Dans le futur, la terre a perdue toute trace de végétation.
Dans l'espace, un projet est mis en uvre pour pallier à
ce problème. De grandes serres spatiales sont accrochées
à des vaisseaux pour reproduire la nature. Le but étant
à long terme de recréer sur Terre ce qui a été
perdu. Freeman Lowell (Bruce
Dern) travaille au milieu des arbres jusqu'au jour où il
reçoit l'ordre de détruire les serres
Douglas Trumbull est un peu un cas à part. Avant d'être un réalisateur, c'est un technicien. Il a d'ailleurs fait partie des artisans derrière les effets spéciaux de 2001 L'ODYSSEE DE L'ESPACE, BLADE RUNNER ou STAR TREK (le film). Il ne s'agit pourtant pas d'un technicien terre à terre. Au contraire, il serait plutôt du genre rêveur, ce qui le mène à travailler sur de nouvelles technologies pour le cinéma et le divertissement. On lui doit le cinéma dynamique ou le Showscan. On le retrouve au sein de Imax pendant quelques temps Autant dire que le Monsieur s'ingénie à transporter les spectateurs vers d'autres sensations. En tant que réalisateur, c'est un peu la même chose. C'est le cas de SILENT RUNNING bien que réalisé de manière traditionnelle mais aussi de son second film, BRAINSTORM, où il n'hésite pas à jouer avec les formats d'image et sonores pour les passages en mode objectif et subjectif. STRANGE DAYS doit d'ailleurs énormément à BRAINSTORM. Depuis, il semblerait que Douglas Trumbull ait délaissé le cinéma traditionnel pour continuer ses expériences sensuelles en mettant au point des "rides" (attraction).
Si vous cherchez de gigantesques combats interstellaires redoublant d'effets pyrotechniques, vous serez forcément déçu par la vision de SILENT RUNNING. En effet, le film adopte une approche réaliste et dramatique de son histoire. On suit le parcours d'un personnage obligé de couper les ponts avec l'humanité, qu'il ne comprend plus, quitte à errer dans l'espace à jamais en compagnie de gentils droïdes. Rien à voir avec un film d'action puisque le récit se déroule avec une certaine nonchalance. Le résultat est pourtant assez enchanteur jusqu'à la dernière image du film sacrement poétique. On doit d'ailleurs l'histoire, entre autre, au grand Michael Cimino (VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER...) mais aussi à Steven Bochco, personnage non moins célébre mais pour ses travaux à la télévision (HILL STREET BLUES...). Seul bémol, il faut réussir à supporter la voix de Joan Baez qui nous ramène droit au cur des années "flower power". Mais devant les images majestueuses des vaisseaux ou des serres, difficile de ne pas craquer ! Enfin, alors que dans l'ensemble les effets spéciaux sont encore aujourd'hui efficaces, on s'étonne de voir des explosions nucléaires aussi pauvres (pas d'action mais des explosions ?).
Film daté années 70 par certains côtés et écolo en diable, SILENT RUNNING est bien loin d'être dépassé à commencer par les images spatiales. Mais c'est surtout son message qui après une trentaine d'années reste furieusement d'actualité. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler d'une déclaration de George W. Bush où il expliquait que la diminution des gaz à l'origine de l'effet de serre n'était pas économiquement une option pour les Etats-Unis. Autant dire que la pollution et l'argent passent avant le bien-être de notre planète ! Typiquement ce qui nous mènera peut-être un jour à ne plus voir un arbre ou un écureuil à la surface du globe. Mais c'est aussi ce qui motive la destruction des serres dans SILENT RUNNING. A savoir l'argent puisque le projet devient bien trop cher, il faut dès lors restituer les vaisseaux spatiaux loués pour l'occasion. On notera aussi le fait que l'humanité y est dépeinte de manière uniformisée acceptant ce qu'on lui donne sans broncher. Alors que le héros, son nom "Freeman" n'est pas un hasard, se rebelle en refusant un confort un peu trop facile. Tout cela étant fort pessimiste, le film ne se conclura que par une image rappelant les bouteilles jetées à la mer en espérant que leur message soit découvert.
Il existait déjà un DVD américain de SILENT RUNNING. Le disque français, ou plutôt européen, a été créé avec les mêmes sources. On a donc droit à un transfert au format cinéma respecté mais ne bénéficiant pas du 16/9. A l'arrivée, l'image est pourtant très jolie et bien définie. Les couleurs sont le plus souvent resplendissantes ce qui surprend. En fait, pour se plaindre, il faudra se tourner vers les défauts de pellicule. Ce qui pour un prix d'environ 12 euros est largement acceptable. En ce qui concerne les différentes bandes sonores, elles sont toutes en mono d'origine. Le rendu sonore est clair et ne souffre d'aucun problème. Enfin, compte tenu du prix, ne vous attendez pas à une énorme cargaison de bonus. Seule la bande-annonce en version originale est présentée sans l'apport d'aucun sous-titrage.
Compte tenu du prix, il serait
dommage de ne pas faire l'acquisition de SILENT RUNNING. Ce serait
passer à côté de l'un de ces jolis et rares moments
de science-fiction intelligente.