Après la première rencontre avec une mystérieuse créature humanoïde amphibie, une nouvelle expédition est envoyée en Amazonie pour tenter de la ramener. Sa capture effectuée, elle est envoyée en Floride auprès d’une équipe de spécialistes en ichtyologie, dont John Agar et Lori Nelson. Qui tentent de nourrir la créature enchainée au fond d’un bassin dans un centre marin.
Juste avant la fin du tournage de L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, Universal avait envisagé de laisser la créature en vie à la fin du film, dans l’éventualité d’une suite. En fait, sentant le vent venir, l’écriture de séquelle commença et le tournage démarra en juillet 1954. L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR fut un succès mondial phénoménal, profitant de l’explosion du marché de la 3D. Avec Jack Arnold derrière la caméra encore une fois, REVENGE OF THE CREATURE sortit en 1955, également tourné en 3D… mais une sortie dans un marché 3D déjà affadi, son exploitation fut écourtée de cette manière, seul film à sortir avec ce système cette année-là. Et principalement exploité en version plate. Ce qui n’empêcha pas le film de rencontrer également un gros succès public, entrainant une seconde séquelle l’année suivante.
Le film apparu en France le 31 aout 1956 sous le titre de LA REVANCHE DE LA CREATURE de manière un peu sacrifiée avec une affiche assez hideuse. Il ne remporta qu’un maigre public, à peine 50 440 entrées. Le film reste aussi connu sous le titre de LA REVANCHE DU MONSTRE. Un DVD et un Blu Ray français apparurent en France chez Elephant, mais hélas dans la version plate.
Heureusement, les efforts combinés de 3D Archive et d’Universal portèrent la sortie du film dans son format original en 3D, et en Blu Ray dans un coffret réunissant les 3 chapitres de ce monstre sacré, monté aujourd’hui au Panthéon des Classiques.
3D Archive reste un société à part, se consacrant à la restauration de films tournés en 3D. Ce qui permet aux amateurs de retrouver des films aussi divers que dans leurs splendeur originelle 3 dimensions. Et un splendide job à chaque fois, que ce soit sur THE BUBBLE 3D ou METALSTORM : LA TEMPETE D'ACIER. La prochaine sortie de PARASITE 3D chez Kino Lorber s’annonce par ailleurs sous les meilleurs auspices (de bonnes!).
La restauration prit un temps important, la qualité des éléments 3D restants n’étant pas de qualité optimale, bien moindre que ceux de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, dont le Blu Ray demeure de qualité exceptionnelle, à la fois sur le rendu et la 3D. Ce fut une restauration en 4K, dont la première cinéma en 3D, la première depuis 1955, eut lieu au festival de Bologne en juin 2018. Annoncé pour le 28 aout 2018 en Blu Ray américain, la sortie fut chaotique. Une décision aberrante par un des tous nouveaux responsables du département supports physiques chez Universal fit que, pour de basses raisons de budget à rogner, REVENGE OF THE CREATURE fut sorti en 3D SBS (« Side By Side ») et LA CREATURE EST PARMI NOUS en 720p au lieu de 1080p. Un tsunami de critiques négatives et de commentaires désobligeants se déversa sur le studio qui finit par faire marche arrière, s’excusant -uniquement sous la pression des clients, pas autre chose! - et organisant un programme de re-pressage de la box 3 films et de remplacement. (et le gars en question ne fait plus partie d’Universal, visiblement. Heureusement.) Les nouvelles Box arrivèrent à partir de fin novembre 2018, avec le bon format 3D et les deux films en 1080p. Mais les problèmes ne s'arrêtèrent pas, on y revient un peu plus bas.
Le costume de la créature a légèrement changé : les yeux, pour une meilleure vision du cascadeur et directeur photo sous-marin Ricou Browning,, les mains palmées plus arrondies, meilleures pour la nage… Ricou Browning fut une fois encore oblitéré du générique alors qu’il en est quand même le héros!
A noter que la scène d’ouverture, au milieu des scènes de stock footage de l’Amazone, qui se révèle en fait être la Floride, on retrouve le petit frère du bateau de Nestor Paiva qui revient lui aussi pour cette suite. Le tournage une fois achevé, Universal se rendit compte de la vitesse à laquelle la Créature s’attaque à tout le monde, et que le film était relativement court, même aux standards hollywoodiens des séries B. De ce fait, quelques semaines après la fin du oturnage, il fut décidé de tourner un prologue avec Nestor Paiva et deux chasseurs, retraçant les événements du premier film. Jack Arnold étant indisponible, le studio appela un autre réalisateur maison, Joseph Pevney (LE CHATEAU DE LA TERREUR, L'HOMME AUX MILLE VISAGES) pour tourner ces scènes - il demeura malgré tout non crédité au générique.
Le scénario va tout de suite dans le vif du sujet et perd très peu de temps en exposition, même si la naration réussit la description des personnages et de leurs enjeux; Sur un canevas qui rappelle inévitablement KING KONG (y compris pour la fin-fusillade) ou tout film d’humanoïde qui se prend d’amour pour la belle. Sauf évidemment pour MONSTER IN THE CLOSET et sa version homosexuelle du mythe)! REVENGE OF THE CREATURE brosse un long-métrage d’aventures fantastiques de haute volée, à un rythme soutenu qui ne s’arrête pratiquement jamais. Une durée resserrée - et encore, allongée artificiellement comme expliqué juste en avant. Bon, il faudra passer sur quelques raccourcis du scénario, notamment sur la qualité intrinsèque de la créature de sse retrouver A CHAQUE FOIS au même endroit que Lori Nelson: un don de prescience ou un scénario qui veut aller au plus vite?
La magie Jack Arnold? Les jeux de regard entre la créature et Lori Nelson, s’observant à travers les hublots du bassin. Fascinants moments d’échange, de curiosité et de désir. Un sens de l’urgence, dans le final-chasse, mais également dans les douloureuses scènes de « dressage » de la créature.
On passera sur une scène de torture animale gratuite et assez révoltante sur le principe (le héron saisit par la créature et entrainé sous l’eau). Tout comme le spectacle de dressage de dauphin, quelque peu impensable aujourd’hui… Mais en 1954, peu de conscience quant au règne animal, tout comme la cigarette était fun et quasi obligatoire… autres temps, autres moeurs. Surtout lorsqu’on considère la cruauté humaine envers la Créature. Puisque le scénario et la narration prend clairement fait et cause pour elle. Beaucoup de compassion dans l’oeil du réalisateur, des scènes de solitude lorsqu’elle est enchainée. Le film en vient presque à excuser son envie de douceur, dans les yeux de la belle scientifique, avec un final plutôt désespéré. Reprenant par ailleurs la fin originale du premier opus.
Arnold n’oublie pas son gout de l’étrange, avec les séquences des taches lumineuses (75mn16), celle de la créature s’enfonçant dans la nuit avec Lori Nelson dans ses bras, la créature épuisée marchant péniblement dans l’eau… des moments quasi iconiques. Pour un film qualifié abusivement de série B, car clairement, le budget s’avère au dessus de la moyenne ici. Tournage en Floride, utilisation de décors naturels en grosse majorité, séquences sous-marines complexes. Y compris la technique utilisée, comme des fondus-enchaînés sur de la 3D! Tout contribue à faire de cette LA REVANCHE DE LA CREATURE un spectacle certes d’explication d’un succès, mais unique en sa manière de délivrer un film d’aventures fantastiques au-dessus du lot, et brillamment emballé.
La violence émarge beaucoup plus dans cette suite. Les attaques de la créature, dans le bassin à son réveil, ou lorsqu’elle agresse et tue les deux jeunes hommes (Vers 72mn30)… la séquence du corps balancé contre l’arbre reste extrêmement brutale. Pour donner une idée, du niveau du meurtre du gamin dans PROPHECY : LE MONSTRE, balancé dans son sac de couchage contre aussi un arbre. Plus graphique en 1979, mais pour 1955, il s’agissait du maximum que la censure US pouvait tolérer. La Créature est montrée dans toute sa force surhumaine. Tout comme Arnold utilise en miroir cette exploitation des espèces animales par l’homme, avec cette publicité géante de la créature au sein même d’un parc d’attraction aquatique. Qui ressemblerait presque à de la PLV pour un nouveau film. Fiction et réel qui se rejoignent.
Le menu principal offre l’accès à la fois à REVENGE OF THE CREATURE tout comme THE CREATURE WALKS AMONG US
Une fois REVENGE OF THE CREATURE sélectionné, on tombe sur le visuel et les fonctionnalités habituelles des menu Universal. Sur la gauche, la possibilité de choisir le film (et ici, soit en 2D soit en 3D), les chapitres, les langues et sous-titres, ainsi que les suppléments. La possibilité de choisir la version en 2D ou en 3D, si pour cette dernière, vous possédez un moniteur TV qui accepte le signal 3D, et les lunettes qui vont avec. Pour les possesseurs de TV 4K et succédanés, c'est mort : plus de 3D possible.
Un Blu ray en 1080p, au format original 1.85:1 et d’une durée complète de 81mn40. Une première, car le Blu Ray français de 2016 (et le Blu ray allemand de Koch) ne servait qu’un format tronqué 1.33:1, pas du tout envisagé par Jack Arnold.
Un noir et blanc resplendissant, qui joue énormément sur les effets de lumière et d’obscurité (comme à 79mn23), de jeux d’ombres et de clairs-obscurs. Une photographie complexe, oeuvre du météoritique Charles « Scotty » Welbourne, qui avait déjà travaillé sur le premier film. De très beaux contrastes retrouvés ici, notamment sur les scènes de nuit, nombreuses. Le bémol à mettre, surtout par rapport au premier opus, reste que les blancs ont une légère tendance à tirer vers le gris. Le bémol à mettre, surtout par rapport au premier opus, reste que les blancs ont une légère tendance à tirer vers le gris. Et là, le drame. Beaucoup de scènes posent problème, avec une définition qui semble en dessous des standards habituels. Le transfert est inconsistent. Un grain parfois proéminent, et des traces apparentes de réductions de bruit. Des débuts quelques peu flous par images. On pourrait mettre cela sur le dos l’un master ou du matériau de base de qualité inférieure: l’opus 1 et 3 s’avèrent bien meilleurs en rendu global et de clarté, il n'y a qu'à regarder le logo et le générique de LA CREATURE EST PARMI NOUS). Il semblerait surtout qu’Universal a bien corrigé le souci sur la 3D. mais pas sur la 2D… En conclusion, le 2D est au bon format mais avec une qualité moindre que le Blu ray français mais qui lui est au mauvais format. (Attention, aussi, la récente édition anglaise sortie le 10/06/2019 possède exactement le même problème, puisque la licence s'est effectuée sur les mêmes copies.)
Alors que Faire? Se Coucher?
Non. Il reste heureusement la 3D, qui demeure la version initiale voulue par les auteurs du film. Et ça tombe bien, elle est présente sur ce disque - un indéniable plus.
La vision du film en 3D change radicalement la perception globale. On sent bien que le film a été pensé pour la 3D et, comme pour le premier opus, tourne autour du côté immersif de l’entreprise. Qui prend toute sa logique avec la fantastique photographie sous-marine et la disposition des effets tridimensionnels. Une profondeur de champ remarquable, qui cède très peu aux effets « pop up » gratuits. Dans les scènes du bassin où la créature se trouve enchainée, ce sont les poissons et autres créatures qui passent devant la caméra qui créent les effets voulus. Un festival de mérous, poissons-anges et autres castagnoles qui donnent toute leur importance aux scènes se passant en arrière plan. Une lecture d’un plan à plusieurs niveaux. Y compris dans les scènes terrestres, la gratuité n’est pas de mise.
Egalement, on remarque l’ingéniosité d’utiliser les déchets verts et autres algues flottantes dans l’eau au premier plan (les scènes du début ne furent pas tournés en piscine mais bien en eau vive) pour créer la profondeur de champ désirée, Techniquement, c’est absolument remarquable et on remarque clairement une amélioration de la technique 3D par rapport au premier film. Plus de stabilité, d’immersion du champ visuel. Et de plans qui s’insèrent naturellement dans la narration, comme celui des deux héros au large du bateau (64mn41).
Si la copie 2D s’avère toute aussi satisfaisante sur les détails, les contrastes, les niveaux de noirs profonds, les contours des visages… il s’avère évident que le spectateur perd énormément des enjeux visuels sans 3D.
Une piste audio anglaise DTS HD MA 2.0 mono, avec la présence de sous-titres français, anglais pour tours et malentendants et espagnols. Un sans faute ici, avec des dialogues précis, la musique qui ne prend jamais le dessus sur l’ensemble du film et sait pointer au bon moment. Aucun souffle notable, on ne dirait pas que la piste audio anglaise date de 1955!
La principale attraction du disque est le commentaire audio de l’actrice Lori Nelson, Tom Weaver et Bob Burns, repris du DVD Z1 sorti en 2004. Qui offrent chacun leur tour un éclairage différent de ce qui mena Universal à envisager la séquelle. Lori Nelson, précise et passionnante, rappelle ses débuts de carrière et indique que sa connaissance de la plongée, acquis sur le tournage d’UNDERWATER, lui permis de tourner LA REVANCHE DE LA CREATURE et d’effectuer elle-même ses scènes de nage et de plongée sous-marine, sans doublure ni cascadeuse. Elle revient également de manière extensive sur les exploits de Ricou Browning, et ma manière qu’il avait de tourner sous l’eau avec son costume de créature. Effectuant de manière précise, en apnée, l’ensemble des plans. Expliquant également pourquoi on voit les bulles d’air s’échapper du sommet de la tête de la créature (à savoir le costume trop grand où l’air venait se loger dans les séquences de tournage sous-marins). Mais aussi que ce fut la raison qu’elle quitta Universal, alors racheté par Decca Reccords, car à l’époque, atterrir dans une film de SF était considéré comme un point de chute plus qu’un marchepied. Chose qu’elle réalise rétrospectivement parlant, puisqu’elle constante qu’on se souvient pus d’elle aujourd’hui grâce à cette REVANCHE DE LA CREATURE que tous les autres films plus prestigieux qu’elle tourna auparavant… tout comme elle fut contente de finir le tournage, avec les essais répétés de Jack Arnold de pénétrer dans sa chambre de motel, qu’il avait demandé communiquante avec la sienne!
Un commentaire ingénieux, généreux, savant sans être obséquieux, avec les deux historiens/journalistes faisant des remarques à point nommé sur des scènes particulières le long de la projection, avec par exemple les utilisations de mélodies provenant de la librairie Universal - la séquence du singe et John Agar avec la musique de FRANCIS, LE MULET QUI PARLE par Frank Skinner. Ils savent relancer l’actrice sur ses souvenirs de tournages et sa vie d’actrice sous contrat chez Universal. S’attardant aussi sur le second cascadeur, Tom Hennesy, dans le costume de la créature au niveau de Marine Land. Comme par exemple à séquence vers la 25e minute, où les 3 plongeurs présents à l’écran ont tous été la créature: Ricou Browning dans la créature, Tom Hennesy (qui jouait la créature sur Terre et semi-immergé) et John Lamb, lui aussi ayant endossé le costume. Avec un point assez curieux sur la censure américiane, qui écrivit ) Univeral que « les meurtres de la Créature n’étaient pas considérés comme des crimes », ce qui permet à Arnold et son équipe de se laisser aller sur la violence! Avec quelques hésitations et approximations sur la 3D en elle-même, toutefois. Absolument passionnant, vivace et sans aucun blanc ni de silence gêné - doublé d’un grand respect pour ce qu’il se passe à l’écran - et sans aucune moquerie. (en anglais non sous-titré)
Le film annonce original en anglais complète cette édition, tout comme la possibilité de revenir au menu principal pour voir la dernière partie des aventures de la Créature, à savoir LA CREATURE EST PARMI NOUS.
En 3D, toutes zones et avec des sous-titres français, cette REVANCHE DE LA CREATURE vaut le coup d'être prise!