L'attirance d'un homme pour une inconnue le pousse à l'épouser. La femme,
en proie aux vieilles croyances de son village natal, se refuse à lui
lors de la nuit de noce. Les jours passent et cette situation pèse sur
leur union. L'intrusion d'une autre femme, amie de l'époux, déchainera
une jalousie dévorante...
L'approche de l'élément fantastique dans LA FELINE n'a plus cours aujourd'hui. Déjà en 1982, lorsque Paul Schrader en réalise un remake avec Nastassja Kinski et Malcom McDowell, le charme de la suggestion est en grande partie gommé par l'emploi d'effets spéciaux ou d'images évocatrices. Les temps changent... Dans la version originale, on emploie donc de malins effets pour éviter de montrer réellement ce qui se passe. Une approche qui fut maintes fois reprise par la suite avec succès dans les meilleurs films d'épouvante. Pour montrer la transition entre la femme et la panthère, un simple plan poétique suffit. On découvre les traces de pattes d'une panthère qui chemin faisant deviennent ceux des talons hauts d'une femme. Simple mais qui y aurait pensé ? On trouve ce genre de plan qui appuie l'élément fantastique de l'histoire et de l'héroïne tout au long du film (la statue au musée...).
Si l'épouvante ne fonctionne plus comme à l'époque de sortie de LA FELINE, certaines scènes apportent un peu d'inquiètude. Comme lors de l'attaque dans la piscine. On ne voit rien, on suggère, jusqu'à ce que la lumière s'allume révelant Simone Simon l'air tout aussi innocente qu'inquiétante. L'inquiétude provient sûrement du fait que le personnage cultive une image d'ingénue naïve et innocente. A ce moment-là, on comprend qu'elle est capable du pire. Et pourtant, ce changement d'attitude arrive moins par ses racines ancestrales que de sa simple jalousie.
En réalité, LA FELINE tient plus du drame et du film romantique que de l'épouvante. Comme la majorité des films de cette époque, on s'intéresse aux personnages et à leur évolution. On pourrait très bien supprimer l'aspect fantastique de l'histoire et obtenir un déroulement qui se tienne toujours autant. Malgré le fait que l'on nous donne des indices sur la réalité de la transformation de l'héroïne jusqu'à l'épilogue qui nous met devant le fait accompli, le coeur de l'histoire est bel et bien celui d'un trio amoureux et d'une jalousie dévastatrice. Un sentiment humain relativement banal capable de transformer même une innocente jeune femme. La transformation en panthère ne devenant alors qu'une métaphore.
Techniquement, la copie qui nous est présentée ici est de bonne facture. Surtout si l'on garde à l'esprit que près de soixante ans nous séparent de son tournage. On excusera donc les différents problèmes de pellicule assez anecdotiques. Pour le son, c'est un peu différent. Etrangement, il y a comme une saturation au niveau des basses lors des passages musicaux un peu comme si les aigus avaient été atténués. Etrange !
LA FELINE n'est donc pas un film d'épouvante comme les autres. Plus subtil et jouant plus sur les ombres et les ambiances que sur les effets chocs, il peut ainsi convenir à un peu tous les publics qui ont une attirance pour les personnages plutôt que les effets spéciaux.