Le Diable se rend à New York pour prendre possession du corps de la jeune Christine York, le 31 décembre 1999. Leur accouplement devrait entraîner la Fin du Monde. Jericho Cane, ancien policier alcoolique, est embarqué dans cette histoire...
À force de jouer avec son image, l'acteur Arnold Schwarzenegger a fini par lasser ses fans. Au sommet de sa notoriété avec TERMINATOR 2 en 1991, il se compromet ensuite dans des comédies et des œuvres familiales aux qualités discutables : par exemple, JUNIOR d'Ivan Reitman, LA COURSE AU JOUET ou l'accident industriel BATMAN ET ROBIN. Après ce dernier en 1997, il disparaît des écrans pendant plus d'un an. Sa carrière prend une mauvaise pente.
L'acteur se relance alors avec un film d'action de grande envergure, en phase avec son image classique. Il s'agit de LA FIN DES TEMPS, gros blockbuster notamment porté par Universal. Pour la mise en scène, le réalisateur de Clips Marcus Nispel est choisi dans un premier temps, avec l'idée de proposer une ambiance sombre et suintante dans la veine de SEVEN. Mais il est écarté au dernier moment et il ne fera son entrée au cinéma que quelques années plus tard, avec son remake réussi de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE.
James Cameron conseille alors à la production le nom de Peter Hyams. Vieux routier du cinéma d'action et de science-fiction américain (OUTLAND, PRESIDIO : BASE MILITAIRE SAN FRANCISCO), il vient de tourner le petit film d'horreur RELIC. Cela tombe bien puisque Arnold Schwarzenegger veut mélanger action et horreur pour son come-back.
Dans le rôle du Diable, nous trouvons l'acteur irlandais Gabriel Byrne, bien connu dans le cinéma britannique (avec des titres fantastiques tels que EXCALIBUR, l'insolite GOTHIC ou le beau CHEVAL VENU DE LA MER). Dans les années quatre-vingt-dix, il perce outre-Atlantique grâce au Film Noir MILLER'S CROSSING des frères Coen et surtout grâce au thriller machiavélique USUAL SUSPECTS de Bryan Singer.
À ses côtés, nous reconnaissons des vedettes ayant déjà trempé dans le cinéma d'épouvante, comme le vétéran Rod Steiger (AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE) ou Udo Kier (CHAIR POUR FRANKENSTEIN, SUSPIRIA).
LA FIN DES TEMPS reçoit à sa sortie, peu après Halloween 1999, un accueil particulièrement dur. Il cherche à exploiter une certaine mode millénariste, avec fins du monde et apocalypses à gogo. Malheureusement, le grand public est déjà lassé de ce sujet, alors lourdement exploité dans les médias avec l'arrivée de l'an 2000. En 1999, il préfère une vision de l'horreur moins tapageuse en faisant triompher SIXIÈME SENS avec Bruce Willis.
D'autres films d'horreur vont exploiter la peur du Diable à cette même époque, mais sans grand succès. Avec le passable L'ÉLUE de Chuck Russell ou le ratage LES ÂMES PERDUES de Janusz Kaminski. Dans la foulée, Warner ressort en salles L'EXORCISTE en 2000, dans une version légèrement retouchée par William Friedkin, («la version que vous n'avez jamais vue»). Et le métrage connaît – à nouveau - un très grand succès.
Par ailleurs, en terme de cinéma d'action, LA FIN DES TEMPS reste sur le créneau des grosses pétoires et des explosions superlatives, créneau qui a fait la gloire d'Arnold Schwarzenegger dans des titres comme PREDATOR, TERMINATOR 2 et autres TRUE LIES. Mais en 1999, année de l'arrivée du premier MATRIX, LA FIN DES TEMPS apparaît daté.
Le point le plus faible reste la présence d'un Diable ridicule. Par exemple, l'incarnation du mal absolu se livre à des calembours de collégiens, en aspergeant une rue d'urine inflammable. Dans ce rôle, Gabriel Byrne cabotine plus que de raison. Il manque un "méchant" convaincant.
Les explications de l'imminence de la fin du monde en 1999 par Rod Steiger valent leur pesant de n'importe quoi : la signature de la Bête est 999 et non 666, car Saint-Jean a lu ce nombre à l'envers dans son rêve ! Nous regrettons l'interprétation médiocre de certains comédiens (Robin Tunney est inconsistante) et la médiocrité bruyante de certaines scènes d'action (la poursuite en métro).
Autre problème : le manque d'originalité flagrant de LA FIN DES TEMPS. Il recycle de nombreux clichés du cinéma sataniste. La série des Damien (LA MALÉDICTION) est la plus spoliée, particulièrement pour tout ce qui entoure le personnage de Christine York (marque mystérieuse, mort des parents). Même la musique décalque la partition de LA MALÉDICTION avec ses chœurs latins. Et puis LA FIN DES TEMPS n'échappe pas au piège de la représentation naïve et grand-guignolesque de l'église catholique qui alourdit souvent ce style d'épouvante depuis le succès de L'EXORCISTE.
Pourtant, l'ensemble a un certain rythme. Quelques scènes d'action sont tout à fait consommables (l'hélicoptère). Le film bénéficie encore d'une belle photographie et d'une ambiance de série B à gros budget sympathique. Enfin, Arnold Schwarzenegger est attachant dans le rôle de ce flic loser et déboussolé.
Somme toute, s'il est sûr que LA FIN DES TEMPS n'est pas le chef d'œuvre du millénaire, il n'est pas non plus aussi nul qu'on l'a dit à sa sortie. Il peut agrémenter une soirée cinéma pour un public amateur d'action musclée et d'horreur sulfureuse.
S'il est très mal reçu par la critique, LA FIN DES TEMPS rencontre quand même un succès commercial correct et Arnold Schwarzenegger va persévérer encore quelques années dans le cinéma d'action. Avec le soporifique thriller de science-fiction A L'AUBE DU SIXIÈME JOUR, puis avec l'explosif et médiocre DOMMAGE COLLATÉRAL, et enfin TERMINATOR 3 : LE SOULEVEMENT DES MACHINES. Il s'éloigne ensuite du cinéma pour se lancer dans la politique et devenir Gouverneur de l'État de Californie. Il reviendra plus tard sur les grands écrans, mais ne retrouvera jamais les cimes de sa popularité des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix.