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Critique du film
DXM 2015

 

Un groupe de jeunes étudiants en physique quantique aux champs d'investigation différents intègrent un groupe de projet au sein de la société DxM. Ceci afin d'élaborer un process capable d'aller au-delà du système nerveux humain - de créer réseau neuronal indépendant. Et d'aider à faire remarcher un coureur nommé Voltaire (Ryan Doyle) devenu paraplégique. De la possibilité de « brancher » un cerveau sur n'importe quel corps. Après un premier succès, les étudiants croient dans le fait de faire bénéficier gratuitement à chacun cette possibilité, ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Mais surtout, que se cache derrière DxM?

A la fin de la projection de DxM, un mélange d'hébétude, de perplexité, d'interrogation. A quoi vient-on exactement d'assister? Un film? Sans aucun doute. De quelle trempe? Mystère. Le logo Warner en début de générique indique vraisemblablement un projet d'ampleur auxquels certains ont du croire l'espace d'un pitch qu'on imagine effectué entre quatre murs, une palanquée de créatifs, douze rails de coke, des conseillers digitaux hipsters-cool et du xanax. J'aurais bien aimé voir la tête des responsables Warner lorsqu'ils ont vu le produit fini. Espéraient-ils un nouveau MATRIX? Si oui, ils ont du tomber de haut.

Soit donc dans un futur proche la société DxM qui fait travailler des jeunes génies sur la possibilité de transfert de pensées et impulsions d'une personne à l'autre. A moins qu'il ne s'agisse d'un transfert d'âme? D'autant que cela semble se dérouler au coeur du Vatican, et que dès les premières images, un des émules du Pape se fait assassiner par un curieux membre du clergé (Sam Neill, en mode halluciné croisant L'ANTRE DE LA FOLIE et EVENT HORIZON) qui vient d'annoncer la fin de la religion. Et que seul lui, à travers la science et une machine spectaculaire, possède la solution pour faire que les humains croient à nouveau en Dieu et suivent la religion… nouvel ordre de la manipulation de masses? Un détail amusant : la machine de Sam Neill offre des réminiscences étranges du portail contenu dans EVENT HORIZON!

Sous ses airs de projet ambitieux à la narration complexe, cette co-production austro-britannique d'Andrew Goth (auteur du GALLOWWALKER avec Wesley Snipes),, se révèle un gloubiboulga indigeste, régurgité suite aux ingestions d‘influences de jeux-vidéos, de termes fumeux de biologie quantique et autres théologies du genre de l'âme. Plutôt que de parler de complexe, on préfèrera le terme compliqué. Car au bout d'une heure, difficile de savoir véritablement ce qu'il se trame à l'écran. Que ce soit voulu ou non, que la volonté des auteurs soient de faire travailler les neurones de spectateurs - si jamais le film sort un jour quelque part au cinéma, ce dont on doute fortement pour notre pays-, il faut un minimum d'ordre et de compréhension. A moins de jouer sur le mode sensoriel, du style AMER. Mais, non, DxM ne parait pas non plus se diriger dans cette direction.

Tourné en Roumanie, ce long métrage oscille entre un look digital-branché avec son lot de jeunes néo-gamers surdoués à la vingtaine fraîche (ça va plaire au public) et sa vision du monde en décrépitude façon Z transalpin ou genre NEMESIS 4 pour les décors extérieurs. On a juste du mal à avaler ce que Goth tente de nous enfoncer au fond de la gorge avec un visuel tantôt léché, parfois hors de tout. Un curieux mélange de clip d'Enigma avec la sempiternelle opposition science et religion. Avec des airs d'Alice de la saga RESIDENT EVIL pour se diriger vers une gigantesque chorégraphie sortie tout droit de l'univers de Mylène Farmer version années 90. Une manière de raconter une histoire (ou deux) (ou six) alambiquée qui peine à faire sentir à qui s'adresse le film. Cette bataille pour le contrôle du subconscient finit par agacer plus que de passionner. D'autant que l'aspect technique révolutionnaire se voit contrebalancer par une balourdise de mise en scène parfois confondante : la scène de massacre, notamment, ou la symbolique lourdingue de l'ange déchu (Antonia Campbell-Hugues, inexpressive).

Que DxM parle de grandes corporations tendance World Company qui souhaite dominer les grands ensemble, de réalités alternatives, de générations connectées à l'extrême ou de nouvelles religions… il le fait de manière élusive, souffrant de delirium tremens à force de vouloir désorganiser le fil narratif. Le long métrage parlera à celles et ceux qui auront abusé de substances illicites avant le métrage, c'est une évidence. Tout implose/explose dans un nouvel ordre techno-religieux : la croyance en Dieu (et Dieu lui-même) n'existent plus dans leur forme actuelle.

Il faudra quand même beaucoup de patience, de sagacité aux courageux qui s'aventureront à la vision de DxM. Le film souffre d'un tel imbroglio scénaristique qu'il empêche tout un chacun de se frayer un chemin compréhensible et auditif. DxM (comprendre au final Deus ex Machina) fait plus office d'expérience que de film. On comprend très mal, entre les différentes couches de scénario qui s'empilent les unes sur les autres, les passages verticaux d'une couche à l'autre, le final-gigogne qui sent bon les effets spéciaux numériques assez gratuits… franchement, quel décisionnaire a pu penser que cela intéresserait qui que ce soit?

En fait, après la vision du film, on en vient à se demander s'il s'agissait d'un Work In Progress monté à la va-vite pour une présentation au Marché du Film, ou la vraie version finale. Sous cet aspect, le film reste nébuleux, ampoulé, prétentieux, insupportable...

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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