Déprimé, le compositeur Jason Jones tombe sur une publicité à propos de vacances relaxantes. Il décide de tenter l'expérience et prend le train pour rejoindre le manoir du Docteur Storm. Durant le trajet, il rencontre Judy qui se rend chez sa tante pour régler un problème d'héritage. Coïncidence, la tante vit avec le Docteur Storm dont les activités s'avèrent plutôt étranges !
A la fin des années 40, Richard Gordon et son frère, d'origine anglaise, s'installent aux Etats-Unis. Profitant du fait qu'ils sont à New York, pendant quelques temps, ils vont collaborer à des publications britanniques en réalisant des interviews de personnalités du cinéma. C'est ainsi qu'ils vont rencontrer Bela Lugosi qui leur proposera de le représenter à New York. De fil en aiguille, à force de contacts mais aussi en distribuant des oeuvres européennes sur le sol américain, Richard Gordon finit par devenir l'entremetteur de coproductions entre les Etats-Unis et l'Europe. A partir de là, il lui apparaît évident qu'il est plus logique de devenir lui-même producteur plutôt que servir de simple intermédiaire. En 1970, il finance pour 40.000 livres, une somme dérisoire, le premier long métrage d'Antony Balch avec lequel il est ami de longue date. SECRETS OF SEX, sorte de films à sketches, va rencontrer un certain succès en Grande Bretagne mais sera distribué aux Etats-Unis de manière très raccourcie et en double programme avec LA TOUR DU DIABLE, la production suivante de Richard Gordon. En effet, SECRETS OF SEX était, à l'époque, impossible à distribuer en l'état dans les cinémas américains en raison des nombreuses scènes de nudité et de sexe émaillant le film. Distributeur de films étrangers dans les cinémas anglais, Antony Balch a une forte tendance à mettre en avant les éléments vendeurs. Par exemple, lorsqu'il distribuera TRAITEMENT DE CHOC d'Alain Jessua en Grande Bretagne, il changera le titre en DOCTOR IN THE NUDE de manière à attirer le maximum de spectateurs en leur promettant des séquences dénudées. Traînant ensemble au Festival de Cannes, Antony Balch et Richard Gordon vont alors initier HORROR HOSPITAL. Suite au résultat de SECRETS OF SEX, il apparaît évident aux deux cinéastes de collaborer une nouvelle fois ensemble. Partant d'un simple titre, jeté à la cantonade par Antony Balch, ils vont rapidement échafauder une intrigue. Alan Watson, ami d'Antony Balch traînant lui aussi sur la croisette au même moment, viendra leur prêter main forte pour l'écriture d'un métrage à l'arrivée quelque peu décousu.
Les contacts dans le milieu du cinéma de Richard Gordon et Antony Balch leurs permettent de rassembler quelques comédiens connus. La tête d'affiche sera confiée à Michael Gough, solide comédien britannique ayant, entre autres, fait fortes impressions en menant CRIMES AU MUSEE DES HORREURS. Une nouvelle fois, l'acteur va se mettre dans la peau d'un sinistre personnage pour HORROR HOSPITAL. Pour autant, le film ne lui donne finalement pas grand chose à défendre et place le comédien sur une chaise roulante durant la majeure partie du métrage. Du coup, sa prestation d'un scientifique froid et maléfique est ici relativement statique et n'enthousiasme pas plus que cela. Mais, le plus gênant, c'est que Michael Gough est souvent mis à l'écart de l'écran, le métrage se focalisant sur le couple de héros plutôt que de suivre en détail les expériences du savant fou. Car il faut bien le reconnaître, nous avons ici affaire à un véritable scientifique frappé de la cafetière. Ses expériences, il finit par les expliquer, histoire d'éclairer les héros ainsi que les spectateurs, mais la finalité reste plutôt nébuleuse. A la fin du film, lors d'une séquence dénudée, on finira par comprendre que tout cela lui permet surtout d'assouvir ses pulsions sexuelles ! Oui, HORROR HOSPITAL nous propose quelques séquences olé-olé digne des 70s, le tout mêlé à une atmosphère un poil étrange et à de l'horreur bien arrosée d'hémoglobine écarlate.
HORROR HOSPITAL est une œuvre profondément ancrée dans son époque à bien des égards. Les producteurs suivent les modes et cela se ressent. En 1973, le cinéma gothique de la Hammer Films commence à prendre un sérieux coup dans l'aile. D'ailleurs, même la fameuse maison de production britannique cède aux influences contemporaines, un peu forcé par Warner il est vrai, avec un très pop et psychédélique DRACULA 73. Dans HORROR HOSPITAL, on suit donc des jeunes qui ont l'envie de croquer la vie à pleine dent et qui vont être confrontés à un vieux bonhomme qui lobotomise la jeunesse. Car, étrangement, tous les personnages dépassant la vingtaine sont présentés de manière négative. Perverti par l'argent comme le chef de gare et surtout l'agent de voyage, homosexuel et libidineux, interprété par un Dennis Price qui vient de tourner, à ce moment là, DRACULA PRISONNIER DE FRANKENSTEIN. Par contre, pas de motivation clairement définie pour l'ancienne tenancière d'un bordel jouée par Ellen Pollock qui participe aux expériences franchement douteuses du Docteur Storm sans trop se poser de questions. En face, on nous propose donc un héros qui décide de prendre des vacances, en se mettant au vert, après des désillusions artistiques dans ses activités musicales. Il le dit lui-même, il vit tout de suite et maintenant et ne pense pas au lendemain. L'attitude est déjà flagrante auparavant lorsque celui-ci part pour quelques jours de vacances, sans valise, les mains dans les poches. Un chevelu sympa qui va rencontrer en chemin une nana dont la timidité très relative cède la place à une attitude bien moins prude ! Autant dire qu'il s'agit d'une jeunesse «Peace & Love» bien raccord avec les années 70. De plus, le film ne laisse pas passer une musique à base de paroles morbides et de guitares saturées qui cartonnent à l'époque en Grande Bretagne. HORROR HOSPITAL nous propose ainsi une petite scène dans un club où l'on assiste à un concert grandiloquent. La formation musicale du film est une sorte d'amalgame de Black Sabbath et des autres groupes musicaux anglais du moment. Si ce passage pourra sembler un peu gratuit, il a au moins le mérite de donner du rythme à la première partie du métrage. Une fois le film lancé, HORROR HOSPITAL a hélas un peu tendance à s'enliser méchamment et à cumuler les séquences inutiles, parfois très longues. Il est même évident que la plupart des comédiens sont libres d'improviser à leur convenance donnant un peu l'impression qu'on leur demande de jouer la montre. Heureusement, l'aspect un peu bizarre de certaines situations ravive de manière régulière l'intérêt du métrage. Pas de manière exceptionnelle, soyons honnête mais le film est pour le moins curieux en proposant une histoire sérieuse dans laquelle s'insinuent des notes d'humour étrange comme lorsque le héros, en pleine fuite, s'arrête pour croquer un gâteau. De même, la séquence qui ouvre le film suit une poursuite qui se termine par une double décapitation plutôt incongrue. Cette mise à mort très particulière et improbable, on la retrouvera plusieurs fois dans HORROR HOSPITAL mais passé la surprise, l'idée tourne court alors qu'il aurait été bien plus malin de renouveler la manière de trucider les victimes. Mais HORROR HOSPITAL est un métrage un peu fauché comme la plupart des films produits de manière indépendante en Grande Bretagne à cette époque : de Pete Walker à Norman J. Warren. Dans ce qu'il propose, HORROR HOSPITAL s'avère d'ailleurs assez proche de LA TOUR DU DIABLE, produit auparavant par Richard Gordon et qui mettait déjà en scène le jeune Robin Askwith. Le résultat n'est pas vraiment enthousiasmant et HORROR HOSPITAL n'est donc pas un incontournable du genre ! Il s'adressera en premier lieu aux fantasticophiles qui veulent combler une lacune dans leur exploration du cinéma d'épouvante anglais.
Artus Films lance une collection dédiée au cinéma d'épouvante britannique dans laquelle on trouve ce HORROR HOSPITAL, distribué en 1976 en France sous le titre surprenant de LA GRIFFE DE FRANKENSTEIN. Pour sa distribution en DVD, l'éditeur a donc choisi de conserver le titre original à l'instar de la précédente édition DVD parue en France chez PVB Editions. Le film nous est proposé avec un transfert 16/9 dans un format 1.77, proche de celui d'origine. L'image se montre souvent un peu approximative au même titre que les couleurs. Le contraste manque quant à lui de punch. Autant dire que l'image n'est pas renversante surtout que l'on peut déceler ici ou là des soucis vidéo. En passant outre, cela n'empêche pas de visionner le film pour autant. Il est aussi donné le choix entre la version originale sous-titrée et le doublage français d'époque. Passer de l'un à l'autre à la volée montre que le mixage est très différent en ce qui concerne les voix des comédiens. Naturel sur la version originale, proéminent sur le doublage français ! Fait plutôt étonnant, la version française se montre finalement plus amusante car forçant, consciemment ou pas, le second degré du film. En tout cas les deux pistes sont en mono, ça n'impressionne pas mais cela se suit sans problème. Par contre, on sera surpris, encore une fois, de découvrir des erreurs dans le sous-titrage français qui semble vouloir plutôt coller au doublage qu'à la version originale. Par exemple, quand Skip Martin dit simplement «Chiche-kebab», la traduction du sous-titrage est à côté de la plaque. Etonnant quand on sait que la plupart des éditeurs ont tendance, depuis pas mal d'années, à refaire les sous-titrages de films anciens de manière à avoir des traductions plus correctes.
La formule des disques Artus Films ne change pas et, en supplément, on trouve une interview assez longue d'un spécialiste. Ici, c'est Alain Petit qui s'y colle et il nous parle donc longuement du film au travers des comédiens, du producteur et du réalisateur. Sympathique comme toujours ! A côté, on peut trouver des bandes annonces de la collection de films d'épouvante britanniques ainsi qu'une galerie de photos !