Commanditée par une entreprise privée, une mission spatiale à destination d'Europe, l'une des lunes de Jupiter, perd le contact avec la Terre. Sans aucune communication, toutes les spéculations sont possibles. Succès ou échec ? Il est possible de le découvrir en découvrant un flux d'images parvenu bien plus tard et qui permettent de lever le voile sur le destin de cette mission spatiale.
Le parcours de Sebastián Cordero n'est pas sans rappeler celui du jeune péruvien Adrian Saba. Comme au Pérou, l'industrie cinématographique en Equateur n'a rien de très florissant. Particulièrement pour un jeune passionné de cinéma comme Sebastián Cordero. Il va donc quitter son pays d'origine pour aller étudier le cinéma dans une université américaine. De retour dans son pays, il va alors redoubler d'effort pour monter son premier long-métrage. Et cela fonctionne puisque quatre métrages plus tard, Sebastián Cordero s'est fait remarquer un peu partout dans le monde. Deux de ses films ont même été distribués en France : RABIA et INVESTIGATIONS. Mais entre ses quatre premiers films et l'univers de la science-fiction, il y a un gouffre intersidéral... Cela n'empêche pas des producteurs américains de lui proposer un curieux projet, celui de filmer une expédition spatiale vers la planète Jupiter ! Le cinéaste équatorien ne laisse pas passer cette opportunité et s'engage dans son tout premier long-métrage réalisé en langue anglaise…
EUROPA REPORT adopte la forme du faux documentaire. On nous présente ainsi les images retrouvées d'une mission spatiale qui avait cessé d'émettre. Après la rupture du contact avec la Terre, la destinée des six membres d'équipages était resté un mystère. Si le point de départ ressemble à celui de APOLLO 18, ce film de science-fiction se veut rigoureusement sérieux. La production et le réalisateur ne manquent jamais d'appuyer sur l'aspect réaliste de leur film d'un point de vue technique. Mais, à vrai dire, à l'issue du film, il n'y a rien de spécialement novateur dans EUROPA REPORT. L'aspect technique du voyage spatial ? Passé un peu à la trappe, laissant pas mal de zones d'ombres justement sur la technologie mise en œuvre. Il faut donc se recentrer sur les personnages. Ceux qui présentent les images retrouvées, à la manière d'une commission d'enquête, ainsi que les six membres de l'équipe de la mission spatiale. Mais en débutant l'histoire avec une scientifique à la tête du projet, nous présentant les images, EUROPA REPORT perd assez vite de sa crédibilité. Car la narration n'est pas linéaire et n'a donc rien d'une présentation scientifique. Cette manière de raconter l'histoire, de façon éclatée, provoque d'ailleurs des situations confuses. Par exemple, l'équipage discute de la mort de l'un des personnages sans que son nom ne soit évoqué. Situation étrange puisque sa mort ne surviendra que bien plus tard. En réalisant des sauts temporels assez récurrents, EUROPA REPORT n'aide pas à se familiariser avec l'équipage, à tisser des liens affectifs et donc à ressentir quoi que ce soit. Le métrage se montre donc particulièrement froid. Et sa conclusion va dans ce sens, allant jusqu'à nous expliquer qu'après tout, la mort d'un ou plusieurs individus est négligeable face à ce que l'on peut obtenir en retour. La mission spatiale étant commanditée par une entreprise privée, on pourrait se demander s'il s'agit d'une pointe d'ironie. Pas du tout, le métrage est le plus sérieux du monde dans son discours à la gloire de l'exploration de l'univers par l'insignifiant être humain ! Le film fait d'ailleurs un clin d'œil à 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE en nous passant un extrait du «Beau Danube Bleu» de Strauss. Mais EUROPA REPORT a bien du mal à supporter la comparaison avec le film de Stanley Kubrick qui nous montrait le voyage spatial comme une évolution majeure de l'être humain. Sans essayer d'aller au-delà de son simple concept de mission spatiale, EUROPA REPORT ne fera pas oublier d'autres aventures de l'espace comme 2010, L'ANNEE DU PREMIER CONTACT, MISSION TO MARS ou encore SUNSHINE !
Projet assez curieux, EUROPA REPORT est un métrage cosmopolite. En plus d'un réalisateur qui vient d'Equateur, le film met en scène des comédiens issus de diverses nationalités. Devant les caméras de EUROPA REPORT, on trouve donc un Suédois (Michael Nyqvist), un Sud-africain (Sharlto Copley), un Américain s'étant forgé une carrière à Hong Kong (Daniel Wu) ou encore d'autres ressortissants des Etats-Unis (Christian Camargo, Embeth Davidtz...). Tous les comédiens font leur boulot le plus sérieusement du monde, même lorsqu'on leur demande de faire «coucou» à travers un hublot en plein milieu d'une mission dangereuse. Autant dire que l'aspect réaliste du film, certaines séquences le malmènent. Et, bien que l'on ne soit pas des spécialistes de la NASA, on peut trouver quelques passages un poil étrange. Nos voyageurs de l'espace ont tendance à se faire piéger bêtement. Il faut dire qu'ils ne prennent pas beaucoup de précautions, que leur matériel n'a pas l'air super fiable et que des scénarios accidentels évidents n'ont apparemment jamais été envisagés avant de quitter la Terre. Dommage pour eux, gênant pour le spectateur ! Quoi qu'il en soit, EUROPA REPORT est tout de même une petite aventure cinématographique. Pour réaliser le film, plusieurs caméras tournent en simultané pour capter des comédiens isolés dans des décors en vase clos. Une manière de renforcer l'aspect crédible et le côté réaliste des images supposées réelles. Pour le reste, les effets spéciaux sont en grande partie confectionnés par des images numériques souvent très réussies. Et c'est certainement là, le gros point fort de EUROPA REPORT. L'exercice évite, assez souvent, de tourner à la démo technique ne se reposant que sur ses effets «spatiaux». C'est plutôt appréciable et prouve que de nos jours, avec des budgets relativement limités, on peut réaliser des films de science-fiction visuellement crédibles.
Metropolitan sort EUROPA REPORT en vidéo, au choix en DVD ou Blu-ray. Ou plutôt «et» Blu-ray puisque l'édition en haute définition est livrée avec, en bonus, le DVD dans la même boîte. Le transfert en haute définition en 1080p/24 est infaillible. Il retranscrit de manière chirurgicale les images vidéo captées par les différentes caméras à bord du vaisseau spatial. Une partie des images sont altérée de manière artificielle de façon à apporter plus de crédibilité à ces images retrouvées. Le résultat est à la hauteur des attentes. Quelques effets spéciaux montrent tout de même leur limite mais c'est bien parce que l'image en haute définition est excellente ! Des pistes audio en DTS HD Master Audio 5.1 sont disponibles pour la version originale sous-titrée et le doublage français. Si l'on pouvait s'attendre à des débordements spectaculaires en raison du sujet du film, cela s'avère plutôt sobre, restant dans une logique réaliste.
En complément du film, on trouve quatre petits documentaires. Le terme « petit » est à sa place puisque l'on débute par un segment à propos des effets spéciaux qui dure seulement une petite minute. Tellement court que lorsque la fin arrive, on a l'impression que l'intervenant qui s'exprime est coupé dans son propos. Pas grave, la suite se trouve dans le deuxième segment vidéo qui dure, cette fois, deux minutes. En tout cas, c'est l'impression que donne la vision de « Le voyage vers Jupiter ». Le troisième dure trois minutes, c'est logique, et viendra une nouvelle fois apporter quelques précisions supplémentaires sur EUROPA REPORT. Bizarrement, le supplément le plus long est dédié à la musique du film. Bear McCreary discute donc de son implication sur le métrage et sur son approche musicale. Un segment de cinq minutes qui développe rapidement mais réellement son sujet ! Pour terminer, le disque contient quelques bandes-annonces d'autres titres à sortir chez l'éditeur dont celles de l'excellent BYZANTIUM et du fort sympathique RIDDICK. Par contre, aucune trace de la bande-annonce de EUROPA REPORT.