Header Critique : CARRIE AU BAL DU DIABLE (CARRIE)

Critique du film
CARRIE AU BAL DU DIABLE 1976

CARRIE 

Carrie White est une jeune fille vivant seule avec sa mère Margaret, une bigote fanatique. Au lycée, Carrie est la risée de ses camarades. A l'arrivée de la puberté, elle se découvre douée du pouvoir de déplacer les objets à distance, par la seule force de sa volonté...

Avec le succès de SOEURS DE SANG en 1972, Brian De Palma devient un réalisateur en vue du cinéma fantastique. Il met ensuite en scène PHANTOM OF THE PARADISE, qui reçoit un bon accueil critique. Puis il change de braquet avec OBSESSION, sorti en 1976. Cette réinterprétation de SUEURS FROIDES sur fond de Toscane réunit une impressionnante galerie de talents, notamment Bernard Herrmann à la musique, Paul Schrader au scénario et Vilmos Zsigmond à la photographie. Ce bon drame à suspense est interprété notamment par John Lithgow, appelé à revenir de façon marquante dans le cinéma de De Palma.

En 1974, Stephen King sort «Carrie», son premier roman, qui connaît un énorme succès. Mêlant harcèlement scolaire et télékinésie, il intéresse vivement Brian De Palma qui obtient l'opportunité de le mettre en scène pour le studio United Artists. Il est ainsi le premier réalisateur à adapter un texte de ce fameux écrivain américain.

Pour cette histoire de lycéens, Brian De Palma réunit une troupe de jeunes acteurs, avec en particulier Sissy Spacek dans le rôle-titre de Carrie White. Révélée par CARNAGE de Michael Ritchie, elle est aussi remarquée dans LA BALADE SAUVAGE de Terrence Malick où elle forme un dangereux couple en cavale avec Martin Sheen. Pour le beau gosse du lycée, William Katt tient son premier rôle important au cinéma, lui que nous retrouverons plus tard dans des petits classiques de l'insolite comme HOUSE de Steve Miner.

Chris, l'ennemie attitrée de Carrie, est interprétée par la pulpeuse Nancy Allen, dont c'est le premier rôle important. Elle reviendra dans le cinéma de De Palma (notamment dans PULSIONS et BLOW OUT) et figurera en bonne place dans des classiques fantastiques des années quatre-vingts comme PHILADELPHIA EXPERIMENT et surtout ROBOCOP.

A leurs côtés, relevons la présence de la quasi-débutante P.J. Soles. Elle se spécialise dans les rôles d'adolescentes écervelées, telles que nous la retrouverons dans LA NUIT DES MASQUES de John Carpenter et LE LYCÉE DES CANCRES, alias ROCK'N ROLL HIGHSCHOOL, ce dernier film étant centré sur le groupe des Ramones. Et, last but not least, John Travolta tient aussi son premier rôle d'importance, un an avant le triomphe de LA FIÈVRE DU SAMEDI SOIR et juste après une apparition mineure dans LA PLUIE DU DIABLE de Robert Fuest.

Au milieu de ces jeunes visages, nous trouvons l'actrice Piper Laurie, comédienne notamment célèbre pour son rôle dans L'ARNAQUEUR aux côtés de Paul Newman en 1961. Sa carrière au cinéma avait ensuite périclité et après quinze ans loin des grands écrans, elle fait donc son retour remarquable avec CARRIE AU BAL DU DIABLE dans le rôle de Margaret White, la mère détraquée de Carrie. Elle commence ainsi une seconde carrière qui sera marquée du sceau de l'étrange avec des titres comme RUBY de Curtis Harrington ou TRAUMA de Dario Argento.

Le grand Bernard Herrmann étant décédé fin 1975, De Palma se tourne vers Pino Donaggio pour la musique de CARRIE. Initialement chanteur-compositeur italien, il s'oriente vers l'accompagnement de film avec NE VOUS RETOURNEZ PAS de Nicolas Roeg en 1973. Il commence à travailler peu à peu pour des métrages américains et CARRIE lui apporte une consécration bienvenue. Ce succès lui ouvre une carrière dans le cinéma fantastique, ponctuée de collaboration avec une pléiade de réalisateurs spécialisés dont Joe Dante, David Schmoeller, Dario Argento, Lucio Fulci, Ruggero Deodato ou Luigi Cozzi. Il restera un partenaire fréquent de Brian De Palma, et ce jusqu'à DOMINO, son tout dernier film en date à ce jour !

Dans CARRIE AU BAL DU DIABLE, De Palma reste très fidèle à l'esprit du roman de Stephen King. Ne cherchant pas l'accumulation des scènes chocs, il se concentre sur la description d'un lycée américain banal dans lequel l'introvertie Carrie est persécutée par les autres élèves. Encouragée par sa professeur de gymnastique, elle décide de faire des efforts pour mieux s'intégrer à la vie de l'école. Mais elle affronte alors la bêtise, la méchanceté et le conformisme des adolescents.

Un autre personnage est décrit en profondeur : Margaret White, sa mère, fanatique religieuse dont se moque toute la ville. Obsédée par le péché, considérant le monde rempli de tentations démoniaques, elle inculque à Carrie la peur des autres, ainsi que le dégoût de son corps et de sa sexualité. Carrie et Margaret sont remarquablement interprétées par Sissy Spacek et Piper Laurie.

Souvent comparé à Hitchcock ou à Argento, Brian De Palma se distingue de ces deux réalisateurs par le regard humain, intelligent et sensible qu'il porte sur ses personnages. Chez lui, la cruauté n'est jamais gratuite ou complaisante. Ses films comportent de nombreux portraits touchants : le fantôme amoureux de PHANTOM OF THE PARADISE, la femme mûre de PULSIONS, le veuf inconsolable d'OBSESSION... Carrie White appartient à cette galerie de figures émouvantes. Elle est dépeinte avec une empathie encore soulignée par la musique de Pino Donaggio.

Comme toujours avec ce réalisateur, l'histoire est filmée avec élégance et virtuosité. La narration, fluide et efficace, ménage des moments de suspense extrêmement forts, comme le bal, véritable tour de force. De Palma utilise avec talent des moyens techniques comme le split-screen ou le ralenti. La dernière demi-heure contient des moments de terreur paroxystique, dont un épilogue inoubliable.

CARRIE AU BAL DU DIABLE est un des meilleurs films de De Palma, traitant avec compassion d'un des thèmes les plus forts du cinéma fantastique : la solitude des monstres. Il rencontre un succès critique et commercial immédiat et rentre aussitôt parmi les classiques du cinéma d'épouvante. De Palma persévère dans le sujet des pouvoirs paranormaux dès son film suivant : FURIE, sorte de suite indirecte de CARRIE...

Longtemps après 1976, le succès de CARRIE AU BAL DU DIABLE ainsi que le nom de Stephen King continuent à faire saliver les diverses incarnations du studio United Artists. Ils produisent ainsi une suite tardive et inepte avec CARRIE 2 : LA HAINE en 1999, un téléfilm CARRIE en 2002 avec Angela Bettis, puis un remake sans relief avec le CARRIE, LA REVANCHE de 2012 interprété par Chloë Grace Moretz. Trois métrages aujourd'hui déjà pratiquement oubliés, qui n'ont jamais fait la moindre ombre au classique de De Palma...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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