Dans les années 70, un professeur d'université dirige une expérience sur une jeune femme. Mais quand les dirigeants de l'université où il enseigne lui coupent les vivres, il décide de continuer ses travaux dans une maison éloignée de tout…
Après une glorieuse période, la Hammer Films aura bien du mal à affronter les années 70 pour finalement fermer ses portes dans les années 80. Une trentaine d'années plus tard, la maison de production est ravivée, le nom reste le même mais, soyons franc, cela s'arrête là ! D'ailleurs, parmi les nouvelles productions de la Hammer Films, on peut difficilement trouver de véritables points communs avec les œuvres les plus marquantes du passé. S'il y a une envie de renouer avec une certaine idée du gothique dans LA DAME EN NOIR, cela s'avère tout de même assez éloigné de ce que nous proposait auparavant la Hammer Films. LES AMES SILENCIEUSES ne fait pas exception ! A vrai dire, le film de John Pogue fait beaucoup plus pensé à un démarquage de LA MAISON DU DIABLE. Ainsi, on retrouve un scientifique qui emmène quelques étudiants dans une maison isolée en vue de capter des phénomènes paranormaux. Le film reprend aussi une partie des ficelles utilisées pour créer la peur dans le classique de Robert Wise. Toutefois, LES AMES SILENCIEUSES aborde le sujet sous un angle plus ou moins différent. Ici, il n'est pas question de capter la preuve de l'existence de spectres. Le scientifique a une théorie bien différente. En effet, il est intimement persuadé que les fantômes et autres esprits frappeurs sont, en réalité, le fruit de notre inconscient. Cette idée repose sur une histoire vraie, celle d'une expérience s'étant déroulée au début des années 70. Evidemment, le film ne fait que s'inspirer de cette expérience et surtout de sa théorie non prouvée à ce jour. Le déroulement de l'intrigue a ainsi été inventé de toutes pièces à l'instar du scénario de THE APPARITION qui se basait, lui-même, sur les mêmes faits.
Si le film s'inspire très nettement de LA MAISON DU DIABLE, il ne réussit pas à se hisser au même niveau. Néanmoins, le film de John Pogue est une agréable surprise dans son genre. Il rassemble plusieurs thèmes à la mode et nous offre un film disposant d'une facture plutôt classique. Dans LES AMES SILENCIEUSES, nous sommes confrontés à une jeune femme qui serait possédé par un esprit maléfique, plaçant le film sur le créneau des films de possession. La présence d'un caméraman chargé de filmer l'expérience place LES AMES SILENCIEUSES dans la mouvance des longs-métrages tournés à la première personne sans pour autant s'y jeter pleinement. Car si une partie des images sont bien captée par la caméra de l'un des personnages, LES AMES SILENCIEUSES adopte en alternance un point de vue cinématographique plus traditionnel. A partir de là, on pourrait penser qu'il s'agit d'une œuvre totalement opportuniste. Que ce soit le cas ou pas, LES AMES SILENCIEUSES est rudement astucieux en mélangeant les mouvances dans l'air du temps avec un cinéma d'épouvante bien plus ancien. Alors, oui, John Pogue abuse des bruits inquiétants, pousse à fond le son pour mieux stresser le spectateur. Mais le cinéaste et les scénaristes des AMES SILENCIEUSES instaurent une véritable ambiance qui nous plonge petit à petit dans les zones d'ombres d'un duo de personnages. Les autres intervenants de l'histoire sont surtout les spectateurs d'une dépendance malsaine dont les tenants et aboutissants nous seront révélés au fur et à mesure. Les effets faciles et bourrins des AMES SILENCIEUSES ne fonctionneraient pas aussi bien sans la manière dont sont dévoilés avec parcimonie les éléments d'un puzzle psychologique assez intrigant. Malheureusement, le film ne va pas connaître le succès, boudé par le public dans les pays anglo-saxons, il arrive en France directement en vidéo.
Metropolitan propose de voir LES AMES SILENCIEUSES en Blu-ray et DVD. Sur le disque en haute définition, on peut visionner le film au travers d'un transfert 1080p/24 de belle facture qui retranscrit une photographie qui tente de se donner un aspect 70's. Il ne faut donc pas s'attendre à une image cristalline de bout en bout, surtout que LES AMES SILENCIEUSES juxtaposent des images tournées dans plusieurs formats différents : faux documents anciens en 4/3, tournage d'images au format 1.66 en pseudo 16mm ou encore avec des prises de vues cadrées de manière standard. D'un point de vue artistique, on a tout de même un peu de mal à voir la différence (en dehors de la taille du cadre) entre certaines de ces images. Mais cela n'a vraiment rien à voir avec la qualité du Blu-ray qui est une réussite !
Pour voir LES AMES SILENCIEUSES dans les meilleures conditions, plongez-vous dans l'obscurité pour ne garder que votre écran comme source de lumière. Et, surtout, poussez le son de votre ampli pour tirer pleinement parti du contraste saisissant entre les espaces silencieux et les déferlements de sons surnaturels ! Les pistes DTS HD Master Audio 5.1 s'en donnent à cœur joie et cela participe pleinement à l'expérience inquiétante du film !
Hélas, il y a un bémol ! Le Blu-ray des AMES SILENCIEUSES ne présentent que le film, quelques bandes-annonces et… rien d'autre ! Il n'y a donc aucun véritable supplément lié au film, pas même un petit documentaire promotionnel ! LES AMES SILENCIEUSES devra donc se suffire à lui-même en tant que petit film d'épouvante particulièrement bien troussé !
