Après six mois de confinement dans la station sous-marine Deep star Six, une équipe s'emploie à déployer une base secrète de missiles. Par accident, ils font exploser une grotte sous-marine qui cause d'importants dégâts. Mais surtout, ils libèrent une créature enfouie depuis des millénaires. Que se passe-t-il donc ? La créature attaque, pardi. Et pourquoi tant de haine? Parce que !
En 1989, le trendspotting n'existant pas encore sous cette dénomination, il fait quand même son effet bœuf auprès des producteurs : l'avenir est sous la mer ! Hollywood se lance à corps perdu dans la bataille au-delà des étoiles de mer. Les projets se télescopent pour savoir qui sera le premier à plonger sur les écrans. S'engouffrent James Cameron, qui donnera son ABYSS boursoufflé, George Pan Cosmatos et son chef d'œuvre incompris LEVIATHAN, Roger Corman avec trois bouts de ficelles (de cheval) pond son pénible SEIGNEURS DES ABIMES réalise par Mary Ann Fisher. Même Juan Piquer Simon y va de ses maquettes pour donner un sympathique film Bis, L'ABIME. Mais le premier à larguer son bathyscaphe se nomme Sean S. Cunningham. Réalisateur émérite d'un VENDREDI 13, il travaille sous la bannière Carolco pour battre sur la ligne d'arrivée ABYSS. Pour la petite histoire, James Cameron demanda au scénariste Lewis Abernathy de différer la date de sortie de DEEP STAR SIX afin d'éviter une confrontation directe avec ABYSS. Suite au refus, ceci causa un différend entre les deux amis, qui se retrouvèrent néanmoins quelques années après sur le tournage de TITANIC. DEEP STAR SIX fut un échec lors de sa sortie, rapportant un maigre 8 millions de dollars. Au même titre que sa sortie française fut météoritique.
N'y allons pas par quatre chemins : DEEP STAR SIX n'est pas un bon film. Une sympathique série B qui tue un samedi soir pluvieux, mais rien de plus. Le scénario ne s'embarrasse pas de détours ou d'une histoire trop compliquée. Les personnages y sont à peine dessinés, juste ce qu'il faut pour remplir les quelques 95 minutes, tout du moins sa première moitié. Car ils vont inexorablement débarrasser le plancher subaquatique assez rapidement. Et sans qu'on s'en émeuve, avec la collection de clichés habituels que les années 80 nous ont apporté. On retrouve ainsi le quota racial habituel et on note que le black de service passe du statut de cuisinier en 1982 dans THE THING à celui de capitaine, joué ici par Taurean Blacque. Grimpette en statut, mais pas en niveau de survivance. Beau destin sacrificiel mais, hop, il disparait assez vite. Hormis LES DENTS DE LA MER 4, il n'a jamais fait bon ne pas être blanc dans les films de genre pendant cette décade. Idem pour la jolie et sportive Nia Peeples, ex danseuse et chanteuse 80's, qui commet la faute de faire youplaboum sous la douche. Grosse erreur chez Sean S. Cunningham. En fait, tous les dialogues et autres blablas supposés rendent compte de la vie en autarcie sous la mer et alignent des platitudes. Il n'y a guère que le couple de techniciens monitorant la caméra qui soit doté d'un semblant de second degré avant, eux aussi, de finir au fond d'une fosse.
Sean S. Cunningham livre une réalisation adéquate pour le sujet. Privilégiant les espaces confinés, l'exiguïté des décors et la sensation d'enfermement, il tente de donner 95 minutes d'étouffement. Il y arrive plutôt bien, malgré un scénario stéréotypé et manquant cruellement d'imagination. Les attaques de la créature sont elles aussi bien menées, mais ne provoquant que très rarement la peur ou la surprise. Si bien que ce que l'on retient demeure un film catastrophe sous-marin mâtiné d'un monstre qui passait par là.
Le réalisateur a choisi un casting hétéroclite. Cindy Pickett sortait à peine des JEUX EROTIQUES DE NUIT de Roger Vadim. Greg Evigan (papa de Briana et d'une flopée de «fils et fille de») naviguait dans les eaux de la télévision au sein de TEKWAR jusqu'à aujourd'hui travailler chez The Asylum (VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE). Les plus attentifs auront reconnus Matt McCoy, héros de LA MAIN SUR LE BERCEAU et de ABOMINABLE. Le plus intéressant étant sans doute Miguel Ferrer, fils de Mel Ferrer et cousin de George Clooney, il est abonné aux rôles de pleutres, tueurs et vicieux en tous genre, de LA NURSE en passant par INDISCRETION ASSUREE, ROBOCOP, LE CHIHUAHUA DE BEVERLY HILLS 2 et même DESPERATE HOUSEWIVES. Ca ne manque pas ici, même si l'on doit bien avouer qu'il s'agit du rôle le plus ambigu et fouillé de l'ensemble. Il donne pleine puissance au matériau qui lui est donné et finit par voler la vedette à toute l'équipe ! Les complétistes et cinéphiles pointus noteront pendant le générique de fin la présence de noms prestigieux côté technique. Si Kane Hodder est coordinateur des cascades, on retrouve le nom de Jim Danforth aux effets spéciaux optiques, Mark Shostrom (LES GRIFFES DE LA NUIT, LA REVANCHE DE FREDDY et FREDDY 3 : LES GRIFFES DU CAUCHEMAR, entres autres !) à la création de la créature et des effets de maquillages.
Et si le sujet de DEEP STAR SIX était plutôt la peur de l'engagement dans un couple ? Et que ces péripéties crustacées est une parabole biblique sur la tentation d'échapper à ses responsabilités de couple bien sous tout rapport ? Entre les atermoiements post coitus animal triste du début du film et sa conclusion très Adam et Eve avec cellule familiale bébé inclus, on en est franchement pas loin. Le reste demeure artifices et charpies humaines disséminées pour rythmer le combat. On y ajoute une explosion nucléaire, quelques accents gore et le tour est joué.
Il y a également le monstre. Sympa, le crabe monstroide, dommage qu'on le voie assez peu. Le titre français, M.A.L : MUTANT AQUATIQUE EN LIBERTE, se voulait astucieux mais il s'avère inexact. Notre monstrocrabosaure n'a pas muté. C'est juste une pauvre bébête qu'on a dérangé dans son habitat naturel. Et il ne fallait pas le faire chier. Manque de pot, le responsable de l'implantation des missiles (Marius Weyers, échappé des DIEUX SONT TOMBES SUR LA TETE) n'en fait qu'a sa tête. Et faut toujours écouter la jolie scientifique qui pointe le risque. En même temps, on n'aurait pas eu de film, ni de Crustaceus Monstrus Attackus. Les effets spéciaux d'animation se révèlent par ailleurs corrects et crédibles. Dommage que les invraisemblances énormes parsèment le récit… mais comment fait-il pour se glisser par une chtite porte ou se trouver invisible sous 1 mètre d'eau vu sa taille et sa force ? Mystère. D'ailleurs, de nombreux soucis d'échelle se voient le long de la dernière demi-heure.
Pour le reste, on a droit à des maquettes adroites, quelques transparences hideuses... mais somme toute, on reste dans un niveau largement acceptable. D'autant que certains tiennent le choc quelque 25 ans après, les miniatures possédant une qualité rappelant le travail de Derek Meddings. Et on se surprend même à préférer l'inventivité de ces effets spéciaux optiques et mécaniques aux abominables effets numériques que la plupart des séries B (voire A) nous infligent ces dernières années.
Le film reste à ce jour inédit en Blu-ray. Pas de haute définition, donc. Pour profiter du film en format Scope d'origine et dans les meilleurs conditions possibles, il faut se diriger vers le DVD anglais de chez Momentum, sorti il y a déjà près de dix ans. Et ca tombe bien, car il contient un nombre appréciable de bonus autour du film. On laissera de côté le DVD français de chez Prism, d'une origine quelque peu douteuse, même s'il propose un doublage français.
Ce DVD est donc au format 2.35:1 avec un transfert 16/9, d'une durée totale de 94mn26. Mixé en Dolby Stereo, nous n'aurons cependant droit qu'à une piste sonore en Dolby 2.0 stéréo anglaise, ainsi que son doublage allemand. Le DVD étant distribué conjointement par Kinowelt en Allemagne. Coté sous-titre, il faut être anglophone ou germanophone pour apprécier ce plus.
Côté visuel, la copie présentée aurait grand besoin d'un bon nettoyage. Certains plans paraissent flous, notamment sur la plupart des effets spéciaux. Les niveaux de noir ne sont pas en meilleure forme. Il reste les efforts effectués sur les variations sur le bleu qui nimbe l'ensemble du métrage. Les gros plans sur les visages apparaissent nets, et on voit clairement le travail précis elaboré concernant les éclairages. Mais il ne faut pas s'attacher à la notion de détail de l'image ou de sa profondeur, peu amènes.
La piste sonore anglaise en 2.0 stéréo fait la part belle aux effets sonores et à l'excellente musique d'Harry Manfredini. Collaborateur régulier de Sean S. Cunningham, Harry Manfredini a composé la fameuse musique de VENDREDI 13 (et toutes ses suites jusque JASON X, à l'exception du huitième opus) mais également de HOUSE (et ses trois séquelles, dont HOUSE 4 réalisé par Lewis Abernathy). Il offre à DEEP STAR SIX sa meilleure partition, en parfait harmonie avec le sujet sous-marin et la notion d'actionner en vase clos. De plus, les dialogues sont en équilibre régulier avec l'atmosphère sonore et la musique, si bien que dans les scènes d'action (vers la 54 e minute, par exemple), tous se détachent de manière naturelle très audible. Un très bon point. Le piste audio allemande est annoncée en stéréo, mais il n'en est rien. Si l'on passe sur le doubalge allemand qui n'apporte rien, le son est étouffé et l'ensemble est bien en mono.
Tout d'abord, le choix "English / Deutsch" apparait au lancement du DVD , pour arriver au menu principal. 20 chapitres pour un meilleur accès aux scènes-clés, et une interaction permettant aisément de passer d'un menu de set up à un autre. Pour les bonus, le commentaire avec Sean S. Cunningham et Jim Isaac n'est hélas pas très passionnant. Cela commence assez plaisamment sur les effets spéciaux et la relation professionnelle entre les deux intervenants. La bonne humeur règne mais cela se délite au fur et à mesure, comme si Sean S. Cunningham et Jim Isaac ne faisaient que regarder le film. Très peu informatif au final, avec des plages entières de silence ponctués par la respiration des deux hommes, allant jusqu'à rire même de certaines scènes de dialogues (vers la 50e minute), tout en toussotant et reniflant. A d'autres moments, certaines remarques laissent à penser qu'ils rient eux-mêmes des facilités du scénario (la présence de l'extension pour le soutien de la structure en train de s'effondrer vers 54mn20). Dommage que cela reste évasif, ponctuel et très peu instructif. Il faut attendre la 58e minute pour apprendre que le premier jour de tournage se déroula avec la scène de la mort du scaphandrier et que l'eau était trop trouble pour y voir quelque chose. En fait, cela se résume surtout à une conversation entre deux potes, certains plans allumant le signal du souvenir avec quelques anecdotes. Il y a bien des précisions sur la créature dès la 65e minute avec le design de Chris Walas et ce qui relance la discussion, et l'arrivée de Greg Nicotero et Robert Kurtzmann pour les effets gore, mais ça reste très maigre.
En fait, on en apprend beaucoup plus en regardant tout d'abord le making of et la featurette, sur l'élaboration de la scène finale, où l'ensemble des réalisateur, réalisateur seconde équipe, techniciens et acteurs, interviennent directement sur leur implication, le tournage physique et éprouvant. Un côté très "pris sur le vif" qui permet notamment de voir s'exprimer Jim Isaac, responsable des effets spéciaux, et futur réalisateur de THE HORROR SHOW et JASON X. Et pour se rendre compte de la difficulté du tournage, il faudra se rendre sur le «behind the scenes» passionnant moment de tournage pendant l'arrivée de la créature dans la station, avec l'interaction entre humains et effets spéciaux – jusqu'au tournage de la scène finale Pour terminer, la petite cerise sur le gâteau : une galerie photo et le film annonce d'origine avec, pour les nostalgiques, la logo de la défunte Carolco qui défile à l'écran...