bonne actrice. Au bout d'un grand nombre d'auditions, la production fait chou blanc ! Lorsqu'elle trouve enfin une actrice, celle-ci finit par se désister au dernier moment en réalisant qu'il lui faudrait se tondre les cheveux pour arborer la coupe très particulière nécessaire pour le rôle ! C'est finalement Lori Petty qui se trouve propulsée sur le film sans qu'elle n'ait fait jusque là beaucoup d'étincelles (la surfeuse de POINT BREAK, c'est elle !). L'actrice est pour le moins convaincante en interprétant ce rôle, n'hésitant pas à en faire des tonnes dans le registre gamine horripilante ! Niveau casting, deux musiciens célèbres viennent interpréter un rôle. Iggy Pop en sous-fifre limite travelo d'une maison de passe du futur et, surtout, Ice T méconnaissable jouant le rôle de l'un des hommes kangourous... le plus agressif bien sûr !
Autant l'univers de la bande
dessinée permet des débordements incontrôlés,
donnant ainsi une liberté totale aux créateurs, autant
le cinéma ne se le permettra jamais, tout du moins pour des productions
à gros budgets. Avec un devis de 15 millions de dollars, la note
finale de TANK GIRL s'élève à 25 millions,
expliquant sûrement pourquoi les producteurs nerveux ont fini
par mettre leur grain de sel lors du montage final. Un peu plus de vingt
minutes disparaissent purement et simplement. Une fois de plus, me direz-vous
! Bien sûr, dans la version finale, vous ne verrez pas Lori
Petty complètement "stone", après utilisation
de substances illicites, s'amuser avec des godemichés. Cela n'avait
rien de pornographique ni même érotique mais ce sont exactement
ces genres de passages qui ont été sucrés dans
le film. De même, les relations entre la jeune femme et l'homme
kangourou ont été réduites à leur plus simple
expression. Cela reste subversif dans le montage final mais perd pas
mal de la liberté de la bande dessinée.
Beaucoup de bonnes intentions au crédit de TANK GIRL qui se transforment bien vite en défaut. En insistant trop sur la personnalité "destroy" du personnage principal, le film se lance dans des scènes donnant l'impression d'un remplissage parfois gratuit, le plus souvent clipesque et énervant ! La plupart de ces passages proviennent de la bande dessinée qui en quelques vignettes délirantes donne forme à l'univers déjanté. Une fois animée par des acteurs cela donne souvent un aspect gênant dans la narration allant même jusqu'au ridicule. Un aspect qui est heureusement souvent contourné en utilisant justement des dessins de la bande dessinée. Par moment, on se croirait presque dans l'adaptation télévisée de BATMAN avec Adam West en intégrant des onomatopées dessinées au film.
En voulant trop coller à l'esprit de la bande dessinée d'origine, TANK GIRL se brûle les ailes, coincé par le conformisme des grosses productions américaines. Forcément, le film laisse transparaître ça et là ce qu'il aurait dû être laissant ensuite la place à des séquences bien plus policées. Ajoutez à cela des défauts techniques, comme les cables permettant aux Rippers de faire des bonds bien trop visibles, et vous obtenez un film pour le moins bancal !
Si l'image ne prête pas à la dissertation, le son est assez étonnant. En effet, même s'il s'agit de bande sonores 5.1, le résultat semble limité. En effet, les graves devraient être beaucoup plus développés alors qu'ils donnent l'impression d'être retenus par rapport à nos souvenirs ! En dehors de cette étrange impression, le rendu sonore reste des plus convaincant avec de jolis effets avant/arrière.
Les adaptations de bande
dessinée réussies au cinéma ne sont pas légion.
On peut considérer que TANK GIRL fait partie de cette
catégorie malgré ses nombreux défauts. Pourtant,
il aura du mal à convaincre un large public. On peut même
facilement imaginer que les personnes qui adhéreront à
TANK GIRL seront aussi peu nombreuses que les adaptations de
bande dessinées réussies au cinéma. Un peu paradoxal,
tout ça !