La compagne de Goda vient de se suicider. Pour comprendre son geste, il essaye d'approcher les jeunes d'un gang. Passé à tabac et humilié, Goda tisse alors une étrange relation avec Chisato, la seule femme du gang, tout en nourrissant l'obsession d'obtenir une arme à feu…
De tous les films de Shinya Tsukamoto, BULLET BALLET est celui qui, jusqu'ici, s'approche le plus de la réalité. Le noir et blanc et la façon de filmer pourraient le rapprocher des films d'auteurs européens. D'éléments fantastiques, soyons clair, il n'y en a pas ! Pas plus que dans TOKYO FIST qui est vendu avec BULLET BALLET. Néanmoins, la violence et l'intensité de TOKYO FIST place le film sans problème dans notre ligne éditoriale. Autant dire que pour BULLET BALLET, nous sommes un peu hors-sujet par rapport à la direction du site.
Goda est un homme simple qui va à son boulot et reprend chaque jour sa vie de la même façon. Jusqu'au jour où il est confronté à la mort de sa compagne. La police lui apprend qu'elle s'est suicidée et que l'on a retrouvé de la drogue. Un moyen comme un autre d'échapper à un quotidien vide. Mais Goda veut comprendre un geste qui n'a pas forcément de réponse. Confronté à la violence gratuite de la rue et conscient de sa faiblesse, il part en quête du symbole de la puissance et de la mort : une arme à feu. Pas évident tout de même de faire l'acquisition d'un revolver à Tokyo ce que nous montrent les meilleurs moment du film. Ceux où le personnage cède à son obsession jusqu'à une solution amusante. Pendant ce temps, les jeunes du gang continuent de passer de boîtes de nuit en salles de jeux sans véritable but. L'un d'entre eux explique d'ailleurs que cela ne va pas durer éternellement et qu'il serait peut-être temps de devenir quelqu'un éventuellement en reprenant les cours. Même l'un des leaders du gang s'essaye à la vie des costards-cravates le temps d'un moment. Cela ne durera qu'un court instant avant qu'il n'éprouve une certaine honte, aidé en cela par le regard méprisant de Chisato. En gros, la jeunesse refuse de se fondre dans le système mais n'ayant aucune autre alternative, elle attend dans le désoeuvrement et une rebellion illusoire.
La suite du film devient plus confuse quant aux réelles motivations des personnages. Le réalisateur en est d'ailleurs conscient puisque lui-même le dit dès le début de l'interview présente sur le DVD. Il n'y a que la fin du film et quelques phrases ici ou là qui viendront redonner un semblant de cohérence. L'intrusion d'un vieux de la vieille le temps d'un massacre et lâchant un "Ce n'est pas un jeu d'enfant ! Si on perd, on meurt !". Ou alors, toujours de la bouche d'un ancien, l'idée qu'auparavant, il n'était pas besoin de s'entraîner puisque la vie était dure et s'en chargeait pour vous ! Dans cette simple phrase, on retrouve l'un des thèmes des films de Shinya Tsukamoto, le rapport que l'on peut avoir avec notre corps dans notre monde moderne par rapport à l'ancien !
Filmé dans un noir et blanc, souvent surexposé et à l'image presque toujours en mouvement, BULLET BALLET va sûrement faire partie des films où les avis seront complètement divergents dans les magazines et autres sites internet. Pour notre part, nous n'y avons pas décelé de défaut. En ce qui concerne le son, comme pour GEMINI et TOKYO FIST, on se demande quel peut bien être l'intérêt de nous proposer une bande sonore Arkamys en 5.1. En effet, le film bénéficie déjà d'une piste sonore japonaise en stéréo surround très démonstrative. Que ce soit dans une boîte de nuit à la musique entre la techno et l'indus ou des coups de feu dans les rues, la bande-son vous en donnera largement pour votre argent. A partir de là, le bidouillage Arkamys ne se justifie en rien si ce n'est proposer un gadget aux fondus du multi-canaux.
La présentation de Jean-Pierre Dionnet permet de replacer le film BULLET BALLET dans la filmographie de Shinya Tsukamoto tout en nous donnant les clefs pour décrypter en partie le film. L'interview du réalisateur japonais est l'une des plus longues par rapport aux six autres disques de la collection. Il y parle de ce qui l'a mené à faire le film ainsi que les trucs de tournage (la scène du métro…).
Cela peut paraître maigre comparé aux éditions ultra-complètes de la plupart des éditions spéciales mais ces deux petits segments vous en apprendront bien plus sur le film que les flopées de "featurettes" habituelles. Pour clôturer les bonus, la bande-annonce vous donnera un condensé rapide du film (Goda, Chisato, les jeunes et les vieux de la vieille !).
BULLET BALLET risque de rebuter par son côté auteurisant. Il mérite pourtant d'être vu même si l'on regrettera de ne pas retrouver l'intensité d'un TOKYO FIST, la furie d'un TETSUO ou l'envoûtement perçu dans GEMINI. Quoi qu'il arrive, une fois de plus, dans le même packaging, vous trouverez un incontournable de la filmographie de Shinya Tsukamoto, c'est à dire TOKYO FIST !