Un couple et son garçon se promènent quand soudain, on leur enlève leur fils. Les parents affolés courent après les voleurs et réussissent à leur reprendre l'enfant. Malheureusement, ce n'est que partie remise, puisque les malfrats viennent l'enlever dans le domicile familial. Fou de rage, le père, Taniguchi Tomoo poursuit le kidnappeur. Ne pouvant plus contenir sa rage, Taniguchi Tomoo fait exploser l'enfant par accident, découvrant ainsi qu'il a un bien étrange pouvoir.
TETSUO II est considéré par certains comme un remake de TETSUO, plus qu'une suite. Difficile de trancher, car pour nous, il ne s'agit ni de l'un, ni de l'autre. Si certaines idées sont reprises du premier film, comme la transformation de l'homme en machine et la douleur qu'engendre cette transformation, la façon de filmer est devenue beaucoup moins hystérique, bien que l'on retrouve la folie inhérente à TETSUO dans certaines scènes. Là où TETSUO était proposé à l'état brut, quasiment exempt de dialogues, et même de scénario à proprement parler, TETSUO II se veut plus précis, plus posé, également, même s'il y subsiste le caractère extrême de son prédécesseur dans certains passages survoltés. Le scénario est plus développé, donnant corps aux personnages dont on s'apercevra qu'ils ont un passé. Enfin l'histoire suit une véritable progression linéaire. En même temps, ce deuxième opus approfondit les thèmes abordés par TETSUO, tout en ouvrant une fenêtre sur la ville de Tokyo qu'il chérit autant qu'il déteste. Certains aspects visuels sont à cet égard identiques à ceux que le réalisateur reprendra pour son meilleur film : TOKYO FIST.
Cette séquelle fut un échec commercial au même titre que TETSUO fut une réussite. Difficile de contenter un public abasourdi par le premier volet de ce diptyque avec une suite qui se devait de toutes façons d'être différente. Par ailleurs, celle-ci n'avait plus le goût de la nouveauté insufflé par TETSUO. Ainsi, TETSUO II ne remporta pas les suffrages, malgré son intérêt évident dans la filmographie de Shinya Tsukamoto. Le film ne donne pas du tout l'impression d'une expérience visuelle et sonore de bout en bout. Avec plus de moyens et en clarifiant le propos, l'énergie se perd un peu au passage. Répétons-le encore une fois, malgré des qualités indéniables, TETSUO II n'insuffle pas le même choc que son prédécesseur. Etonnant dans le sens où certaines images et idées sont bien plus fortes que celles déjà vues dans le premier film. La mort de l'enfant en étant le plus parfait exemple.
Cette suite ou ce remake ou cette nouvelle interprétation souffre de sa filiation avec le premier film. HIRUKO, son second long métrage, connaît en quelque sorte le même problème mais pour d'autres raisons. Pour prendre un certain plaisir (?) à la vision de TETSUO II, il faut donc faire table rase ou en tout cas l'aborder avec l'esprit ouvert. A ce moment-là, on peut se délecter des images et idées fortes qui se dégagent du film : l'arrivée du tank cyber-organique sur fond de marche martiale industrielle, les battements du cœur métallique ou les membres d'une secte entraînant leurs corps dans une fonderie qui s'apparente à un gigantesque corps métallique… Les êtres humains devenant les cellules d'une entité mécanique !
A noter que si on peut faire un parallèle entre GEMINI et FAUX SEMBLANT, il y a aussi un lien dans TETSUO II ramenant le film vers l'un de ceux de David Cronenberg. Le rapport ne semble pas de prime abord évident mais si l'on s'intéresse aux éléments fondamentaux de SCANNERS et de TETSUO II, on ne peut s'empêcher d'y voir de grandes similitudes. Impossible d'en dire plus ici pour ne pas gâcher votre plaisir de découvrir le film. Mais tout comme pour GEMINI, le réalisateur japonais prend une nouvelle fois la direction inverse de celle du cinéaste canadien.
TETSUO II s'inscrit très naturellement dans la filmographie de Shinya Tsukamoto, qui a pu profiter de son expérience pour réaliser un film plus conventionnel, certes, mais aussi plus facilement accessible que TETSUO. Un défaut pour les uns, une qualité pour les autres…
Persuadés depuis toujours que TETSUO II était censé être projeté en format plein cadre 1.33, voilà que le DVD français nous présente une image en 16/9. Mal informés, nous étions donc plutôt contents de pouvoir enfin découvrir ce film dans son format cinéma d'origine. A la vision du DVD, impossible pourtant de ne pas noter le grand nombre de têtes coupées par le haut de l'écran. Très étonnant ! D'où une interrogation, est-ce que ce DVD ne nous proposerait pas une version dans un format totalement incorrect et tronquant le haut et le bas de l'image ? Les plans de la bande-annonce et du making-of en plein cadre affichent très clairement plus d'image. Tout cela devient gênant lorsque dans les séquences rapides, les mouvements des personnages deviennent totalement confus en raison de ce recadrage ! Nous avons beaucoup de mal à croire qu'il puisse s'agir du format voulu par le réalisateur pour les projections en salles. Sans oublier que d'après nos souvenirs, il était projeté en plein cadre justement dans les salles françaises !
Format 1.85 | Format 1.33 |
En ce qui concerne la qualité de l'image elle-même, autant vous arrêter avant d'aller crier au scandale. Elle n'a rien de propre et cela vient de l'intention du réalisateur lui-même. La plupart des plans utilisent des filtres colorés pour reproduire les tonalités que Shinya Tsukamoto voulait faire ressortir en fonction des personnages ou des lieux. De cela mais aussi de par la façon dont a été tourné le film, vous ne trouverez pas une image bénéficiant de contours tranchés. Voilà qui n'est pas évident pour le passage en DVD surtout que la compression fait un peu des siennes sur certains plans de ce disque et que l'image nous paraît un peu trop sombre par moments.
Comme tous les films de Shinya Tsukamoto qui sortent en même temps, Studio Canal ajoute une bande-son 5.1 réalisée par le procédé Arkamys. Un bidouillage dont les deux dernières pages de chaque livret nous font l'éloge. Dans le cas de TETSUO II, écoutez plutôt la version originale en mono ! L'Arkamys donne en effet une impression de spatialisation en squattant toutes les enceintes mais perd en clarté. Délayer artificiellement un bande sonore mono sur toutes les enceintes n'est certainement pas une solution intelligente.
Bonheur et consternation ! Le DVD de TETSUO II contient un documentaire sur la réalisation du film. En soit, cela nous permet de découvrir l'envers du décor ainsi que le réalisateur au travail, nous prouvant d'ailleurs que sur ses films, tout le monde met la main à la pâte. L'intégralité ou presque de la quinzaine de minutes propose des séquences de tournage sans voix-off et sans véritable explication. Souvent, les voix du réalisateur, des acteurs ou des techniciens sont recouvertes par un bruit de fond accentuant l'impression d'assister plus à des images "volées" qu'à un véritable Making-Of. Le tout étant entièrement japonais, il est difficile de discerner ne serait-ce qu'une bribe d'explication ou avoir l'impression de partager le travail de l'équipe. En effet, il n'y a aucun sous-titrage en français ou dans quelque autre langue que ce soit ! Frustrant. Prêt à supposer que le bruit de fond empêchait un décryptage des paroles, voilà que l'acteur principal parle très clairement devant la caméra. Plutôt étonnant de la part de Studio Canal !
Heureusement, la présentation de Jean-Pierre Dionnet viendra nous remonter le moral. Comme sur les autres disques, il parle du film avec force de détail sur sa construction ainsi que sur le rapport qu'il peut y avoir avec le premier TETSUO. L'interview de Shinya Tsukamoto, assez courte une fois de plus, apportera quelques précisions et reviendra sur les problèmes de certaines séquences du tournage dont on peut voir un aperçu dans le making-of.