Une jeune femme nommée Jennifer (Charlotte Beaumont - BROADCHURCH) s'échappe de son job de babysitter, où le père découvre qu'elle a endossé une fausse identité. Elle embarque en catastrophe dans un bus de touristes à la découverte de la « vraie » Hollande, loin des tumultes d'Amsterdam. Le bus tombe en panne au milieu de nulle part, et un des touristes s'éloignant du bus se voit couper les jambes par un géant monstrueux. Personne ne la croit, car prenant des médicaments supposés bloquer des hallucinations. Ils finissent par tous se réfugier dans un moulin abandonné… mais l'est-il?
Depuis quelques années, certains auteurs refusent de céder à la facilité et à la mode des effets spéciaux numériques pour leurs films d'horreur. HATCHET et ses deux suites en premier lieu, qui a sacrément tranché dans le vif pour un vrai retour aux racines horrifiques des années 70/80. Ce que le récent THE VOID tenta également d'effectuer. Le co-scénariste et réalisateur batave Nick Jongerius opte pour cette même voie, à notre plus grand bonheur. Pour son THE WINDMILL MASSACRE (« Massacre au Moulin »), il va donc préparer un jeu de piste gore « à l'ancienne », reprenant à son compte la formule du slasher. Et en tentant d'y injecter quelques éléments originaux, tendant à le faire sortir la tête au-dessus du lot. A noter qu'il s'agit du nouveau projet de l'équipe derrière le médiocre FRANKENSTEIN'S ARMY, possédant in fine les mêmes qualités et limites de l'exercice. Certes élaboré ici de manière un peu plus soignée. Nick Jongerius n'est cependant pas un total inconnu, puisqu'il fut également attaché au scénario de DOOD EIND (chronique sur le site par ailleurs!), autre tentative néerlandaise horrifique de groupe de personnes coincé en pleine campagne faisant face à des forces surnaturelles. En gros, la même source d'inspiration que ce moulin de l'horreur, quoi. Pas un hasard, de retrouver le même compositeur pour les deux films, à savoir Erik Jan Grob.
THE WINDMILL MASSACRE (ou THE WINDMILL selon son pays d'exploitation) fonce tête baissée dans la formule du slasher, avec sa tentative de créer une figure monstrueuse et tutélaire avec « The Miller ». Une créature venant d'une légende néerlandaise, d'un tueur que la diable récompensa de par son si bon travail sur Terre… en lui proposant de continuer son oeuvre! Pour l'originalité scénaristique, il faudra quelque peu chercher ailleurs. The Miller reste un croquemitaine fantasmagorique, sorte de nouveau Jason Voorhees pour l'élagage de corps en pleine nature. Mais croisé aussi avec un soupçon de JEEPERS CREEPERS pour l'aspect éminemment surnaturel (et bien sûr le Bus stoppé en pleine nuit en rase campagne, pompage/référence directe à JEEPERS CREEPERS 2) couplé à une horreur suspendue à la HELLRAISER, Là où la narration souhaite élever le débat : la raison des attaques. A savoir que chaque protagoniste apparait graduellement posséder un crime inavouable en son sein. Et il s'agit de la repentance qui va aider (ou pas) à les extraire de ce passage vers l'enfer. Avec chacun prisonnier de son propre enfer. Rien de bien nouveau d'un strict point de vue structurel, d'autres longs métrages plus ou moins similaires sont aussi déjà passés par là, qu'il s'agisse de l'évidence pour LA NUIT DES PETRIFIES, LE MOULIN DES SUPPLICES ou encore REEKER.
L'élaboration des scènes de meurtres s'avère ingénieuse, brutale et sans pitié pour les victimes. La première étonne par justement car prend le spectateur par surprise - et le résultat éminemment jouissif - jambes coupées net et tête écrasée en gros plan - sonne la charge : ce sera du latex, des effets mécaniques et du gore à profusion (même si on dénote un chouïa de sang numérique qui n'avait pas vraiment sa place là). On sent un réel soin pris dans la construction des décors, les éclairages choisis, comme pour les effets rougeoyants du Quartier Rouge recréé pour l'occasion; les moulins perdent savamment leur côté sympathique et champêtre pour s'habiller d'une tonalité plus dramatique et horrifique. Jongerius ne perd pas de temps pour installer ses personnages, tout comme il enchaine les exécutions. Avec quelques touches bienvenues, comme le persoannge joué par Tanroh Ishida, Takashi (en hommage à Miike indique le réal dans le commentaire), ne parlant que japonais - ses propos traduits simultanément par Ruby (Fiona Hampton). Le problème restant malgré tout l'écriture : les différentes histoires de chaque participant arrive par flash back, n'ayant guère de liant les uns avec les autres. Le film tiendrait certainement mieux debout sous la forme d'un film à sketch genre LE TRAIN DES EPOUVANTES. La structure se révèle bancale au final, n'accordant que peu de temps de présence au moulin-même, malgré son idée ingénieuse de fonctionnement via le sang des victimes du Miller.
L'origine néerlandaise du film ne transpire pas vraiment dans sa fabrication. Certes on a droit à l'inévitable Amsterdam et son quartier de prostituées (un peu comme on droit à un coup d'accordéon à chaque film US se déroulant en France..) et la campagne plate bordée de moulins. Cela s'arrête là, puisque le film est tourné en anglais et la majeure partie des acteurs est… anglaise. On réside donc loin des autres efforts horrifiques bataves conservant et affirmant la spécificité locale de Dick Maas à la SINT ou au récent PROII (qui , au passage, a rencontré un échec redoutable lors de sorti aux Pays-Bas). THE WINDMILL MASSACRE se calibre précisément pour le marché international, avec sa structure de slasher anglophone sans grande prise de risque. Il faut oublier le côté « méchant sale gosse » qu'un Tommy Wirkola pu avoir avec un opus comme DEAD SNOW, auquel on pense irrémédiablement!
Le Blu ray allemand sorti chez Meteor Films offre une galette BD 50, au débit régulier et en 1080p. Le film a été tourné en numérique et surgit au format 1.78:1 pour une durée complète de 84mn44.Un accès via un menu animé aux teintes rouges, avec sélection de langues, aux bonus, au lancement du film et un accès à 16 chapitres. Content de constater que certains éditeurs pensent encore aux spectateurs pour ce pré-choix toujours bienvenu.
Pour un film se déroulant en très grande majorité en pleine nuit et dans une atmosphère humide, le rendu HD sen sort assez bien. En termes de détails, qu'il s'agisse de gros plans (Jack à 8mn02) ou de plans larges, la copie offre de jolies textures et contours précis. La gestion des niveaux de noirs reste aléatoire : entre Amsterdam de nuit (à 6 mn 56) qui tend vers le grisâtre et le reste du film qui oscille entre le très sombre et les plans fixes correctement éclairés- surtout ceux avec les effets spéciaux, donnent le meilleur des contrastes possibles.
Côté piste sonore, nous avons droit à deux doublages non compressés, en DTS HD MA 5.1, anglais et allemand, avec adjonction de sous-titres allemands optionnels. Le film a bien été tourné en langue anglaise avec quelques incursions néerlandaises et force est de constater l'efficacité multicanale. Une belle atmosphère audio, travaillée à la fois en arrière comme en stéréophonie, même si l'ensemble des dialogues proviennent principalement de la voie centrale. Aucun souffle notable, une belle puissance des basses : impeccable. J'ai fait l'impasse sur le doublage allemand, ne représentant à mes oreilles aucun intérêt particulier…
Passons à une partie suppléments assez riche! D'abord un Making Of de presque 4mn, qui ressemble plus à un segment promotionnel, avec réalisateur et acteurs intervenants soit sur le tournage ou en off. Un mélange d'anglais et de néerlandais (sans sous-titres). Plus intéressant, le « Behind the Scenes » qui, sur près de 20mn, montre vraiment le tournage de nuit et l'ambiance corolaire. Idem sur les différentes langues parlées toujours sans sous-titre. Et en y regardant de plus près, certaines images ont été extraites afin d'en monter le fameux Making Of cité juste avant. L'édition poursuit avec le commentaire audio de Nick Jongerius. Il apparait aussi jovial et communicatif que les acteurs le décrivent et comme il se montre sur les images du tournage. Il s'exprime en anglais parfois hésitant, ce qui peut rendre difficile l'écoute par instants. Beaucoup de compliments envers Noah Taylor qui l'aida considérablement sur les longs moments de tournage de nuit. Expliquant également les challenges techniques, la rapidité du tournage en peine ville avec plusieurs équipes, l'impossibilité de tourner en plein quartier « chaud » du fait des refus des prostituées d'être filmée. L'implication de Tanroh Ishida sur la réécriture du rôle de Takashi. Puis sur les scènes d'intérieur du moulin en élaborant des éclairages qui puissent être aussi proches que possible d'une idée de feu et d'enfer de chair… bouclant cette idée d'HELLRAISER exprimée juste avant. En tous points s'efforce-t-il de donner un maximum d'informations sur le produit fini et le plaisir global d'avoir tourné son film à lui. Informatif et fun.
Enfin, si l'on excepte le film annonce original en anglais et son doublage teuton, la section « trailershow » offre 8 films annonces de l'éditeur, tous doublés en langue allemande. A noter que le Blu Ray se lance avec un autre film annonce, impossible à éviter, celui de THE ONES BELOW avec Clémence Poésy.
Nul doute que le film va se vendre à peu près partout à travers le monde. Il serait étonnant ainsi de ne pas le voir débarquer chez nous prochainement. THE WINDMILL MASSACRE possède suffisamment d'éléments horrifiques et une une histoire passe-partout avec un effort d'écriture pour accrocher le fan de base. Qui devra être conscient néanmoins de ne pas espérer grand chose de plus qu'un film utilisant un chemin bien balisé : ni plus, ni moins qu'un groupe de personnes aux fautes morales punies par une mort horrible. Ce qui sauve le film de la banalité: son soin apporté aux meurtres et sa tentative d'élever quelque peu le propos. Que le film se passe aux Pays Bas ou au Japon importe peu - le film ressemble plus à un film de série B britannique qu'autre chose. La fin annonce une palanquée de séquelles qui, malgré tout, ne devraient pas trop voir le jour. Mais les amateurs de film d'horreur avec giclées de viscères se réjouiront d'un exercice joliment emballé, référentiel, prévisible et résolument amusant à suivre.