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Critique du film
ALIEN 3 1992

 

ALIENS de James Cameron connaît un gros succès. La mode étant aux suites, la 20th Century Fox décide rapidement de produire un troisième ALIEN. Mais ALIEN 3 va mettre six ans à aboutir. James Cameron s'oriente vers de nouveaux projets et ne compte pas revenir à cette saga. Ridley Scott est aussi approché, sans que cela aboutisse.

De multiples projets et scénarios se bousculent alors au cours des années qui suivent. William Gibson, pionnier de la littérature Cyberpunk ayant triomphé avec le roman «Neuromancien» de 1984, est sollicité. Tout comme le réalisateur d'origine finlandaise Renny Harlin, supposé mettre en scène ALIEN 3 après LE CAUCHEMAR DE FREDDY. Ou encore les scénaristes Eric Red (HITCHER) et David Twohy (PITCH BLACK) qui font chacun des propositions.

Il est envisagé que les Aliens envahissent la Terre. On pense mettre en scène des éléments inspirés de la Guerre Froide. Mais le changement de la situation géopolitique avec la Perestroïka et la chute du mur de Berlin forcent à changer de braquet.

ALIEN 3 est initialement orienté vers le cinéma d'action et préparé comme une continuité d'ALIENS. Mais si ce dernier est bien reçu à sa sortie, il est aussi critiqué comme une trahison de l'esprit de l'ALIEN original et comme une émanation du cinéma va-t-en-guerre Reaganien du milieu des années quatre-vingts - un cinéma qui est rapidement passé de mode.

Le réalisateur néo-zélandais Vincent Ward, repéré avec son film de voyage dans le temps NAVIGATOR, travaille sur de nouvelles idées. Il pense à l'arrivée de Ripley au sein d'un monastère peuplé uniquement d'hommes. Les souvenirs du NOM DE LA ROSE sont évoqués. La veine gothique d'ALIEN, dont s'était éloigné ALIENS, redevient l'inspiration majeure. Si le projet d'ALIEN 3 n'est pas encore abouti, il trouve sa vraie orientation à ce moment.

Vincent Ward est à son tour écarté tandis que divers scénaristes retravaillent son idée. Notamment Walter Hill et David Giler (qui ont travaillé sur ALIEN) ou Larry Ferguson (HIGHLANDER). La pré-production du métrage, dont la construction des décors et l'élaboration des effets spéciaux, est déjà bien avancée. Mais le scénario reste à l'état d'ébauche et il n'y a toujours pas de réalisateur déterminé !

Arrivé à ce point, parmi la multitude d'orientations proposées, aucune n'a vraiment satisfait les multiples décisionnaires intervenant sur ALIEN 3. Qu'il s'agisse de ses producteurs, des dirigeants du studio 20th Century Fox ou de l'actrice Sigourney Weaver.

Pour mettre en scène ALIEN 3, 20th Century Fox choisit en urgence David Fincher, jeune réalisateur de vidéos ayant travaillé avec Madonna ou George Michael. Il saute sur l'opportunité de filmer son premier long-métrage de cinéma. ALIEN 3 se tourne alors à Londres, à nouveau avec Sigourney Weaver dans le rôle principal. Lance Henriksen fait un court retour, tandis que le reste de la distribution est composée de seconds rôles anglais, certains d'entre eux étant appelés à devenir des visages familiers dans les années à venir, comme Charles DanceGAME OF THRONES ») ou Pete Postlethwaite (SOLOMON KANE).

Le vaisseau dans lequel Ripley et ses amis se sont échappés s'écrase sur une planète pénitentiaire. Seule Ripley survit et elle doit attendre qu'une navette de secours la récupère. Elle craint qu'un Alien l'ait accompagnée, mais personne ne croit son histoire...

Ce troisième film de la saga retourne donc à l'esprit du premier ALIEN. Comme dans celui-ci, il n'y a qu'un seul monstre, mais il est indestructible et ne rate jamais ses coups. Quant aux personnages accompagnant Ripley dans sa fuite à la fin d'ALIENS, ils sont rapidement écartés du récit.

ALIEN 3 renoue avec un esprit très sombre. Nous assistons à une autopsie de fillette particulièrement dure. La colonie pénitentiaire ressemble à une vaste décharge publique, évoquant un univers mi-industriel, mi-médiéval, qui n'est pas sans rappeler le cinéma de David Lynch, en particulier son DUNE.

ALIEN 3 se permet des débordements Gore assez francs, quand bien même la Fox adoucit au montage certains de ces moments. Le métrage décrit minutieusement un univers carcéral de cauchemar. Mais les nombreux détails fournis sur cette communauté restent peu convaincants et ralentissent l'intrigue.  

L'évolution de Ripley est réussie, notamment grâce à l'excellente interprétation de Sigourney Weaver. Sa relation avec le médecin de la prison est bien rendue, même si elle n'aboutit pas à grand chose dans l'histoire.

Le problème majeur d'ALIEN 3 est que l'Alien n'est pas assez présent. Il ne se montre menaçant qu'à partir du milieu du métrage, la première partie du récit consistant en la mise en place du décor. Quand l'Alien se réveille, il n'est pas très énergique. Les trois premiers quarts du film sont des bavardages dans des décors ingrats, pas toujours bien filmés ni joués. Les prisonniers surenchérissent sur le thème des psychopathes grimaçants. Certains effets spéciaux posent problème. L'Alien change de taille et d'aspect inexplicablement selon les scènes.

ALIEN 3 se réveille quand les prisonniers entraînent l'Alien dans un piège, au gré de scènes reposant sur la vision subjective de la créature galopant sur les murs. Le final est peu convaincant, les envoyés de la Compagnie arrivent comme un cheveu dans la soupe.

ALIEN 3 est créé dans une atmosphère conflictuelle. Non seulement sa gestation et son écriture ont vu passer des orientations et des artistes de toutes sortes, mais le tournage par David Fincher se déroule encore dans l'hostilité. Le studio se montre impatient face à un filmage qui s'allonge et un budget qui augmente. Le premier chef-opérateur d'ALIEN 3, choisi par David Fincher, est congédié. Puis David Fincher lui-même est écarté à la fin du tournage et ne finalise pas le montage.

Tourné sans scénario terminé, ALIEN 3 souffre d'un script mal conçu et mal équilibré, d'une mise en scène parfois laide et d'une distribution d'acteurs aux performances inégales. Surtout, l'Alien ne fait pas vraiment peur...

Restent quelques scènes de poursuite intéressantes et l'interprétation touchante de Sigourney Weaver, qui sauvent en partie ALIEN 3. Ainsi que des choix visuels annonçant le retour du Gothique dans le cinéma américain des années quatre-vingts-dix, avec des films comme le BRAM STOKER'S DRACULA de Coppola ou THE CROW d'Alex Proyas.

ALIEN 3 connaît un bon succès en salles, mais il ne renouvelle pas les triomphes publics de ses deux prédécesseurs. L'accueil critique est très tiède, le métrage étant considéré comme une resucée mineure d'ALIEN.

20th Century Fox va pourtant persévérer en proposant dès 1997 un quatrième film avec ALIEN LA RESURRECTION. David Fincher rencontrera quant à lui un gros succès avec son deuxième long-métrage : SEVEN, surfant sur la mode du film de Serial Killer.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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