Header Critique : FANTOME DE LA MOMIE, LE (THE MUMMY'S GHOST)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE FANTOME DE LA MOMIE 1944

THE MUMMY\'S GHOST 

Les années se sont écoulées après le pillage du tombeau d'Ananka par une équipe d'archéologues. Le grand prêtre d'Arkam décide qu'il est temps d'envoyer l'un de ses disciples aux Etats-Unis pour ramener le corps d'Ananka en Egypte. Pendant ce temps, un archéologue découvre le secret des feuilles de Tana qui, dit-on, auraient le pouvoir de redonner la vie éternelle !

LE FANTOME DE LA MOMIE n'est pas vraiment le film qu'il aurait dû être. Ainsi, le producteur Ben Pivar se retrouve sans réalisateur après que le cinéaste qui aurait dû tourner le film devient indisponible. Par défaut, le film est proposé à Reginald LeBorg. Cela semble d'ailleurs logique puisque le réalisateur vient de faire pour Universal JUNGLE WOMAN avec Acquanetta qui doit interpréter le premier rôle féminin du film. Pourtant, l'actrice suite à une chute malencontreuse, lors du premier jour de tournage, se retrouve à l'infirmerie des studios Universal. Plutôt que d'attendre qu'elle se remette, le producteur Ben Pivar pioche dans le vivier des actrices sous contrat avec le studio et donne le rôle à Ramsay Ames. Cela illustre assez bien l'aspect purement industriel de la majeure partie des films produits au sein des studios à cette époque. Durant les années 40, la plupart des films d'horreur de la Universal sont des séries B produites à la chaîne et dont la qualité est très variable.

Kharis, la momie, avait été brûlée dans LA MAIN DE LA MOMIE puis se consumait dans les flammes d'un incendie dans LA TOMBE DE LA MOMIE. Bien que surnaturelle, il semblait étrange que la créature puisse revenir. D'ailleurs, lorsque le personnage interprété par John Carradine apprend par la bouche du grand prêtre de son ordre que la momie est toujours en vie, il est lui-même extrêmement surpris. Il s'envole donc pour les Etats-Unis où, par une heureuse coïncidence, la momie déambule déjà aux alentours de la petite ville de Mapleton, comme au premier jour sans que l'on ne sache où elle était passé jusque là. Les habitants de la ville ne doutent pas bien longtemps de la menace qui plane dans les environs, ils l'ont déjà vécue auparavant au travers des événements décrits dans LA TOMBE DE LA MOMIE. Nous sommes clairement dans un produit de série, recyclant les éléments des films précédents tout en essayant de lui donner un peu de nouveauté. Ici, curieusement, l'histoire de Kharis ne nous est pas de nouveau contée au travers de flash-backs issus de LA MOMIE, le film original, et LA MAIN DE LA MOMIE. En réalité, le seul plan emprunté à ses prédécesseurs est un court passage où l'on peut voir, de dos, George Zucco gravir le grand escalier d'un temple, décor déjà recyclé de L'ENFER VERT de James Whale. On s'aperçoit d'ailleurs très rapidement que l'homme que l'on pensait être George Zucco est, au final, John Carradine grâce à la magie du montage et d'un fez vissé sur la tête. George Zucco étant à présent, et ce depuis le film précédent, grimé en vieux prêtre de l'ordre d'Arkam. Ce nom est un peu curieux puisque depuis LA MAIN DE LA MOMIE, il s'agissait de l'ordre de Karnak. Ce genre d'anicroche était déjà arrivé sur LA TOMBE DE LA MOMIE où le personnage joué par Wallace Ford devenait «Babe Hanson» au lieu de «Babe Jenson» dans LA MAIN DE LA MOMIE. On peut même noter que si le scénario original du FANTOME DE LA MOMIE donnait le nom d'Ahmed Bey au personnage joué par Robert Carradine, celui-ci est devenu Yousef Bey dans le film, à ne pas confondre avec le Mehemet Bey interprété par Turhan Bey dans le film précédent. Soyons réaliste, il est préférable d'abandonner toute logique en abordant la série de films mettant en scène Kharis, la momie. Cela n'aurait pas plus de sens que d'analyser de manière cartésienne la série des VENDREDI 13 !

La seule raison d'être du FANTOME DE LA MOMIE est de ramener sa créature et de lui permettre de distiller quelques frissons en laissant une poignée de cadavres sur son passage. Le début du FANTOME DE LA MOMIE présente un nouveau disciple recevant sa mission du grand prêtre, exactement comme dans LA MAIN DE LA MOMIE et LA TOMBE DE LA MOMIE. Le film applique une même recette. Néanmoins la vengeance contre les pilleurs de tombe n'a plus réellement de sens. Cette fois, il est plus question de rapatrier en Egypte la dépouille d'Ananka, dont le tombeau avait été profané dans LA MAIN DE LA MOMIE, et qui est à présent l'attraction d'un musée. Cela aurait pu suffire mais les scénaristes apportent un petit peu de sang neuf en recyclant, il est vrai, une idée directement piochée dans LA MOMIE de Karl Freund et indirectement dans DRACULA. L'esprit de la princesse Ananka se réincarne dans une jeune femme d'origine égyptienne et qui se trouvait dans les parages. Cette astuce scénaristique donne ainsi plus de validité à la «romance» injectée dans le film. En tout cas, cela semble largement plus sérieux que les amourettes très artificielles vécues par Turhan Bey dans LA TOMBE DE LA MOMIE ou George Zucco dans LA MAIN DE LA MOMIE. Pour le reste, il faut être honnête, la recette ne change pas tellement. Le disciple de l'ordre égyptien commande à la momie en utilisant des infusions de feuilles de Tana et la créature continue d'étrangler d'infortunées victimes avant d'enlever la jeune première. Pour meubler, on suit le shérif de la ville ainsi qu'un étudiant interprété par un comédien, Robert Lowery, âgé d'une trentaine d'années. Mais, à vrai dire, sur l'heure que dure film, les seuls passages vraiment marquants sont ceux où la momie est à l'écran ainsi que les scènes où John Carradine impose sa stature impériale. Quelques idées paraissent aussi assez incongrues pour donner un certain cachet à ce FANTOME DE LA MOMIE. Par exemple, la coiffure de Ramsay Ames se pare de deux mèches blanches, rappelant assez nettement celle d'Elsa Lanchester dans LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN. De même, le final pourra surprendre mais permet d'embrayer plus naturellement (encore que ?) vers LA MALEDICTION DE LA MOMIE.

Malgré sa fonction très commerciale, LE FANTOME DE LA MOMIE se hisse assez facilement au-dessus de son prédécesseur, LA TOMBE DE LA MOMIE, qui jouait un peu trop la facilité. Après LA MAIN DE LA MOMIE, il s'agit assurément du meilleur rejeton de LA MOMIE dans une série de films qui ne brille aucunement par son originalité ou son ambition.

LE FANTOME DE LA MOMIE était déjà disponible depuis bien longtemps en DVD du côté des Etats-Unis. Il faisait partie de la «The Mummy : The Legacy Collection» avec les autres films produits à la même période et LA MOMIE originale. On pouvait aussi le trouver en double programme avec LA MALEDICTION DE LA MOMIE. En France, à notre connaissance, la première édition DVD n'arrive qu'à la fin du mois de juin 2016 chez Elephant Films qui éditent depuis pas mal de temps déjà les suites des grands classiques du studio Universal. Ce DVD français du FANTOME DE LA MOMIE présente une copie du film rendant justice au noir et blanc d'origine. A l'écran, les défauts de pellicule sont anecdotiques et le rendu général est particulièrement satisfaisant. La seule piste sonore est en version anglaise, en mono d'origine codée sur deux canaux, épaulée par des sous-titrages français. Comme pour l'image, il n'y a rien à redire, audio ou vidéo, ce DVD permet de revoir le film dans de bonnes conditions. Il est néanmoins dommage que le film ne soit pas proposé en Blu-ray comme pour LA MAIN DE LA MOMIE et LA MALEDICTION DE LA MOMIE qui sont sortis à la même date et chez le même éditeur.

En complément, le disque propose une courte présentation du film par Jean-Pierre Dionnet. Cette présentation se lance d'ailleurs à l'insertion du disque et n'apporte pas de réelle information si ce n'est de nous rappeler que cinq films mettant en scène des momies sont disponibles chez l'éditeur. Le même intervenant nous dresse un portrait général de la momie, en évoquant ses sources, le film de Karl Freund ainsi que ses suites. Evidemment, les films de la Hammer sont mentionnés ainsi que le film de Brendan Fraser mais cela n'ira pas vraiment au-delà. Une présentation plus spécifique du FANTOME DE LA MOMIE est aussi disponible, histoire de parler essentiellement du réalisateur et des comédiens. Une galerie de photos d'une douzaine de pages permet de voir des affiches et photos d'exploitation d'époque. Enfin, et c'est une pratique louable, l'intégralité des bandes-annonces de la collection est disponible sur le disque. Dracula, Frankenstein et des loups-garous viennent raviver les souvenirs de l'âge d'or du cinéma fantastique des années 30, 40 et même 50 !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
55 ans
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573 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
On aime
La prestance de John Carradine
Un aspect romantique plus naturel
Surement la meilleure suite de LA MAIN DE LA MOMIE
On n'aime pas
Malgré sa durée, quelques passages bouches-trou
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L'édition vidéo
THE MUMMY'S GHOST DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
58 mn
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • La momie par Jean-Pierre Dionnet (14mn28)
    • Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (7mn18)
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