Nous sommes le 17 mars 994, jour de la Saint Patrick, millième anniversaire du Leprechaun et unique occasion pour lui de prendre épouse. Le diabolique lutin a bien évidemment pris les devants et reluque depuis quelques temps une jeune donzelle à la peau laiteuse et aux courbes sinusoïdales. Mais tout ne se déroulera pas comme prévu et le père de la dulcinée parviendra à empêcher ce mariage contre-nature. Horreur ! Le Leprechaun est donc contraint de se mettre au pain sec et à l'eau, et de patienter un millénaire de plus avant une nouvelle opportunité... Sans surprise, le nabot Irlandais s'avérera donc plutôt aigris et "tendu" lorsqu'en 1994, il pointera son nez dehors et se mettra à nouveau en chasse !
Après un premier volet ayant rapporté neuf fois sa mise sur le seul territoire américain, Trimark Pictures n'a qu'une idée en tête : donner une suite au succès surprise de LEPRECHAUN, premier du nom. Celle-ci ne se fera pas attendre et sortira dans les salles obscures seulement quinze mois plus tard. Malheureusement, le bilan sera aux antipodes. LEPRECHAUN 2 essuiera de très mauvaises critiques et sera boudé par les spectateurs, ne rapportant aux Etats-Unis que 2,26 millions de dollars, soit à peine plus que son budget initial. Les conséquences ne se feront pas attendre et ce second film sera aussi le dernier à connaître une sortie au cinéma. Les suivants devront se contenter de parutions directes en vidéo, avec des budgets revus à la baisse. Mais avec le recul, LEPRECHAUN 2 méritait-il réellement cette volée de bois vert ? Nous serions tentés de répondre par la négative...
Le film part en effet avec quelques atouts dans sa manche. Tout d'abord un changement de réalisateur qui, s'il laisse planer l'ombre du petit écran, se montre intéressant. Nous passons en effet d'un Mark Jones habitué aux épisodes de L'AGENCE TOUS RISQUES, RIPTIDE et SUPERBOY, à un Rodman Flender ayant accouché d'un UNBORN et d'un sympathique épisode des CONTES DE LA CRYPTE avec Joan Chen et Ernie Hudson. Le gène de la comédie horrifique est donc bien présent et le résultat se sentira à l'écran. Ainsi ce nouveau LEPRECHAUN joue t'il la carte d'un humour noir et grinçant plutôt convaincant, davantage que dans le volet précédent. Les allusions à la culture irlandaise fusent, l'alcool est souvent au cœur du propos, et les situations qui en découlent sont régulièrement cocasses. Nous noterons à ce titre que LEPRECHAUN 2 est, de manière étonnante, le seul métrage de la saga se déroulant lors de la Saint Patrick...
Nous renouons par ailleurs avec l'aspect décalé du premier opus et certaines séquences y font même écho avec succès. On pense par exemple à la voiture / jouet qui est ici remplacée par un karting dangereusement customisé. Mais ce nouveau volet sait aussi se démarquer de son modèle de bien des manières ! Tout d'abord, le Leprechaun du titre (deux fois millénaire) n'est à l'évidence pas le même que celui du film de Mark Jones (âgé de six cent et quelques années). Ensuite, là où le précédent pouvait imiter des voix, celui-ci peut créer des illusions visuelles et auditives pour le moins efficaces. Cela donnera lieu au meurtre le plus ludique du film, impliquant une paire de seins et une tondeuse à gazon ! Enfin, le Leprechaun nouveau exhausse également les vœux à sa manière, les ponctuant d'un "Is that your Wish ?" malicieux. L'idée sera reprise quatre ans plus tard par le WISHMASTER et son fameux "As you wish !".
LEPRECHAUN 2 est donc un film plutôt sympathique si l'on considère son humour particulier et sa poignée de mises à mort originales. Malheureusement et malgré un budget qui double le million du premier film, tout semble ici pensé "petit". Les décors se comptent donc sur les doigts d'une main, et la grosse majorité des séquences seront tournées dans un bar, ou dans la grotte du lutin. Là encore, on ne sent pas l'argent investi et le papier qui fait office de murs rocailleux ne crée guère l'illusion. On aura bien quelques effets de transparence ou de lévitation plus aboutis mais l'ensemble ne fait pas vraiment "cinéma" et lorgne davantage du côté du système D, de la bricole sérieusement Bis ou du petit téléfilm. Le jeu des acteurs tend par ailleurs à conforter ce sentiment, par le biais de prestations oscillantes entre le médiocre et le passable. Notons toutefois que derrière son sympathique maquillage, Warwick Davis continue d'assurer le show, et que Tony Cox, l'acteur nain-afro-américain d'Hollywood, fait un court passage remarquable...
Si LEPRECHAUN 2 s'inscrit aujourd'hui au sein d'une saga comptant sept opus, il n'était à l'époque qu'un deuxième volet, totalement indépendant du premier. Nos voisins d'outre-Manche profiteront de ce statut de «Reboot» pour tenter une approche marketing étonnante. Ainsi la pelloche sera t'elle éditée en vidéo sous le titre ONE WEDDING AND A LOT OF FUNERALS, à seulement quelques jours d'écart du succès international 4 MARIAGES ET 1 ENTERREMENT, ou FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL en version originale ! Ce trait de génie tombera malheureusement dans l'oubli et c'est bien sous le titre LEPRECHAUN 2 que le film sortira plus tard en DVD, puis Blu-ray. Le disque Lions Gate dont il est question dans ces lignes n'échappe bien évidemment pas à la règle.
Bien que partageant l'espace avec son prédécesseur, LEPRECHAUN 2 offre lui aussi une copie de grande qualité, à la compression invisible. Contrastes convaincants, noirs profonds, couleurs éclatantes et griffures quasi-absentes. Étonnant pour un si petit film ! La piste originale en DTS-HD Master Audio 2.0 est également propre et dynamique. Elle manque bien évidemment de relief mais les dialogues sont parfaitement clairs et la partition musicale bien mise en valeur. Un sous-titrage anglais pour mal-entendants pourra venir épauler certains spectateurs à l'anglais imparfait, alors que d'autres opteront peut être pour la traduction espagnole.
Du côté des suppléments, c'est là encore une très belle surprise. Nous trouverons donc une bande-annonce en haute définition et une galerie d'image d'environ quatre minutes. Mais le gros morceau est ici un documentaire d'une bonne vingtaine de minutes donnant la parole à la plupart des intervenants du métrage. Réalisateur, acteurs, producteur et responsable des effets spéciaux sont donc réunis pour évoquer l'orientation prise et différentes anecdotes liées au film. L'échec de celui-ci au Box-Office est assumé, même si pas forcément compris. Le constat sera peu ou prou le même à l'écoute du commentaire audio donnant la parole au réalisateur Rodman Flender. Reste que le souvenir amusé domine largement et que l'homme semble jeter un regard nostalgique et ce métrage simple, mais finalement assez significatif dans la carrière du monsieur. Après cela, Flender se tournera en effet vers l'univers télévisuel pour ne plus jamais en sortir...