Steve et Babe, deux aventuriers sans le sou, découvrent des informations indiquant la cachette de la tombe de la princesse Ananka. Mais celle-ci est protégée par les prêtres de Karnak et la momie vivante Kharis...
Dans la première moitié des années 30, Universal ne donne pas de suite à LA MOMIE. Il faut attendre sa "seconde vague" de films d'horreur (à partir de 1939) pour voir ré-apparaître ce monstre dans une série amorcée par LA MAIN DE LA MOMIE. Cette œuvre est confiée à Christy Cabanne, réalisateur expérimenté qui a commencé en assistant D.W. Griffith sur JUDITH DE BETHULIE de 1913 et en co-réalisant avec Raoul Walsh un documentaire consacré à la révolution mexicaine : LIFE OF VILLA de 1912. Il devient un réalisateur extrêmement productif, travaillant plutôt avec des budgets modestes, particulièrement dans le domaine du Western. Cabanne œuvre notamment pour Universal, firme chez laquelle il réalise LA MAIN DE LA MOMIE.
C'est Dick Foran (un acteur plutôt habitué aux seconds rôles : LA FORET PETRIFIEE aux côtés de Bette Davis, LE MASSACRE DE FORT APACHE de John Ford) qui tient le rôle du jeune premier. Son compagnon d'aventures est incarné par Wallace Ford, à la carrière intéressante. Il est le clown Phroso dans LA MONSTRUEUSE PARADE, on le retrouve dans LA PATROUILLE PERDUE de John Ford ou dans THE MYSTERIOUS MR WONG aux côtés de Bela Lugosi.
Surtout, le maléfique Andoheb, grand prêtre de Karnak, est interprété par George Zucco, spécialiste des rôles de méchant dans les films fantastiques des années 40 : il incarne Moriarty dans SHERLOCK HOLMES avec Basil Rathbone, et on le rencontre dans THE MAD GHOUL et LA MAISON DE FRANKENSTEIN. Enfin, la momie Kharis est incarnée par Tom Tyler, ancienne star de western dont la carrière s'émousse alors ; on le retrouvera à la même époque en super-héros dans les serials ADVENTURES OF CAPTAIN MARVEL et THE PHANTOM, ce dernier mettant en scène le Fantôme du Bengale. C'est à nouveau le maquilleur Jack Pierce qui conçoit ici le costume de la momie.
Suite à divers problèmes internes à son organisation (Carl Laemmle, fondateur de la Universal, est mis à la retraite par les actionnaires de sa compagnie), à des déboires financiers et à des problèmes avec la censure, la compagnie Universal a modifié sa politique de production : entre autres, elle cesse, à partir de 1936, de produire ces œuvres d'épouvante qui lui avaient pourtant rapporter de beaux succès comme DRACULA, FRANKENSTEIN ou LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN. Toutefois, une ressortie en double-programme de DRACULA et FRANKENSTEIN marche très bien et Universal se décide à produire LE FILS DE FRANKENSTIEN de 1939, avec Boris Karloff et Bela Lugosi.
C'est le début d'une nouvelle ère de l'horreur chez cette compagnie qui au début des années 40 ramène à la vie ses monstres les plus populaires. Ainsi, dès 1940, on assiste à LE RETOUR DE L'HOMME INVISIBLE, et à la résurrection de la momie dans LA MAIN DE LA MOMIE, début d'une nouvelle tétralogie. Suivront en effet LA TOMBE DE LA MOMIE (1942), LE FANTOME DE LA MOMIE (1944) et LA MALEDICTION DE LA MOMIE (1944). Pourtant, ce nouveau cycle reste prudent : acteurs de second rang, recyclage de décors construits pour des films plus prestigieux, stock-shots, budgets serrés... On est clairement plus proche de la série B que des productions horrifiques ambitieuses du début des années 30.
Dans cette nouvelle saga, ce n'est plus l'Imhotep de LA MOMIE qui est ramené à la vie, mais un certain Kharis au destin semblable. On ne ramène pas la momie à la vie en lui récitant une formule magique, mais en lui faisant boire une concoction à base de feuilles de Tana. A quelques détails près, le récit de LA MAIN DE LA MOMIE reste proche du film de Karl Freund, notamment en ce qui concerne les origines de Kharis : il a été momifié vivant pour le punir d'avoir volé des feuilles sacrées de Tana afin de ramener à la vie la princesse Ananka dont il était épris. Des archéologues à la recherche de la tombe de cette princesse vont subir le courroux de Kharis et de la redoutable secte des prêtres de Karnak. Le thème de la momie n'est guère renouvelé et comme dans les trois films suivants, Kharis est avant tout un tueur horrible et muet, se déplaçant lentement d'une victime à l'autre. Nous sommes loin du personnage élaboré et attachant composé par Karloff dans LA MOMIE.
Pourtant, LA MAIN DE LA MOMIE a des atouts dans son jeu. Son cadre de film d'aventures archéologiques et exotiques est plein de charme. Les héros sont tous bien interprétés par des comédiens sympathiques, tandis que Zucco nous propose un méchant inquiétant à souhait. Le récit est entraînant et le portrait des deux copains aventuriers fauchés laisse la part belle à un humour plaisant, annonçant quelques part LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE ou LA MOMIE de Stephen Sommers. Le tout est correctement rythmé, et on apprécie le passage se déroulant au Caire, avec les bagarres et les complots ourdis par de dangereux assassins.
Toutefois, le script est schématique, notamment en ce qui concerne la momie qui n'apparaît que fort peu, essentiellement en fin de métrage. De plus, la réalisation est par moment trop statique, le dénouement paraissant plat et lourd. Le manque évident d'ambition et de moyens du projet est embarrassant : les stocks-shots (ville orientale, désert), visibles comme le nez au milieu de la figure, pullulent. Le flash-back concernant le passé de Kharis nous ressert des scènes de LA MOMIE ; certains décors sont des remplois de ceux de L'ENFER VERT de James Whale, un film d'aventures se déroulant en Amérique du sud. L'extérieur du sanctuaire ressemble à tout (on identifie même des détails des temples cambodgiens d'Angkor !) sauf à un temple égyptien ; mais reconnaissons que son intérieur est réussi, bien que sous-exploité.
Malgré tout, LA MAIN DE LA MOMIE, sans être révolutionnaire, se suit sans ennui. Il divertit le spectateur avec un agréable spectacle fantastique et remplit ainsi son modeste contrat. Il est tout de même dommage qu'il ne soit pas plus ambitieux. En 1942, Universal produit LA TOMBE DE LA MOMIE, nouvel épisode des aventures du terrible Kharis, incarné à partir de ce film par Lon Chaney Jr. On y retrouvera, vieilli de trente ans, les personnages de Babe et Steve, ainsi que le redoutable Andoheb, pourtant laissé pour mort à la fin de LA MAIN DE LA MOMIE...
Parmi les cinq films de momie édité par Elephant Films en juin 2016, LA MAIN DE LA MOMIE a la chance de faire partie de ceux qui sont présentés en DVD mais aussi en Blu-ray. L'image nous est donc proposé en haute définition dans un transfert 1080p/24 respectant le format plein cadre d'origine. A l'écran, ce n'est pas époustouflant, il faut bien le reconnaître. L'image a, en tout cas, le mérite d'être stable et afficher un noir et blanc immaculé. La qualité est parfois variable, souvent sur les images repiquées dans LA MOMIE originale. La seule et unique piste sonore est au diapason. Le mono d'origine est retranscrit sans souci sur deux canaux.
Comme sur les autres disques de la collection «Cinema Monster Club», le disque contient des suppléments produits spécialement pour l'occasion. Sur tous les films de momie, on peut ainsi visionner une intervention de Jean-Pierre Dionnet qui évoque les origines de la créature d'un point de vue historique, littéraire et cinématographique. Une autre présentation filmée s'intéresse plus particulièrement à LA MAIN DE LA MOMIE. Cela s'axe essentiellement sur les comédiens et l'équipe technique. Une petite galerie de photos permet de voir une poignée de clichés du matériel promotionnel d'époque. Enfin, comme les autres disques de la collection, on peut voir les bandes-annonces de l'ensemble des films sortis à ce jour dans la collection !