Jack Campbell est un golden boy à qui tout a réussi. Heureusement
qu'il a quitté sa copine de fac il y'a treize ans, pour aller
faire un stage à Londres, dans une grosse banque d'affaires dont
il a fini par prendre les rennes. Le soir de Noël, il rentre seul
chez lui, personne ne l'attend. Il s'arrête dans une épicerie
pour y acheter du lait de poule, quand un jeune homme y fait irruption
et demande au vendeur de lui payer son ticket de loto gagnant. Le vendeur
refuse, prétendant qu'il a trafiqué le billet. Le jeune
sort un flingue et menace le vendeur. C'est alors que Jack, pour calmer
le jeu, propose au jeune de lui racheter son billet et de partir. Ils
tombent d'accord et partent ensemble. Jack se jette sur son lit une
fois arrivé dans son luxueux appartement. Le lendemain matin,
il se réveille aux côtés de Annie, sa copine de
fac, et de ses propres enfants. Il croit devenir fou. Pourtant, tout
a l'air normal, sauf qu'il se retrouve menant une petite vie bien tranquille,
rythmée par les "léchouilles" de son chien et
les cris des enfants.
FAMILY MAN est une fable comme il en existe des dizaines, particulièrement dans le cinéma américain. Une fable pourvue d'une morale, où la vanité et l'égoïsme sont des sujets récurrents, et où bien sûr le bien finit toujours par triompher. Le schéma est identique à celui qu'on peut trouver dans la construction du récit de CE QUE VEULENT LES FEMMES pour prendre un exemple récent. Un personnage central peu sympathique, un évènement inattendu provoqué ici par une sorte d'ange gardien, qu'on a pris soin de recruter dans la population noire-américaine, comme dans ENDIABLE, tendance qui a de quoi étonner, à force. Il ne s'agit en fait que d'un traitement purement démagogique. Les riches représentent le mal alors que les personnages incarnant la sagesse et la parole divine sont issus des minorités.
Après les deux RUSH HOUR où Brett Ratner pouvait encore faire illusion, grâce essentiellement au charisme de ses deux vedettes dont Jackie Chan, le jeune réalisateur signe donc, entre les deux, FAMILY MAN de la même façon. C'est à dire sans inventivité, sans passion... Sans grand chose. Avec un tel sujet, il aurait fallu un minimum de brio. Le traitement des emmerdes quotidiennes d'un père de famille de la middle-class n'a rien de valorisant. Brett Ratner n'insufflant presque jamais les sentiments nécessaires à faire vibrer nos coeurs. A l'arrivée, on se demande si l'on ne préfère pas le monde carnassier des businessmen à celui du cocon familial ennuyeux tel qu'il est présenté dans le film.
Dans le même genre, on ne manquera pas aussi de faire un rapprochement avec DEUXIEME VIE. Les deux histoires ont des similitudes dans les thèmes abordés même s'il ne s'agit pas exactement de la même histoire. Toutefois, et bien que DEUXIEME VIE ne soit pas exempt de défaut, Patrick Braoudé en jouant sur le registre de la comédie sert un film bien plus enlevé que celui de Brett Ratner. Ce dernier ne donnant pas l'impression de savoir réellement la direction qu'il prend : comédie ? romance ? drame ?
FAMILY MAN a défaut d'être un bon film peut se targuer d'être présenté sur un DVD au dessus de la moyenne. On peut même dire qu'il est très réussi. L'image y étant de très bonne tenue. Et l'on peut en dire de même concernant les bandes sonores. Ceux qui privilégient le doublage en français seront d'ailleurs bien mieux lotis puisqu'ils auront le choix entre du Dolby Digital 5.1 et du DTS. Sur ce coup-là, pas de nette différence. Malgré le sujet du film, la bande-son n'en est pas moins attrayante en 5.1 ne serait-ce que pour les différents morceaux musicaux.
Le commentaire
audio de Brett Ratner
et des deux scénaristes ne nous réconciliera pas avec
le réalisateur. Même si celui-ci est extrêmement
enthousiaste tout en cherchant à nous parler d'absolument tout,
il n'en reste pas moins que le film en lui-même n'est pas à
la hauteur du sujet. Etrangement, on trouvera certains passages du film
bien plus passionnants en écoutant le commentaire audio. Incroyable
! Parmi les premières infos du commentaire, on notera le fait
que Brett Ratner
parle de Jim Muro
à la steadycam. Il s'agit bel et bien du réalisateur de
STREET TRASH.
A noter que le disque américain bénéficiait d'un
troisième commentaire audio, celui du producteur, qui n'est pas
arrivé jusqu'à ce DVD.
La musique de FAMILY MAN n'est pas exceptionnelle alors que celle-ci a été composée par Danny Elfman. Il est en effet bien plus connu pour ses partitions sur les films de Tim Burton entre autres. Un registre bien différent, ce qui n'empêche pas le compositeur de nous parler de sa musique dans un commentaire audio qui lui est dédié. En fait, il s'agit d'une piste présentant la musique isolée du film (sans dialogue ni bruitage). Le compositeur ne parlant pas sur toute la durée et parfois assez brièvement, il est possible d'y accéder par un système de chapitrage. De quoi éviter une longue attente entre les pauses... Petit bémol concernant la musique isolée puisque parfois le commentaire de Danny Elfman se superpose à celle-ci. Impossible pour les mélomanes de bénéficier de ce fait de l'intégralité de la musique comme sur un CD-Audio.
Neuf scènes coupées en tout mais il faut bien dire que seules trois d'entre elles ont un réel intérêt. Par exemple, une séquence plus longue nous donne un éclairage défavorable de Jack Campbell ("Alan et Jack"). On suppose qu'elle a été coupée à cet effet. Celui-ci reprenant ses anciens instincts pour écraser un concurrent. Deux autres scènes sont un peu plus sympathiques. Ainsi, on y apprend que Jack travaille chez Big Ed pas seulement parce qu'il est le gendre du patron. Il conclut un "deal" alors qu'il n'a pas conscience des implications de son boulot ("Le client a toujours raison"). Enfin, une scène toute mignonne nous montre ce que peut être la douceur d'une relation familiale ("Kate et Annie"). Etrange que cette dernière scène fort courte n'ait finalement pas été incluse au montage.
"Autour du film" est une Featurette. En tant que telle, c'est l'apologie du film. Dans la première partie, on nous narre la genèse du film, qui ne s'est pas faite sans encombre. Curtis Hanson, réalisateur de l'excellent L.A. CONFIDENTIAL, se retrouve à la barre. Dépité, bien que ne voulant pas faire de film familial, Brett Ratner se fait une raison de ne pouvoir réaliser le film. Un désaccord voit Curtis Hanson quitter le projet et les producteurs trouvent Brett Ratner trop jeune pour la réalisation. Ce dernier se bat alors pour décrocher le film. De notre côté, on se demande pourquoi se démener pour réaliser aussi platement FAMILY MAN qui en d'autres mains aurait pu être bien plus attractif. De même que sur le commentaire audio, le réalisateur semble tellement sincère que cela en devient étonnant !
Le test interactif vous donne
la possibilité de vous tester pour savoir si vous êtes
plutôt famille ou business. A vrai dire, avec cinq questions au
compteur, cela nous paraît un peu limite pour tirer des conclusions.
Il n'en reste pas moins que c'est un petit amusement pendant cinq minutes
en jouant avec l'interactivité du DVD.
Enfin, on ajoute un clip vidéo de SEAL agrémenté
d'images du film, un petit bêtisier et des filmographies histoire
de bien remplir le disque ce qui est toujours appréciable. Surtout
pour le clip vidéo même si nous ne sommes pas vraiment
réceptifs à ce style musical. N'oublions pas que l'intégralité
des bonus sont présentés avec un sous-titrage en français,
ce qui facilitera leur compréhension.
Avec le froid qui s'est abattu dehors en cette période de Noël, FAMILY MAN n'a pas réussi à réchauffer nos coeurs. Le film donnant l'impression d'être un produit surgelé à l'instar des bûches de Noël bon marché. Ca se mange, ce n'est pas forcément mauvais... mais la prochaine fois, on se tournera vers des pâtissiers plus talentueux. Et le talent, c'est probablement ce qui manque à Brett Ratner.