L'adaptation cinématographique de la bande dessinée «300» rencontre un franc succès lors de sa sortie dans les salles en 2007. Evidemment, quand l'auteur de l'œuvre originale, Frank Miller, annonce qu'il va s'atteler à un prolongement illustré, les producteurs de 300 s'y intéressent. En 2011, Zack Snyder a ainsi l'occasion de découvrir les premières planches de «Xerxes», la bande dessinée qui se focalisera sur le souverain perse. Mais, au final, 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE peut difficilement être vu comme une transposition fidèle sur grand écran de «Xerxes» puisque Frank Miller n'a, au moment de la sortie du film, pas encore livré la moitié de la bande dessinée à sa maison d'édition. D'ailleurs, le personnage de Xerxes n'est, au final, pas l'un des personnages les plus prépondérants de 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE. Prévu à l'origine pour réaliser le film, Zack Snyder ne participera au final qu'au scénario et tiendra une place de producteur, préférant s'occuper plus activement de MAN OF STEEL.
300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE se déroule en parallèle des événements dépeints dans 300. La bataille des Thermopyles est bien évidemment évoquée et cela permet de créer d'inévitables liens avec le premier film. A l'écran, on retrouve ainsi des comédiens qui reprennent leur rôle tenu dans 300 comme Lena Headey, David Wenham et Rodrigo Santoro. Ce dernier incarne une nouvelle fois Xerxes mais, cette fois, le film étoffe son personnage, lui donnant une genèse ainsi que de véritables motivations. Cela donne l'occasion à 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE de renforcer l'aspect hors norme de ce personnage historique pourtant bien réel. Prolongement logique du premier film, cette suite n'adopte donc pas un point de vue réaliste, ou même historiquement correct, mais emprunte la route d'un récit légendaire aux limites du surnaturel. Et plutôt que s'intéresser aux «gentils» Spartiate et Athéniens, ce nouveau métrage fait la part belle à leurs antagonistes. Pourtant, ce n'est pas le semi-dieu Xerxes qui se taille part du lion mais Artemise, une femme forte qui orchestre sa vengeance contre la Grèce. Dans ce rôle, l'actrice française Eva Green écrase ainsi littéralement toute résistance des autres comédiens. Au point que lorsqu'elle n'est pas à l'écran, 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE devient moins prenant et plus anecdotique. La faute certainement à l'accumulation d'hommes torse nu dont le charisme ne s'affirme que par une musculature parfaite. Même le héros Thémistocle n'a rien d'une figure vraiment imposante à l'écran. Gênant dans le sens où l'intrigue de 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE évoque une idée intéressante. A savoir que les pires ennemies sont ceux que l'on a fabriqué soi-même ! Bien que les Grecs défendent leur démocratie avec bravoure, cela ne gomme en rien les exactions qui ont menées, entre autres, à façonner la haine d'Artemise. Le cœur même de 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE est passionnant. Toutefois, ce fond est balayé par une écriture assez primaire et surtout la forme qui emportait 300 !
Le premier film portait à l'écran une représentation de l'antiquité stylisée et brutale. Pas de changement avec 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE qui s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur. La post-production numérique est omniprésente, donnant aux images un aspect surréaliste. Une nouvelle fois, la réalisation abuse des ralentis pour renforcer l'acte héroïque ou la violence des affrontements. Autant dire que si l'on est réfractaire au style 300, cette suite n'a rien pour séduire. En effet, elle donne l'impression d'aller encore plus loin dans la barbarie. Têtes coupées, membres tranchés et giclées de sang soulignant les mouvements meurtriers viennent s'aligner à outrance autour ou au sein de batailles homériques. Le métrage nous gratifie même d'une surprenante et très crue séquence de diplomatie sexuelle ! 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE se fait même plus spectaculaire que son original en déplaçant le conflit en pleine mer. Mais si les batailles maritimes donnent une plus grande ampleur, sur la durée, elles s'imposent aussi comme un peu redondantes. Cela n'empêche pas le film de conserver sa puissance évocatrice, privilégiant de belles images à même de glorifier la fibre guerrière. Moralement discutable mais aussi, et c'est un paradoxe, enthousiasmant, 300 : LA NAISSANCE D'UN EMPIRE est un film profondément bourrin qui a la finesse d'un taureau en rut. Et si vous donnez un boulier à un taureau en rut, vous n'allez pas résoudre des problèmes mathématiques mais simplement en prendre plein la gueule ! De ce point de vue là, le métrage remplit bien son office, la 3D renforçant un spectacle primitif soutenu par une imposante partition martiale de Junkie XL. Ce divertissement bestial se termine même de façon assez appropriée par un curieux remix du «War Pigs» de Black Sabbath !