LA PLANETE DES SINGES, à la base, est un livre de l'écrivain Pierre Boulle. Adapté par la suite au cinéma par Franklin J. Schaffner, le film devient un phénomène qui accouchera de quatre suites et de deux séries télévisées. Depuis, les années ont passé et l'inévitable se produit. A force de recycler les idées d'antan, Hollywood en vient à réaliser un nouveau film sur le même concept. Le projet passe de main en main. On parle de divers réalisateurs dont Oliver Stone. Sans compter la présence au générique d'un certain Arnold Schwarzenegger. Tout ce petit monde bosse là-dessus et rien ne se produit vraiment. La "stabilité" arrive avec l'introduction plutôt étonnante de Tim Burton à la réalisation et l'idée d'avoir Arnold Schwarzenegger s'est évanouie depuis quelques temps déjà au profit de Mark Wahlberg.
Etonnant de retrouver Tim Burton aux commandes d'un tel mastodonte. Non pas en raison de l'écrasante production mais surtout dans le fait que l'univers du réalisateur est assez éloigné de celui d'une telle histoire. Durant le tournage, on entend d'ailleurs les bruits les plus fous. Il y aurait une idylle entre le héros humain et un singe. Tim Burton aurait tourné plusieurs fins pour le film. Si le réalisateur réfute totalement dans le commentaire audio cette dernière affirmation, il est clair dans le film que la relation entre Ari et Leo est souvent à la limite du flirt. Néanmoins, la production ne voit pas d'un bon oeil la mixité zoophile. On essaye tant bien que mal de gommer tout cela et le héros finira par embrasser comme il se doit la blonde qui le suit depuis le début de manière assez transparente.
Cette version 2001 de LA PLANETE DES SINGES n'est pas un remake du film original, pas plus qu'une adaptation fidèle du roman. En réalité, il conserve vaguement une trame présente dans le film d'original et le roman. C'est à dire l'arrivée d'un homme sur une planète gouvernée par les singes où l'humanité est gardée en esclavage. Il se retrouve chassé comme ses semblables, est pris en affection par un primate féminin et s'enfuit. En dehors de cela, on a du mal à trouver de quelconques éléments avec le film réalisé par Franklin J. Schaffner et le livre de Pierre Boulle. Pas de trace de réflexion sur l'humanité ou de pamphlet pacifiste ! LA PLANETE DES SINGES version Tim Burton, ou plutôt version Zanuck (son producteur), est un blockbuster simpliste.
Les seules nouvelles idées provenant du livre et injectées dans le film sont assez minces. Un chimpanzé qui "accompagnait" le héros dans son voyage spatial. Dans le livre, il disparaissait rapidement alors qu'ici, il jouera un rôle bien plus conséquent dans l'histoire. Ainsi que la fin du film laissant planer de nombreuses interrogations. Elle apparaissait effectivement dans le livre plus ou moins sous la même forme mais était désamorcée par une pirouette humoristique qui donnait à réfléchir sur l'importance que l'on peut donner à l'humanité. Bien entendu, impossible à filmer, le prologue et l'épilogue n'apparaissent pas dans le film réalisé par Tim Burton. Rendant de ce fait, la fin quelque peu inexplicable mais pas inintéressante...
La version de Tim Burton ne suit pas non plus les traces du film original. Il tente même de nous la jouer paradoxe temporel en inventant une toute nouvelle genèse à la société des primates. Il rend plus floue la distinction des races (chimpanzé, orang-outans et gorilles) et, de ce fait, oublie totalement le concept même des films qui le précédent ainsi que du roman. On l'a déjà dit, pour la réflexion et la philosophie, vous n'êtes pas au bon endroit. De quoi se demander si les grosses productions d'aujourd'hui ne privilégient pas systématiquement la forme sur le fond. Les producteurs devraient tout de même se souvenir de leur passé, où il était possible de remplir des salles avec des histoires un peu plus subtiles.
On "remake" à tout va et on essaie souvent de faire intervenir les acteurs du film original. Charlton Heston y va de son apparition simiesque et, même s'il n'est pas crédité au générique, tout le monde est déjà au courant. Plus pointu, Linda Harrisson, interprète de Nova dans le premier film, apparaît elle aussi dans cette nouvelle mouture. Dans un rôle plus ingrat, c'est clair. Elle partage le transport de Mark Wahlberg pendant une poignée de secondes à l'écran.
En tant que tel, LA PLANETE DES SINGES n'est pas un mauvais film. Il se laisse regarder sans déplaisir incluant ici ou là des éléments forts sympathiques tel que ce singe esclavagiste qui n'est pas sans rappeler le Lentulus Batiatus de SPARTACUS (le combat final n'est pas non plus sans rappeler un péplum). Pourtant, par un manque d'ambition du point de vue du scénario, il n'arrive jamais à atteindre le niveau de son original. Il lui est impossible de nous faire oublier le charme extraordinaire ressenti à la découverte de la ville des singes ou des personnages du film de Franklin J. Schaffner. Ce ne sont pourtant pas les maquillages extraordinaires de Rick Baker qui sont en cause. La réussite à ce niveau-là est totale, il faut dire qu'il est le spécialiste en matière de singes au cinéma. En fait, ce qui gêne, c'est surtout cette impression de suivre une histoire sans envergure et plutôt prévisible. Avec les moyens mis en oeuvre, il y a de quoi être déçu à la vision de cette PLANETE DES SINGES.
Parfait, le transfert image de ce DVD est magnifique ! Ajoutez à cela une bande-son originale en Dolby Digital 5.1 agressive à souhait et le spectacle est total. La musique laisse rebondir ses percussions sur toutes les enceintes alors que la puissance des divers effets auront de quoi vous mettre le sourire aux lèvres. Petit bémol, s'il existe une piste son DTS sur ce DVD, elle sera réservée pour le doublage français. Si elle est tout aussi efficace, voire plus affinée, que son homologue Dolby Digital 5.1, nous avons une très nette préférence pour la version originale ne serait-ce que pour le respect du boulot réalisé par les acteurs. Quoi qu'il arrive, c'est du tout bon !
Sur le premier DVD, on commence par les commentaires audio. Le premier nous permet de suivre Tim Burton mais à vrai dire, il n'est pas plus convaincant que ça. Pas forcément inintéressant tout de même, on regrettera quelques blancs. Bien plus attractif est le commentaire de Danny Elfman. Ou plutôt son absence de commentaire. En effet, le compositeur ne prend la parole que brièvement laissant le champ libre à son imposante bande-originale. On peut ainsi s'écouter à loisir la plupart des morceaux musicaux presque dans leur intégralité. Excellent !
Que peut bien être ce "Vision Plus" ? Nous avions déjà vu des commentaires textuels mais c'est assez différent ici. En fait, vous regardez tout à fait normalement le film lorsque soudain vous passez dans une sorte de Making-Of. Parfois, cela se limite à l'intervention de différentes personnalités venant parler de leur travail dans des vignettes sur l'image. Alors qu'à d'autres endroits, on plonge littéralement dans des séquences type "Making Of" plus traditionnelles. Très bonne idée que l'on aimerait voir plus souvent sur d'autres disques. Toutefois, ces interventions ne sont pas légion sur toute la durée du film.
Pour en finir avec le premier disque, on y trouve un grand nombre de biographies pour les acteurs du film ainsi que l'équipe technique. Sur nos lecteurs, elles étaient entièrement en anglais. A noter qu'il s'agit presque toujours de biographies en dehors de deux ou trois acteurs qui n'ont droit qu'à une filmographie. En général, on trouve ce genre de bonus peu intéressant mais un petit plus vient épicer ces biographies. On peut ainsi trouver trois premières auditions de trois des acteurs du film. Elles apparaissent sous la forme de vignette à côté de la biographie.
Vous vous en doutez le deuxième DVD est bourré de nombreux bonus. Jetez un coup d'oeil à la liste en bas de cette page pour en avoir une idée. Autant dire que venir à bout du contenu de ce disque prendra un temps considérable. Surtout que contrairement à d'autres éditions bourrées de bonus, ceux-ci sont presque tous dignes d'intérêt. A commencer par six featurettes couvrant chacune un sujet particulier différent. Ainsi, vous verrez l'entraînement des acteurs pour qu'ils se mettent à se déplacer comme des singes, le maquillage des acteurs, la confection des costumes, l'enregistrement de la musique, le tournage en extérieur au Lac Powell ainsi que les différents trucs des cascadeurs. Et ce n'est pas tout puisqu'il existe en plus un documentaire réalisé pour la chaine de télévision HBO aux Etats-Unis. Ce dernier suit d'ailleurs la journée éprouvante de Michael Clarke Duncan. En fait, ce sont donc sept featurettes auxquelles vous aurez affaire. Couvrant la plupart des éminents membres de l'équipe technique (Tim Burton, Rick Baker, Danny Elfman...) ou du casting. Après la vision de tout cela, vous devriez déjà être rassasié...
Cela ne suffit pas, le DVD présente aussi différents tests réalisés en amont du tournage. Une façon de découvrir, brut de décoffrage, les tests de maquillages des singes ou des costumes. Passons aux bonus nommés "séquences multi-angles". Souvent un gadget (voir DRACULA 2001), cette fois, le résultat n'est pas vraiment meilleur. Pourtant, chacune des séquences choisies (au nombre de huit) vous donne la possibilité de découvrir une galerie de photos, un extrait du script original, la séquence finale et le fameux multi-angles. Ce dernier vous donnant la possibilité de découvrir différentes vues de l'envers du décor pendant le tournage ainsi qu'un écran reprenant toutes les vues multi-angles.
Viennent ensuite les "scènes intégrales". Ce drôle de nom prend tout son sens une fois les séquences visionnées. Il s'agit de versions allongées de scènes existant dans le film. Toutefois, la qualité d'image est loin d'y être acceptable !
Dans le cas où vous ingurgiteriez, comme nous, l'intégralité des bonus d'un seul coup, vous serez largement fatigué lorsque vous arriverez sur les bandes-annonces, les spots TV, le clip vidéo et les galeries de photos ! Arretez, n'en jetez plus !
Alors que l'on n'arrête pas de se plaindre concernant le manque de bonus sur telle ou telle édition, LA PLANETE DES SINGES vient nous clouer le bec. Enfin presque puisque l'on pourra se plaindre du fait que ce sont toujours les mêmes types de films qui ont droit à de telles débauches de bonus. Mais qu'importe puisque ce sont justement tous ces bonus et cette qualité audio/vidéo sans faille qui risque de donner à LA PLANETE DES SINGES la dimension de DVD à suivre... A imiter, à prendre comme modèle (bien que TERMINATOR 2 le surpasse largement) ! Jusqu'au prochain, celui qui fera encore plus fort. En attendant, ce disque est une belle réference.