Alors qu'une vague de meurtres horribles sont perpétrés à Londres, Phyllis Allenby est intimement persuadée qu'elle est frappée par une malédiction familiale. La jeune femme se transformerait durant la nuit pour commettre ces crimes atroces. Pendant ce temps, un détective de Scotland Yard croit dur comme fer que les assassinats sont l'oeuvre d'une femme loup-garou !
En 1931, avec DRACULA, la Universal ouvre son âge d'or du cinéma horrifique. Durant une quinzaine d'années, le studio va produire plusieurs dizaines de films à même d'effrayer les spectateurs avec des vampires, des créatures étranges, des savants fous, des spectres, des momies et des loups-garous. La créature velue, la Universal la présente dès 1935 avec LE MONSTRE DE LONDRES avant de produire le film référence : LE LOUP-GAROU. Avec ces deux films, le studio hollywoodien pose les bases du loup-garou avec un personnage tourmenté et portant sur ses épaules une malédiction pouvant se transmettre ! Le loup-garou, on le retrouvera dans plusieurs autres films produits par la Universal comme FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU, LA MAISON DE FRANKENSTEIN ou encore DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN, le monstre n'étant plus qu'un générateur de gags dans ce dernier film !
En 1946, SHE-WOLF OF LONDON arrive en bout de course de cette période ultra productive des studios dans le domaine de l'horreur ! Et c'est peut être parce que les créatures ont été exploitées à outrance que SHE-WOLF OF LONDON adopte une trame qui met essentiellement l'accent sur son intrigue romantico-policière tout en délaissant un peu les apparitions chocs d'une bestiole velue ! Ainsi, le film ne pioche pas du côté du classique LE LOUP-GAROU contrairement à ce que l'on pourrait croire. SHE-WOLF OF LONDON se place plutôt du côté de LA MARQUE DU VAMPIRE, THE DEVIL BAT'S DAUGHTER ou DAUGHTER OF DR JEKYLL. Tous ces films, à l'instar de SHE-WOLF OF LONDON, jouent avec les apparences surnaturelles et la superstition au sein d'une histoire criminelle. En soi, cela s'avère plutôt malin et permet de conserver une part de mystère alors que l'on découvre petit à petit les liens qui unissent les personnages sur fond d'une vague de crimes perpétrés par un monstre. Mais cela risque aussi de frustrer les spectateurs dont l'attente serait plus pragmatique et en rapport avec le titre original. En visionnant SHE-WOLF OF LONDON, on s'attend à découvrir à plusieurs reprises dans toute sa splendeur une créature à poil. Ce n'est pas du tout le cas ici ! L'horreur reste le plus souvent hors-champ et suggérée. A ce titre, on pense bien sûr à l'héroïne de LA FELINE persuadée d'être la victime d'une malédiction ancestrale. Ou encore, toujours chez Jacques Tourneur, à L'HOMME LEOPARD avec cette vague de crimes animale qui cachent un autre secret. Ces deux films sont d'ailleurs sortis quelques années avant SHE-WOLF OF LONDON. Soyons réaliste, en matière de suggestion horrifique, Jean Yarbrough n'a pas le même talent que Jacques Tourneur.
Après HOUSE OF HORRORS et THE BRUTE MAN, Jean Yarbrough signe avec SHE-WOLF OF LONDON son troisième et dernier film d'horreur réalisé durant cette période à la Universal. Auparavant, dans le registre qui nous intéresse, il avait réalisé deux autres titres «marquants» au sein de studios bien plus modestes : THE DEVIL BAT et KING OF THE ZOMBIES. Jean Yarbrough était donc avant tout un artisan de la série B fonctionnelle et efficace ! C'est exactement ce qu'est SHE-WOLF OF LONDON. Le cinéaste a réussi à tirer parti des moyens mis à sa disposition pour réaliser un charmant petit spectacle. On regrettera quelques séquences sans intérêt tel qu'un long monologue shakespearien qui ne fait en rien avancer l'histoire. D'autant que l'on peut déplorer qu'au moins une scène concernant la jeunesse de l'héroïne n'a jamais fait partie du montage final de SHE-WOLF OF LONDON et qu'elle aurait peut être donné quelques explications concernant la malédiction familiale des Allenby. Car cette partie de l'intrigue reste bien mystérieuse dans le film ne dévoilant quasiment rien concernant le fait que la jeune héroïne ou ses ancêtres auraient pu se transformer en loups-garous assoiffé de sang !
Signe que les grands monstres se raréfient à l'époque, SHE-WOLF OF LONDON sera distribué en double programme avec THE CAT CREEPS dans le courant de l'année 1946 aux Etats-Unis. THE CAT CREEPS est, lui aussi, un thriller policier flirtant avec le drame gothique et où les apparences sont trompeuses. Il faudra attendre les années 50 pour que la Universal s'intéresse à nouveaux à des monstres plus contemporains et en phase avec les peurs de l'époque comme TARANTULA ou L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR.
Elephant Films sort SHE-WOLF OF LONDON dans sa collection «Cinema Monster Club» qui permet de revoir les films de monstres de la Universal dans de toutes nouvelles éditions. Tous les titres ne sont pas logés à la même enseigne puisque certains sont proposés en Blu-ray mais pas d'autres. SHE-WOLF OF LONDON n'a ainsi pas les honneurs de la haute définition et le film n'est proposé qu'en DVD. Pour de la simple définition, l'image de SHE-WOLF OF LONDON s'en sort plutôt bien et le rendu de l'image est plutôt agréable. Pour visionner le film, on peut choisir entre la version originale sous-titrée ou un doublage en français. Dans les deux cas, nous avons affaire à des pistes en mono d'origine codées sur deux canaux. Le passage du doublage français à la version anglaise est sans appel, c'est la version originale sous-titrée qui se montre la plus agréable en ce qui concerne le jeu des comédiens. Le doublage français se montre plutôt artificiel, donnant même l'impression d'être surjoué. On peut se demander s'il s'agit bien d'un doublage datant des années 30 ou d'une piste enregistrée plus récemment. D'ailleurs, le film n'a pas été diffusé en France dans les salles de cinéma. Quoi qu'il en soit, ce DVD présente le film sans véritable défaut technique et c'est bien l'essentiel !
Comme les autres titres de la collection, le DVD de SHE-WOLF OF LONDON reprend les bandes-annonces de tous les films disponibles dans cette collection au moment de sa sortie. Cela représente pas mal de mises en bouche qui permettent de se replonger avec plaisir dans l'univers de ces films ! A côté, on trouve encore une galerie de photos ainsi que deux présentations de Jean-Pierre Dionnet. La première revient d'une manière générale sur les loups-garous et elle est aussi présente sur les éditions Blu-ray et DVD du MONSTRE DE LONDRES sorties à la même date. La seconde présentation s'intéresse plus spécifiquement à SHE-WOLF OF LONDON et s'avère moins passionnante et plus hésitante. On sera d'ailleurs surpris, entre autres, que Jean-Pierre Dionnet évoque SUPER JAIMIE sous son titre original, BIONIC WOMAN, alors qu'il s'agit d'une série télévisée extrêmement connue en France ! Cette édition DVD est, en tout cas, fort sympathique.
