Après plusieurs années de séparation, Nick (Dan Ewing) revient dans la maison familiale en pleine campagne australienne pour revoir son frère Tristan (Tim Pocock). Le décès de leur grand père leur laisse le choix de laisser un terrain aux aborigènes locaux, ou la revente. Un entrepreneur cherchant justement à acheter l'ensemble, Tristan semble enclin à la revente. A l'arrivée d'une bande d'amis, il semble néanmoins que quelque chose de tapi dans l'ombre rôde autour de la maison.
Comme beaucoup de longs métrages proposés lors du marché du film de Cannes, les résumés laissent plus ou moins présager le produit auquel on va faire face. Ici, les divers magazines professionnels ne préparent en rien à RED BILLABONG, présenté comme thriller. D'une part, il n'en est rien et d'autre part, personne ne prévient non plus que les effets spéciaux n'étaient pas complètement terminés.
Certains bruits cannois annonçaient également que le film pencherait plus vers le film de monstre. Aaaah, voilà une nouvelle qui rassure. Et il s'agit exactement de la direction que le réalisateur/scénariste Luke Sparke, dont il s'agit du premier film cinéma, s'attache à prendre assez rapidement. Dès la séquence pré-générique, quelque chose de visiblement énorme et puissant, vu hors-champ, précise sa présence. Et dès la réunion des deux frères, la nuit tombée apporte son lot de bruissements, hurlements et autres ombres inquiétantes. Chouette!
Malheureusement, il faut déchanter très rapidement. Dès l'arrivée d'une -bande de vingtennaires à la con, tendance sexe drogue, re-sexe et re-drogue, avec musique rock FM aux paroles puissantes. Juste une bande de cons qu'on envie de voir crever dès leur apparition à l'écran. Avec la mention « chair à canon » greffé sur les lissages de cheveux et autres maquillages frontaux. Une heure. Une heure de palabres, de discussions sans queue ni tête, de beuverie timide, d'amants séparés qui se retrouvent, de fratrie en guerre larvée, de jalousie… stooooop! Une heure qui ne sert à rien du tout, si ce n'est remplir le cahier des charges de jeunes femmes à la poitrine généreuse, d'amours contrariés, de beaux mecs torse poils qui emplissent l'écran Scope pour une raison totalement inconnue. Pendant une heure, RED BILLABONG ne raconte rien, ne parle de rien. En clair : on se fait chier grave. Même pas d'érotisme discret, même pas d'accès de violence. Du film de genre tendance Monsiuer Propre. Du vide, du morne.
Après tout ce temps, les auteurs se sont quand même dit qu'il fallait peut-être rattacher les séquences de bruissements de feuillage à un argument quelconque. Donc un monstre mythique issu d'une légende aborigène locale, où un dieu très très con a balancé des créatures très très méchantes dans l'eau pour qu'on les mette quelque part et qu'elles foutent la paix aux autres. Ou pas. Et à la faveur de… on ne sait pas très bien, en fait, ben les créatures ressortent. Et il lui faut trois jeunes filles à hypnotiser et mettre à l'eau pour qu'elles deviennent à leur tour très très méchantes et que la créature revienne sur Terre mettre le bocson. Au final, on aura droit à une créature qui sort de trou d'eau pour chopper quelques humains au passage.
Tout cela vaut bien n'importe quel argument monstrueux à la Nu Image ou à la The Asylum. RED BILLABONG ne joue pas dans la même cour. Le film se révèle d'ailleurs techniquement compétent au département cadrage, mise en lumière. un Scope assez ample, profitant au maximum des superbes paysages choisis en la circonstance. Pour le reste, les acteurs s'avèrent tous aussi redoutables les uns que les autres. une bande de quiches lorraines aussi expressives que des lardons qui partent à la cuisson. mention au héros musculeux Dan Ewing, au regard inexpressif qui tente désespérément de faire ressentir sa douleur interne. Ce qui n'arrange en rien un film qui traîne désespérément en longueur et qui ne fait pas espérer au spectateur la fin de la torture.
Il bénéficie aussi d'un scénario parmi les plus stupides qui existent ces derniers temps. Des scènes qui s'enfilent sans queue ni tête. Raccrochées les unes aux autres via un montage aléatoire, languide. Allant même jusqu'à la disparition d'un des personnages la jolie Rebecca (Jessica Green) en bikini, partie se baigner pendant plusieurs heures sans que personne ne s'en rende compte. Ou plutôt si, à la faveur d'une réplique particulièrement stupide et tardive d'une des deux autres filles en présence, Kate (Emily Joy). Sa ligne de dialogue a d'ailleurs provoqué un bel éclat de rire dans la salle (à noter que c'était pas le but recherché). Et on en vient aux dialogues… et dire que quelqu'un a été payé pour écrire ça. Périssant d'ennui de stéréotypes de films de genre. Et on pense intérieurement que, quand même, après avoir avalé des kilomètres et des kilomètres de films fantastiques en tous genres, les auteurs pourraient apprendre à ne pas tomber dans les sempiternels même pièges, personnages décharnés, rebondissements prévisibles 1/2 heure à l'avance… même pas. Les auteurs se contentent d'enfiler des pâtés de facilité à destination d‘un public probablement jugé décérébré, peu exigeant - et certainement pas amateurs de frissons. Car il n'y a aucun sursaut, aucune peur ni suspense… ou peut-être une seule idée quelque peu burnée à la fin. il aura fallu subir entre temps l'arrivée de la créature, le retour inopiné du méchant beau-père (ils sont tous méchants, chacun le sait) et l'attaque du monstre par une simili-armée de mercenaires armés jusqu'aux dents.
Et là : l'horreur. Jamais un film de monstre du XXIe siècle n'aura été aussi mal branlé, mal monté, mal joué. Quand on voit ce que les norvégiens ont effectués avec TROLLHUNTER et son budget de misère, on se dit que les australiens auraient du en prendre de la graine. Même avec des effets spéciaux visuels pas terminés, RED BILLABONG fait vraiment peine à voir. Le monstre n'est que très peu vu, sa capture particulièrement conne et rapide et les rebondissements ahurissants, tombant comme des cheveux sur la soupe. On en tombe à une niveau quasiment amateur, aux réactions débiles des principaux concernés… et à l'enjeu quasi nul. Même la préoccupation écologico-aborigène est mise par terre par un manque flagrant d'ampleur et surtout, de talent. Entre des ellipses effarantes, un déséquilibre évident avec 2/3 du tiers perdus dans des interactions amoureuses inutiles, des coupes brutales, des bagarres ratées, ce sont surtout les zygomatiques qui travaillent. Mais également la patience du spectateur qui aura survécu jusque là. Tout autant joliment filmé et éclairé, son potentiel de film à monstre tombe à côté de la plaque, et les friands d'attaques de monstres vont tomber de plusieurs falaises. Même une production The Asylum médiane offre plus à voir et ne se perd pas en conjectures. Un montage plus resserré lui siérait décidément beaucoup mieux, mais ne sauvera pas vraiment le film de l'oubli dans lequel il tombera d'ici quelques mois.