Suite à une panne de moteur, un pilote d'avion de reconnaissance d'une société de pêche est contraint de se poser aux abords d'une petite île isolée. Il est rejoint rapidement par un ami et collègue. Les deux hommes vont alors être les témoins d'un combat ahurissant ! Deux dinosaures s'affrontent avant de disparaître. Après avoir raconté leur incroyable histoire aux autorités, il ne fait aucun doute qu'un nouveau Godzilla menace le Japon et il est accompagné d'un autre dinosaure tout aussi dangereux !
En 1954, lors de sa sortie dans les salles des cinémas japonais, GODZILLA rencontre un joli succès auprès du public et ce même s'il sera dépassé la même année par des films comme LES SEPT SAMOURAIS. Tomoyuki Tanaka lance donc très rapidement la mise en chantier d'une suite alors qu'il n'avait jamais été question à l'origine de produire d'autres films de monstres géants à la Toho. Heureusement, bien que la créature soit détruite à la fin du premier film, GODZILLA laissait la porte ouverte sur l'éventuelle apparition d'autres créatures. LE RETOUR DE GODZILLA va se faire si vite qu'il sortira au Japon seulement six mois après la distribution de GODZILLA. Une nouvelle fois, on fait appel à l'auteur de science-fiction Shigeru Kayama pour poser les grandes lignes de l'intrigue alors que Takeo Murata, épaulé par Shigeaki Hidaka, l'étoffe pour aboutir au scénario définitif. Mais Inoshiro Honda s'est éclipsé et ne va pas participer à la réalisation du RETOUR DE GODZILLA. C'est Motoyoshi Oda qui va le remplacer pour la mise en scène de cette suite de GODZILLA.
Le film original était empreint d'une ambiance sérieuse, voire même carrément noire. Dès cette première suite, la série va se montrer plus légère. LE RETOUR DE GODZILLA commence d'ailleurs à poser les bases des films à venir. Pour la première fois, Godzilla est confronté à un adversaire à sa taille. Cela permet ainsi de filmer des pugilats de monstres se roulant sur des maquettes. Cela entame d'ailleurs sérieusement le ton réaliste du premier GODZILLA. La thématique du nucléaire, des armes de destruction massive et les dilemmes scientifique, LE RETOUR DE GODZILLA préfère les oublier pour se concentrer sur deux intrigues assez linéaires. Le film est même empreint d'un certain optimisme. Lorsqu'un entrepreneur voit les installations de son usine rasées par les créatures, il va de l'avant et entame une réorganisation constructive, remontant le moral de ses troupes. Après les horreurs de la guerre et du nucléaire, il y a donc une nouvelle ère qui s'ouvre devant les personnages, symbolisant, peut être, la reconstruction du Japon en cours à l'époque. Le conflit est même évoqué au travers des vétérans d'une escadrille dont le héros, reconverti en pilote dans l'industrie de la pêche, faisait parti durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais le traitement est assez superficiel et s'éloigne beaucoup de l'astucieux scénario de GODZILLA.
Dans l'épilogue du premier film, le personnage de Takashi Shimura annonçait l'arrivée probable de nouveaux monstres. Dans le contexte de GODZILLA, le scientifique évoquait d'autres guerres et d'autres menaces aussi imposantes que les bombes nucléaires. Le comédien reprend son rôle dans LE RETOUR DE GODZILLA mais il n'apparaît que très peu dans le film. Son personnage sert surtout de lien et permet d'introduire quelques minutes spectaculaires du premier film. De quoi augmenter à moindre frais la durée du RETOUR DE GODZILLA qui, rappelons-le, fut réalisé à la hâte. Si Motoyoshi Oda abandonne le traitement visuellement documentaire du premier GODZILLA, il adopte tout de même quelques curieux choix de mise en scène. Par exemple, les images d'archive de GODZILLA sont montrées sans aucun son lors d'une réunion de crise, de façon à renforcer l'aspect authentique du document. Plus tard dans le film, une autre séquence spectaculaire, filmée de loin, sera présenté de façon quasiment silencieuse. Ces quelques séquences interpellent et, dans le même temps, donnent étrangement un côté imposant à ce que l'on nous montre. Voilà qui fait partie des rares surprises du RETOUR DE GODZILLA. Car, pour le reste, le film développe un canevas très classique, que ce soit pour les monstres ou les petits humains. Hormis les apparitions de Godzilla et Anguilas, l'autre dinosaure, LE RETOUR DE GODZILLA fait un peu dans le mélodrame avec ses pilotes romantiques. Sans véritable saveur, cette partie du film est aux antipodes de SEULS LES ANGES ONT DES AILES d'Howard Hawks, dans un registre vaguement similaire.
Soyons honnête, LE RETOUR DE GODZILLA n'est vraiment pas à la hauteur de son modèle, cherchant surtout à reproduire la forme plus que le fond. Mais il s'agit tout de même d'un petit film résolument sympathique. A l'origine, la Toho n'avait pas réellement l'ambition d'installer une série cinématographique à même de continuer à forger la légende de Godzilla. Pour preuve, il va s'écouler sept longues années avant que le monstre ne revienne sur les écrans des cinémas. En 1962, la Toho va innover à plus d'un titre puisque KING KONG CONTRE GODZILLA sera le premier Godzilla en couleur, tourné en format large, et annoncera une rencontre hors norme entre les deux monstres géants les plus connus du cinéma ! A partir de ce film, les titres se succèderont pour atteindre une trentaine de longs-métrages ! Et dans cette longue filmographie, on trouve deux RETOUR DE GODZILLA. Le film dont il est question ici mais aussi celui qui va ouvrir la série de long-métrages produits du milieu des années 80 au milieu des années 90 !
LE RETOUR DE GODZILLA n'est pas un chef d'œuvre et il apparaît donc assez opportun que le film se cache dans les suppléments de l'édition Blu-ray et DVD de GODZILLA. HK et Metropolitan appliquent le même traitement que sur le film original puisqu'il est possible de voir LE RETOUR DE GODZILLA dans un transfert 1080p/24 dans son format cinéma plein cadre d'origine. L'image paraît plus jolie que celle du film original mais, en réalité, c'est surtout une impression renforcée par le fait que LE RETOUR DE GODZILLA montre bien plus de séquences tournées en plein jour alors que GODZILLA se déroulait essentiellement de nuit. Comme pour GODZILLA, l'image du RETOUR DE GODZILLA n'est pas renversante mais affiche tout de même une véritable haute définition. Pour le son, il faudra se contenter de la version originale japonaise sous-titrée en français, en mono.
Inclus sur le même Blu-ray (et DVD) que GODZILLA, et donc inclus dans la même boîte contenant un livret de 52 pages, nous vous conseillons de jeter un œil à notre chronique du premier film pour en savoir un peu plus sur le contenu de cette édition.