Si Krishna réussit à concilier sa vie de famille avec son épouse et son activité de super héros, cela s'avère un peu plus compliqué dans d'autres domaines. Mais tout cela deviendra peu important lorsque le monde deviendra la cible de Kaal, un maléfique homme d'affaires aux étranges pouvoirs...
En l'an 2000, Rakesh Roshan produit et réalise KAHO NAA… PYAAR HAI qui va remporter un gros succès dans son pays d'origine. Le film fait aussi de son fils, Hrithik Roshan, une véritable star du cinéma indien alors qu'il s'agit de son tout premier rôle à l'écran. La famille Roshan, épaulée par le compositeur Rajesh Roshan, aurait pu continuer sans prendre de risque dans l'action ou la comédie. Mais Rakesh Roshan fait un choix assez surprenant dans le paysage cinématographique indien. Il va ainsi mettre en chantier une grosse production de science-fiction mettant une nouvelle fois en scène son fils devant la caméra et son frère à la musique. KOI... MIL GAYA. Cette comédie lorgnant un peu du côté de E.T. et de PHENOMENE connaît, elle aussi, un véritable succès en et va recevoir de nombreux prix en Inde. Si KOI... MIL GAYA n'a aucun lien avec l'univers des super héros, sa suite va pourtant s'orienter dans cette voie. Toujours plus ambitieux, Rakesh Roshan met en boîte KRRISH où le fils du héros de KOI... MIL GAYA est doté de super pouvoirs et rend la justice sous une identité secrète. Déjà largement influencé par les films de super héros américain, son prolongement cinématographique, KRRISH 3, va encore plus creuser dans ce sens…
Le cinéma indien s'inspire souvent des films occidentaux, parfois avec de nombreuses années de retard. Cela donne ainsi des remakes inavoués ou des métrages torturés mixant de nombreuses références. KRRISH 3 entre dans cette seconde catégorie et nous offre un curieux cocktail où le héros s'inspire des avatars cinématographiques de Superman, Batman ou Spider-man. Le héros est ainsi confronté à ses responsabilités qui s'accordent assez mal avec sa vie personnelle, plus particulièrement professionnelle ici. Il devient même un symbole d'inspiration pour la population. Ses pouvoirs ? Une force surhumaine, une vitesse hallucinante comme le héros Flash et il fait des bonds incroyables comme Hulk avant de se mettre même à voler. Face à lui, son adversaire maléfique, Kaal, nous offre dans un même personnage un Professeur Xavier en fauteuil roulant qui finira par se transformer en Magneto indien appréciant la manipulation du métal. Le sinistre personnage dirige des mutants mi-homme mi-animaux qui sont les fruits d'expériences dignes d'un Docteur Moreau du XXIème siècle et qui font irrémédiablement penser aux vilains mutants des X-Men. Kaal pourrait même s'apparenter au Blofeld d'AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTE ! A partir de là, KRRISH 3 ressemble à un méchant recyclage dont les origines indiennes en deviendraient presque anecdotiques. Difficile pourtant de ne pas s'en rendre compte puisque l'action se situe dans sa majeure partie en Inde. Il y a bien quelques éléments de comédie typique du cinéma indien ainsi que trois passages chantés et dansés mais l'ensemble passe, au final, en arrière plan des aventures du héros masqué ! C'est d'autant plus étonnant que KOI... MIL GAYA, le premier film de la série, adoptait la démarche inverse en privilégiant le drame et la comédie indienne sur un fond de science-fiction. Avec KRRISH 3, Rakesh Roshan a manifestement l'envie de se frotter aux blockbusters américains sur le marché international ! Ce sera néanmoins un peu difficile puisque KRRISH 3 fait clairement office de film Bis et ce malgré des effets spéciaux franchement réussis ! Outre son manque d'originalité, KRRISH 3 se montre peu subtil, adopte une démarche très naïve et nous présente des personnages beaucoup trop caricaturaux. Vivek Oberoi en fait des tonnes pour donner vie à un Kaal trop grandiloquent pour être pris au sérieux. Le super héros incarné par Hrithik Roshan est, quant à lui, glorifié à outrance au point de friser le comique involontaire. On sera d'ailleurs très perplexe face au look très MATRIX du costume du héros et à celui «n'importe quoi» de Kaal à la fin du film. Voilà pour les défauts de KRRISH 3.
Mais le film a aussi de véritables qualités. Il se montre ainsi très spectaculaire et n'hésite pas à nous proposer des affrontements plutôt destructeurs comme lors d'un combat mettant à mal les buildings de Mumbai. Comme pour KRRISH, le film précédent, c'est d'ailleurs Ching Siu Tung qui s'est une nouvelle fois occupé des chorégraphies martiales et de l'entraînement des comédiens. Cette influence chinoise se ressenti très nettement lors de plusieurs des combats du film. Enfin, il faut reconnaître à l'industrie cinématographique indienne un véritable savoir-faire en matière de mise en images. Cela se ressent pour beaucoup lors des passages musicaux assez chatoyants. S'ils ne sont pas les plus incroyables du cinéma indien, il présente tout de même d'incroyables chorégraphies avec une multitude de danseurs. En tout cas pour deux des trois morceaux musicaux de KRRISH 3. En effet, le troisième ne présente qu'un duo tourné dans les décors naturels de la Jordanie, dont le site de Petra immortalisé à l'écran dans INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE. L'intérêt de KRRISH 3 réside donc essentiellement dans ces quelques qualités qui réussissent un peu à combler l'impression de voir un film Bis mangeant à tous les râteliers.
KRRISH 3 a connu une toute petite sortie dans quelques salles françaises au début du mois de novembre 2013. Et curieusement, le film sort en vidéo en juillet 2014 sous un titre très différent. Il faudra donc chercher KRRISH 3 sous le titre de DEFENDER dans les rayonnages des revendeurs français. Toutefois, le héros, Krrish, est appelé «Blast» dans le sous-titrage des suppléments. Ces derniers sont composés d'un making-of en deux parties s'étalant en tout sur environ trois quarts d'heure. Comme souvent, il s'agit ici de documentaires promotionnels où l'on n'apprend pas grand chose de très pertinent. Aucune information par exemple concernant le fait que le film aurait dû être exploité en 3D, ce qui explique plusieurs séquences où des objets ou éclats de verre sont jetés à la figure du spectateur. Mais il apparaît logique, pour la promotion d'un métrage, de passer sous silence que par manque de temps, la décision fut prise de sortir le film seulement en 2D. Quoi qu'il en soit, cela permet tout de même de voir rapidement des images de tournages ou de l'entraînement des comédiens avec l'équipe de Ching Siu Tung. Un petit tour d'horizon inoffensif où les comédiens et le réalisateur lâchent quelques affirmations approximatives. Il n'en reste pas moins que cela se regarde sans déplaisir et la deuxième partie du making-of se termine par un petit bêtisier.
KRRISH 3 bénéficie d'une très belle image sur le Blu-ray ! Le transfert en haute définition permet de scruter tous les petits détails et rend bien hommage au travail du directeur de la photographie. Toutefois, il est à regretter que le disque nous propose un transfert 1080i alors qu'il aurait été plus logique de nous présenter l'œuvre entièrement respectée avec du 1080p/24. Deux pistes sonores sont disponibles avec le choix entre la version originale sous-titrée et un doublage français. Si la version originale se montre largement plus naturelle, les deux pistes en DTS HD Master Audio 5.1 remplissent assez bien leur contrat ! Enfin, il est bon de noter que le film est présenté en deux versions : le montage original et la version internationale. Les deux versions ont une quinzaine de minutes de différence qui correspondent aux passages musicaux. Ce serait pourtant dommage de se passer de ces séquences qui font partie des points forts de KRRISH 3 !