Dans les années 30, J. R. R. Tolkien rédige un petit livre pour enfant intitulé Bilbo le Hobbit. Suite à son succès, l'éditeur demande à son auteur d'écrire une suite. J. R. R. Tolkien va alors développer l'univers déjà mis en place dans Bilbo le Hobbit avec Le Silmarillion et les trois imposants volumes du Seigneur des Anneaux. La première adaptation de Bilbo le Hobbit sur les écrans date de la fin des années 70 où un téléfilm d'animation est produit sous le titre THE HOBBIT. Par la suite, Le Seigneur des Anneaux va lui aussi connaître des versions sous forme de dessin animé avec LE SEIGNEUR DES ANNEAUX puis THE RETURN OF THE KING, ce dernier étant fait à destination de la télévision par les producteurs de THE HOBBIT. Depuis, en dehors d'une obscure adaptation russe, les droits d'adaptation de Bilbo le Hobbit ont circulé dans plusieurs studios sans réussir à monter un projet concret. Cela se concrétisera après le gros succès de la trilogie LE SEIGNEUR DES ANNEAUX réalisée par Peter Jackson. Bilbo le Hobbit va alors suivre le même processus et sera transformé en trilogie ! La taille du livre n'imposait probablement pas un tel étirement. Cela se ressentait déjà avec les deux premiers films : LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU et LE HOBBIT : LA DESOLATION DE SMAUG. Au moins, cela a permis à l'histoire de prendre ses aises et de bien poser les enjeux débouchant sur les passages les plus spectaculaires.

Toutefois, il est bon d'ajouter que Peter Jackson et ses scénaristes ont pris des libertés comme il l'avait fait auparavant en adaptant Le Seigneur des Anneaux. Cette fois, on invente des personnages qui n'apparaissent dans aucun livre de J. R. R. Tolkien et on pioche dans Le Silmarillion. Cela permet à Peter Jackson de créer des ponts entre sa trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX et celle du HOBBIT. Les six films devenant ainsi une œuvre indissociable. Et pour bien appuyer dans ce sens, on fait apparaître des personnages du Seigneur des Anneaux qui n'ont pourtant jamais fait partie de Bilbo le Hobbit, leur donnant même une grande importance quitte à créer de toutes pièces un triangle amoureux inexistant dans les livres d'origine ! Des entorses aux livres, on pouvait déjà en trouver dans les trois films du SEIGNEUR DES ANNEAUX et on peut donc difficilement parler d'adaptations complètement fidèles. Mais si cela fonctionnait bien pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, il y a tout de même un aspect artificiel dans LE HOBBIT qui donne par instant l'impression d'inventer ou d'étirer des passages qui n'avaient peut être pas besoin de l'être, en dehors de créer trois films à la durée conséquente.

Avec LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMEES, on arrive donc à la conclusion de cette trilogie cinématographique dédiée à Bilbo le Hobbit. Le précédent film avait laissé les spectateurs devant un cliffhanger abrupt en décembre 2013. La conclusion se fait ainsi un an plus tard dans les premières minutes de LA BATAILLE DES CINQ ARMEES. Une conclusion qui donne un peu l'impression d'être expédié hâtivement. Pas que cela soit mal fait, l'attaque du dragon est impressionnante et ce même si la ville a un aspect plutôt factice. Mais il aurait peut être été plus judicieux de placer ce passage à la fin du film précédent. En effet, LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMEES démarre tout aussi brutalement que LE HOBBIT : LA DESOLATION DE SMAUG. A un an d'intervalle, cela paraît un poil curieux ! Mais, surtout, cela donne l'impression que ce préambule bourré de feu et de fureur est expédié pour mieux avancer rapidement vers l'événement qui donne son titre au film, la fameuse bataille ! Autant dire que le choix de sortir les deux films à des dates aussi éloignés n'étaient peut être pas si judicieux, en tout cas pas avec la jointure proposée.

LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMEES est dans la continuité des films précédents. Imposant et spectaculaire, l'univers de J. R. R. Tolkien prend vie sur grand écran. Néanmoins, au bout de six films, la magie s'émousse un peu. Les rebondissements et les éléments des diverses intrigues donnent un peu l'impression de revoir certains passages du SEIGNEUR DES ANNEAUX, la surprise en moins. Les ajouts du Silmarillion, ainsi que les inventions qui en découlent, ont aussi tendance à se juxtaposer de façon peu satisfaisante à l'instar du Conseil Blanc et de sa rencontre avec Sauron. C'était déjà le cas dans les deux films précédents, on retrouve ici des étirements et accélérations des diverses intrigues qui paraissent mal dosées. Quoi qu'il en soit, ce troisième film nous en donne tout de même pour notre argent sans que cela ne réussisse jamais à se hisser au niveau des trois SEIGNEUR DES ANNEAUX.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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