Désespéré de ne pas avoir d'enfants, un vieil homme accueille dans son foyer un étrange bébé qu'il a trouvé à l'intérieur d'une pousse de bambou. A l'évidence d'origine surnaturelle, le bébé grandit rapidement pour devenir une petite fille puis une jeune femme...
Avec LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, l'auteur de POMPOKO et du TOMBEAU DES LUCIOLES adapte «Le Conte du coupeur de bambous», une histoire très populaire au Japon. S'il n'est pas très connu en France, ce conte adopte tout de même des éléments assez universels qui ne sont pas sans rappeler certaines histoires occidentales. Mais en prenant comme base le récit irréel d'une princesse trouvée dans un bambou, Isao Takahata développe avant tout une réflexion sur la vie. Ainsi le parcours de la princesse va de sa naissance jusqu'au passage vers un autre monde. Entre le début et la fin de son existence terrestre, elle va devoir composer avec tout ce que peut nous apporter la vie, que ce soit les bons ou les mauvais côtés. Mais dans LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, l'auteur semble surtout appuyer sur le poids des conventions sociales et familiales qui vont brider son héroïne. A l'arrivée, l'histoire se pare d'un ton très amer où la fameuse princesse est confrontée à de nombreux regrets. Plus le film avance et plus le parcours de la jeune femme donne l'impression de s'assombrir alors qu'au contraire elle passe du statut de paysanne à celui de princesse. Ce changement s'opère graduellement et de manière si naturelle que l'on en prend réellement conscience que lors de la dernière partie du CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA. On ne peut pas dire que le film d'Isao Takahata se termine dans la bonne humeur, celui-ci laissant surtout un sentiment très mélancolique. Malheureusement, le cinéaste japonais sème un peu la confusion dans la dernière partie de son film. Ainsi, il brouille son discours pour se raccorder un peu maladroitement au conte original avec l'intrusion de nouveaux personnages. Un gros bémol avec la durée du CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA. Car le film se déroule sur près de deux heures et demi ! Cela s'avère très tangible par endroit, le rythme du CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA est par endroit un peu lent ! Le sujet du film et la durée conséquente risquent de rebuter le jeune public alors qu'une bonne partie des adultes va sûrement être repoussée par l'aspect animé du métrage.
Pourtant, la grande force du CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, c'est justement l'animation. Il ne s'agit pas ici d'un simple film en images de synthèses mais de véritables dessins qui prennent vie. D'un point de vue visuel, le film est ainsi une petite merveille qui prouve que la simplicité et l'épure sont d'une grande puissance évocatrice. L'animation à l'ancienne, ou presque, s'allie merveilleusement à la poésie de l'ensemble. Car, après tout, le film milite pour un retour à une existence plus épurée et plus libre. Dans son palais, la princesse rêve de la petite maison de son enfance qu'elle a reproduit avec quelques brins d'herbes et cailloux. Cette petite séquence résume d'ailleurs assez bien LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA où l'idée visuelle épouse merveilleusement son sujet ! A partir de là, il est difficile de ne pas adhérer au film d'Isao Takahata et ce malgré ses problèmes narratifs et sa durée... En plus d'être émerveillé visuellement, la leçon à tirer de l'histoire de cette princesse, c'est d'essayer de vivre pleinement pour éviter de le regretter au crépuscule de sa vie !