Totalement amnésique, John (Sharlton Copley) se réveille dans une fosse remplie de cadavres. Secouru par une femme muette (Josie Ho), il l'accompagne jusqu'à dans une maison isolée en pleine forêt. Là, il se retrouve en compagnie de cinq autres personnes, toutes dans le même état. Petit à petit, des flashes d'événements brutaux font surface alors que des tensions montent entre chaque protagoniste. John se demande si le responsable du massacre est parmi eux, voire s'il n'en est pas lui-même l'auteur ?
Le nouveau film de Gonzalo López-Gallego (APOLLO 18, LES PROIES) est un thriller horrifique mâtiné de science-fiction qui fleure bon le mystère et le suspense. Les œuvres concernant les pertes de mémoire, à la MEMENTO ou MEMORIES, tentent toujours de posséder un je-ne-sais-quoi qui les rendrait plus malins que leurs prédécesseurs. OPEN GRAVE ne déroge pas à la règle et avouons que le scénario, écrit par les nouveaux venus Chris et Eddie Borey, ainsi que la mise en scène régalent le spectateur quant à la nébulosité du sujet et de sa résolution.
Attention, nous sommes malheureusement un peu obligé de révéler un élément clef du récit. Pas pour le plaisir mais plutôt parce que OPEN GRAVE s'incrit dans une mouvance très actuelle. Mais si le métrage tente de camoufler la chose, il est bon de souligner que pour sa promotion, lors de sa sortie en Italie, des photos explicites dévoile le pot aux roses. Quoi qu'il en soit, à l'instar d'APOLLO 18 ou des PROIES, le réalisateur illustre donc, une nouvelle fois, un sous-genre du cinéma fantastique et de l'horreur. Avec une velléité de l'élaborer de la manière la plus originale qui soit. Problème, le résultat final ne l'est guère et ce même si l'efficacité reste de mise. Cette œuvre à rebours va directement dans le sens du vent et rejoint la cohorte de films sur les contaminés et autres- morts-vivants qui ont la part belle actuellement, entre la saga RESIDENT EVIL et autres WORLD WAR Z. Au lieu de déconstruire le genre traité, comme le début le laisse présager, il ne s'agit que d'une réinterprétation de ces thématiques.
Pour le tournage en Hongrie, la production s'adjoint les services d'acteurs chevronnés, à la dimension internationale et habitués aux débordements en tous genres. L'imposant Thomas Kretschmann, qui vient d'incarner le rôle titre dans DRACULA 3D de Dario Argento avec qui il avait déjà travaillé pour LE SYNDROME DE STENDAHL, retrouve un terrain connu, si l'on pense à sa présence dans le film d'Alexander Witt. Il côtoie Josie Ho (DREAM HOME), excellente interprète d'une muette qui semble détenir la clé de l'énigme et également Sharlton Copley, récent héros de DISTRICT 9. Il incarne parfaitement la duplicité du héros, ses craintes, ses peurs. Le récit emprunte crânement son point de vue et l'empathie créée sème un beau doute en plein milieu du film lorsque plane la crainte de son éventuelle participation au massacre.
La narration est habilement emballée autour du recouvrement graduel de la mémoire et de la reconstruction de l'historique des événements. La caméra utilise le format Scope afin de créer à la fois la sensation de grand espace tout en privilégiant l'enfermement individuel. Comme quoi chacun peut se retrouver prisonnier d'un extérieur à priori sans danger. Gonzalo López-Gallego, également monteur du métrage, confirme son gout sûr du filmage en extérieur hérité de la sauvagerie des PROIES. On pense à des films comme THE BUBBLE ou encore à une influence de M. Night Shyamalan dans la volonté de maintenir une «révélation» finale la plus surprenante possible comme, par exemple, dans LE VILLAGE. La construction en puzzle, où les pièces s'assemblent image après image, fonctionne. En fait, si le film réussit à maintenir la pression, la raison invoquée fait un peu retomber le soufflé, mettant le métrage en droite ligne de ce qui se trame sur nos écrans depuis une bonne dizaine d'années. Même si le denier plan est d'un spectaculaire inattendu !
D'un film d'ambiance, OPEN GRAVE glisse graduellement vers un film d'horreur. En attribuant des éléments qui oscillent entre l'épouvante et le gore, OPEN GRAVE touche à tous les thèmes propres au cinéma de genre avec une pincée de «found footage». Il en vient même à loucher quelque peu sur le "torture porn" avec son laboratoire laissant à penser qu'il s'y est déroulé des expériences douteuses au beau milieu de nulle part. Comme si OPEN GRAVE faisait un point sur l'ensemble des influences du cinéma horrifique de cette dernière décade pour en livrer un film au sujet somme toute calibré pour le marché actuel, même si l'intrigue capillotractée, bouclant de manière intelligente sur l'aspect cyclique des événements, souhaite nous faire penser autrement.
Pour quiconque n'a pas vu les films cités-ci-dessus, ou tout du moins d'autres métrages émanant des genres concernés, OPEN GRAVE fera office d'une petite claque dans la tête. Pour les amateurs rompus au genre, il laissera l'impression d'une œuvrette sympathique, souhaitant sortir des sentiers battus mais ne pouvant que revenir là où le film d'horreur se sent le mieux pour faire vendre un film : dans les clous attendus.