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Critique du film
WATUSI 1959

 

L'aventurier Harry Quatermain, fils d'Allan Quatermain, part sur les traces de son père à la recherche des légendaires mines du roi Salomon...

Les années 1950 ont été fertiles en films d'aventures hollywoodiens. Pour lutter contre la concurrence de la télévision, les grandes compagnies cinématographiques proposent des divertissements spectaculaires. C'est le temps des grands péplums comme LES DIX COMMANDEMENTS de Cecil B. DeMille, des films de cape et d'épée comme SCARAMOUCHE de George Sidney, et des aventures médiévales comme IVANHOÉ de Richard Thorpe.

Nous assistons aussi à une renaissance du film d'aventures exotiques, après l'important âge d'or du début des années 1930 incarné par l'incontournable TARZAN, L'HOMME SINGE. En 1950, la grosse firme MGM produit donc à grands frais une nouvelle adaptation du célèbre roman de H. Rider Haggard, LES MINES DU ROI SALOMON, interprétée par Stewart Granger et Deborah Kerr, filmée dans d'impressionnants extérieurs d'Afrique et des parcs naturels américains.

Mais à la fin des années cinquante, MGM s'avère mal en point. En 1957, la Major perd de l'argent pour la première fois depuis sa fondation en 1924. A cause entre autres de l'échec de la méga-production en 70mm L'ARBRE DE VIE d'Edward Dmytryk, avec laquelle MGM comptait renouveler le succès faramineux de son AUTANT EN EMPORTE LE VENT. Dans les années qui suivent, le studio doit prendre des mesures, la moindre n'étant pas de jouer son va-tout en concentrant tous ses moyens sur une nouvelle version à très grand spectacle de BEN-HUR : le triomphe de cette fresque avec Charlton Heston va donner quelques années de répit à la firme au lion.

En 1959, MGM produit aussi des films à l'économie, avec par exemple WATUSI, suite tardive des MINES DU ROI SALOMON. Comme réalisateur, on choisit Kurt Neumann, plutôt associé au domaine de la série B. Ainsi, son titre le plus célèbre reste certainement LA MOUCHE NOIRE avec Vincent Price, sorti un an avant. Neumann n'a pas œuvré que dans le fantastique : nous lui devons aussi de nombreux films d'aventures exotiques parmi lesquels plusieurs Tarzan interprétés par Johnny Weissmuller, comme TARZAN ET LES AMAZONES.

Harry Quatermain est interprété ici par George Montgomery, un ancien boxeur devenu cascadeur puis vedette à la Fox, avant de s'orienter après la guerre vers des westerns et des films d'aventures de compagnies modestes.

WATUSI est conçu et promu comme une suite des MINES DU ROI SALOMON. Pourtant, nous avons plutôt l'impression d'avoir affaire à une sorte de remake. Harry refait le même trajet que son père et connaît des aventures semblables, avant d'arriver au village Watusi qui jouxte l'entrée des mines du roi Salomon.

De nombreuses scènes des MINES DU ROI SALOMON sont réutilisées, pour les moments les plus spectaculaires ou les passages présentant de vastes paysages africains. Le trio d'acteurs du film de 1950 (Stewart Granger-Deborah Kerr-Richard Carlson) se substitue alors à George Montgomery-Taina Elg-David Farrar dans certains plans (en général, des scènes où les personnages sont de dos ou filmés de loin). Ces bricolages ne passent pas inaperçus (avec notamment des différences de granulation, d'état de la pellicule, ou d'étalonnage).

Les Watusi, interprétés par d'authentiques membres de cette peuplade dans LES MINES DU ROI SALOMON, sont ici incarnés par des comédiens Noirs anglo-saxons (parmi lesquels Rex Ingram, le Génie vu dans LE VOLEUR DE BAGDAD avec Sabu). Bref, l'équipe de tournage de WATUSI n'a sans doute pas quitté la Californie.

WATUSI tente d'enrichir son intrigue, largement inspirée par son prédécesseur, en ajoutant un élément de drame humain. Harry Quatermain ne s'est jamais remis de la mort de sa mère, tuée par les Allemands au cours de la première guerre mondiale. Il en garde une haine farouche envers les représentants du peuple germanique. Lorsque son expédition recueille la jeune Erica, fille d'un missionnaire teuton, il se montre agressif envers elle. Son aventure, au-delà de la simple recherche d'un trésor, le mène à se découvrir lui-même, à renoncer à la violence et à la vengeance. Harry Quatermain paraît en premier lieu un personnage amer, violent, tourmenté et même antipathique, ce qui donne une substance à ses aventures.

Les péripéties de WATUSI s'enchaînent à un rythme élevé et l'ensemble, qui dure à peine 85 minutes, se suit sans ennui, à défaut d'être original ou passionnant. Nous assistons à des batailles, à une charge d'animaux sauvages (largement constituée de séquences des MINES DU ROI SALOMON), à l'exploration des mines... Néanmoins, l'impression d'ensemble est plus celle d'une agréable série B en couleurs que d'un classique de l'aventure.

La réalisation de cette suite tardive, tournée à peu de frais, ne s'imposait pas réellement. En tout cas, ce produit ne supporte guère la comparaison avec les grands classiques du film d'aventures qu'avait proposés la MGM au cours des années 1950 tels SCARAMOUCHE, IVANHOÉ ou LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET. Son réalisateur Kurt Neumann meurt peu avant la sortie de WATUSI, sa dernière réalisation.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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