Header Critique : LE VILLAGE DES DAMNÉS (VILLAGE OF THE DAMNED)

Critique du film
LE VILLAGE DES DAMNÉS 1995

VILLAGE OF THE DAMNED 

A Midwich, tous les habitants plongent mystérieusement et simultanément dans une profonde inconscience. Il se réveillent ensemble quelques heures plus tard. Neuf mois après, toutes les femmes du village accouchent d'enfants étranges, doués de pouvoirs surnaturels...

Le début des années quatre-vingt-dix est difficile pour John Carpenter. Il s'agrège au projet de commande LES AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE, comédie fantastique au budget confortable. Mais elle s'avère un échec commercial. Puis, il se prête à une aventure télévisuelle sans lendemain avec BODY BAGS.

Il travaille ensuite sur deux films avec des budgets modestes et tournés rapidement. Ils sortent à quelques semaines d'écart aux USA : L'ANTRE DE LA FOLIE pour le studio New Line et LE VILLAGE DES DAMNÉS pour la Major Universal.

Ce second titre est le remake d'un classique de la science-fiction paranoïaque : LE VILLAGE DES DAMNÉS de 1960, du britannique Wolf Rilla, adaptation du roman «Les coucous de Midwich» de John Wyndham. Ce métrage s'inscrivait dans la mouvance hollywoodienne décrivant l'invasion de notre monde par des extraterrestres sournois. Il prolongeait plus particulièrement des métrages comme L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES et LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE. Dans ces deux titres, les extraterrestres prenaient le contrôle ou l'apparence d'Américains moyens, diffusant de pernicieux complots au sein des familles les plus ordinaires.

Le remake du VILLAGE DES DAMNÉS est un projet amorcé dès la fin des années soixante-dix et ayant fini par atterrir chez le studio Universal. Celui-là même qui a ouvert les portes des Majors à John Carpenter en produisant THE THING de 1982, lui aussi un remake d'un classique de la science-fiction des années cinquante, à savoir LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE.

Universal propose donc LE VILLAGE DES DAMNÉS à John Carpenter, qui bénéficie ici de la  modeste présence de deux comédiens, alors un peu "Has Been" : Christopher Reeve (SUPERMAN) et Mark Hamill (LA GUERRE DES ÉTOILES).

LE VILLAGE DES DAMNÉS est réalisé sobrement par John Carpenter. Nous retrouvons certaines qualités de ses mises en scène, notamment la simplicité et l'efficacité. L'histoire commence sans perdre de temps, dès le générique. Bien que les effets gore soient rares, toutes les morts sont impressionnantes, grâce à un sens du montage et du suspense très sûr. Nous ne sommes pas près d'oublier la mort ignoble du Docteur Verner sur sa table d'autopsie !

Des séquences retrouvent le tempo implacable de LA NUIT DES MASQUES ou ASSAUT : le black-out qui s'abat sur la ville, ou la fusillade, digne de Peckinpah, lorsque les policiers arrivent au hangar des enfants.

Les apparitions des enfants maléfiques, clou du film, sont très réussies. John Carpenter leur laisse leurs coiffures et vêtements des années soixante, ce qui les rend encore plus inquiétants dans le nouveau contexte. L'interprétation est dans l'ensemble correcte. Mark Hamill est particulièrement bon en pasteur révolté par la barbarie des petits envahisseurs. Nous regrettons qu'il apparaisse en fait assez peu.

Avec un sujet semblable, la parabole politique pointe son nez chez le réalisateur d'INVASION LOS ANGELES. A travers la communauté des enfants, il s'attaque à ceux qui pensent l'humanité en terme d'efficacité, de hiérarchie et de domination des faibles par les forts. La solidarité très forte de ce groupe est la conséquence d'une organisation militaire et d'une volonté de détruire les Terriens.

Contre cette vision inhumaine, Carpenter prêche une entraide basée sur la compassion, la tolérance et le partage. LE VILLAGE DES DAMNÉS s'en prend aussi au conformisme et à la discipline bête et bornée qui, s'ils assurent un travail de groupe efficace, empêchent tout épanouissement individuel.

Malheureusement, le film est parfois impersonnel et le récit manque d'entrain. Par moment, le ton n'est pas loin de celui d'un téléfilm. L'interprétation livrée par certains comédiens est discutable (le Docteur Verner, le petit David). John Carpenter conçoit son film comme un hommage sincère à sa chère science-fiction des années cinquante.

Mais nous n'avons pas l'impression qu'il s'implique suffisamment. LE VILLAGE DES DAMNÉS paraît par moment trop plat et vain. Il reste un film agréable à suivre, notamment dans sa première partie, lorsque toutes les femmes du village découvrent qu'elles sont enceintes. Mais nous attendions mieux de John Carpenter.

LE VILLAGE DES DAMNÉS sort en salles dans une certaine indifférence. Cela fait le troisième film à la suite de John Carpenter dont la sortie en salles déçoit commercialement. Pour rebondir, il sort alors son joker en proposant une suite à un des ses plus gros succès, avec LOS ANGELES 2013, nouvelle aventure de Snake Plisken après NEW YORK 1997 de 1981.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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