Header Critique : VEILLEUR DE NUIT, LE (NATTEVAGTEN)

Critique du film
LE VEILLEUR DE NUIT 1994

NATTEVAGTEN 

Martin, un jeune Danois, accepte un job de gardien de nuit dans une morgue pour financer ses études. Pendant ce temps, un Serial Killer sévit en ville.

NIGHTWATCH est un petit thriller danois sorti dans son pays en 1994. Il s'agit de la première réalisation pour le cinéma d'Ole Bornedal, qui est aussi l'auteur de son scénario. Dans le rôle de Martin, nous trouvons Nikolaj Coster-Waldau dont c'est le premier rôle au cinéma. Il fera ensuite carrière en particulier en interprétant des seconds rôles dans le cinéma européen, avant de percer en incarnant l'incestueux Jaime Lannister dans la série «GAME OF THRONES».

NIGHTWATCH s'inscrit dans un courant de cinéma fantastique danois amorcé par les premières œuvres de Lars Von Trier. Et en particulier par son thriller cauchemardesque ELEMENT OF CRIME dont le retentissement critique a dépassé largement les frontières scandinaves. Le cinéma nordique était alors surtout perçu comme vecteur d’œuvres intimistes. Les premiers films de Lars Von Trier, tournés vers l'étrange et l'effrayant, vont casser cette image.

En 1994, la même année que NIGHTWATCH, ce réalisateur sort d'ailleurs la première saison de son excellente série TV «L'HÔPITAL ET SES FANTÔMES», qui entretient des points communs avec NIGHTWATCH. D'autres thrillers fantastiques danois vont sortir durant la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, comme SECTEN de Susanne Bier ou POSSESSED de Anders Rønnow-Klarlund.

NIGHTWATCH est centré sur les méfaits d'un terrible Serial Killer scalpeur et nécrophile, ce qui le situe dans la lignée du SILENCE DES AGNEAUX de Jonathan Demme, gros succès international sorti peu avant.

Dans l'histoire astucieuse de NIGHTWATCH, le tueur sème des indices pour faire arrêter Martin à sa place. Celui-ci, étudiant ordinaire, se retrouve donc, malgré lui, de plus en plus impliqué dans cette affaire.

Nous apprécions les bonnes descriptions des personnages, crédibles et attachants, notamment Martin et son ami qui ont bien du mal à accepter les contraintes de la vie adulte. Le récit policier est aussi de très bonne facture. De nombreux indices intelligemment disséminés à travers le film permettent au spectateur de s'intéresser à l'évolution de l'enquête.

Les premières scènes de NIGHTWATCH sont très réussies. Martin y découvre peu à peu l'ambiance inquiétante d'une morgue silencieuse et déserte au cœur de la nuit. On s'attend alors à ce que le film conserve un rythme alerte et une atmosphère angoissante.

Malheureusement, cette histoire a un gros problème d'équilibre : la mise en place des personnages (par exemple les défis que se lancent Martin et son ami) et des éléments de l'intrigue occupent trop de temps de métrage, et l'histoire ne démarre vraiment qu'au milieu du film. De même, la réalisation très classique est parfois efficace (là aussi, les premières nuits de garde de Martin sont marquantes), mais aussi parfois trop molle (le dénouement).

NIGHTWATCH est dans l'ensemble distrayant, mais souffre d'une narration trop inégale pour captiver sur toute sa durée. Il reste un petit thriller sympathique qui pourra plaire aux amateurs du genre.

En France, ce métrage ne sort qu'en vidéo. Mais il gagnera rapidement une excellente réputation critique internationale et séduira les producteurs américains qui inviteront Ole Bornedal à réaliser un remake en anglais, avec Ewan McGregor et Patricia Arquette. Ce remake sortira en France sous le titre LE VEILLEUR DE NUIT en 1998.

Ole Bornedal retournera travailler pour la télévision danoise. Il fera néanmoins quelques retours de l'autre côté de l'Atlantique, notamment avec le réussi POSSÉDÉE de 2012, film d'horreur produit par Sam Raimi et s'inspirant de la figure du Dibbouk.

L'histoire de NIGHTWATCH ne s'arrête pas là puisqu'en 2023 sortira une suite tardive, de nouveau écrite et réalisée par Ole Bornedal, sous le titre NATTEVAGTEN - DÆMONER GÅR I ARV (titre anglophone : NATTEVAGTEN - DEMONS ARE FOREVER), avec de nouveau Nikolaj Coster-Waldau.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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