Alors qu'il participe à une expédition à la recherche d'un ours géant, l'un des scientifiques trouve la mort. L'incident va définitivement mettre à mal les relations entre le Dr Travis Preston (Scott Adkins) et le chasseur d'animaux Harker (Dolph Lundgren). Un avocat (James Lance) à la solde d'un mystérieux client engage cependant le cryptozoologiste pour la capture d'une créature géante localisée en Chine. Arrivé sur place avec les membres de son équipe, il découvre que Harker a été engagé par les dirigeants d'un chantier menacé par le monstre. Les deux hommes et leurs équipes respectives vont alors entrer dans une compétition acharnée : l'un pour capturer la créature, l'autre pour la tuer !
Dolph Lundgren, Scott Adkins, de la 3D et un monstre géant : Quatre bons arguments de vente pour les fanas de film d'action, de combats et de grosses bébêtes qui tuent tout sur leur passage. A l'arrivée... une déception. Affublé d'un budget indiqué comme étant de douze millions de dollars et avec un tournage en Chine, LEGENDARY s'avère un produit de série B de luxe à propos d'une vilaine créature aussi géante que bouffeuse d'hommes. Pas déshonorant, mais strictement sans aucun intérêt.
Au générique, on retrouve quelques noms connus... dont le producteur Moshe Diamant, responsable de la production de LECTURES DIABOLIQUES mais également de quelques Vandammeries (MORT SUBITE, LE GRAND TOURNOI, DOUBLE TEAM...) ou plus récemment oeuvrant sous la bannière de feu Franchise Pictures (UN COUP DE TONNERRE ou le remake du MONSTRE EST VIVANT). Bref, avant la projection, on est parcouru d'un sentiment partagé entre la crainte et l'amusement. Le choix du réalisateur Eric Styles demeure on ne peut plus curieux. Avec des comédies come STARS IN LOVE avec Julie Andrews ou encore MISS CONCEPTION avec Heather Graham, ça n'était pas le bonhomme rêvé pour assembler un tel projet. Et lorsque le nom du scénariste Andy Briggs paraît, le doute s'efface. On aura droit à une série B produite à destination de la vidéo. Auteur de machins comme LA FUREUR DES GARGOUILLES, LE PENTACLE MAUDIT ou le remake/suite de PHILADELPHIA EXPERIMENT emballé il y a peu par Paul Ziller, l'ambition ne va pas aller très loin. Il n'y a guère que la partition musicale de Paul Leonard-Morgan, auteur des récents DREDD et LIMITLESS, qui témoigne d'une volonté de se positionner au-delà d'une simple série B. Pas de zigouigouis électronique faits à la va-vite, Il s'agit d'une vraie belle musique de film aux mélodies travaillées et servie par un orchestre que l'on devine important
Cette co-production avec la Chine fleure bon le produit opportuniste. Deux acteurs qui sont revenus sous les spotlights du film d'action grâce aux EXPENDABLES et EXPENDABLES 2, il faut reprendre la balle au bond. Malheureusement, les amateurs de kicks redoutables de Scott Adkins en seront pour leurs frais. Pas d'art martial en vue, juste un bagarre à poings nus avec le géant suédois qui joue le méchant avec délectation. Adkins est un scientifique tendance écolo qui tente de capturer et de protéger une sorte de triton géant qui défend son territoire. Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? ROGUE (connu aussi sous le titre de SOLITAIRE) de Gregg McLean avait ce même sujet d'une créature gigantesque avide de garder sien un environnement prédeterminé. D'ailleurs, LEGENDARY pille pas mal le final de ROGUE avec son affrontement entre l'homme et l'animal dans une grotte.
En fait, le scénario mange à tous les râteliers des films de monstres. Tout en effectuant un produit strictement «familial». Peu de frissons, une quasi absence d'hémoglobine, tout est filmé pour choquer le moins de monde possible. Le récit demeure éminemment politiquement correct, fonds chinois obligent. Ce qui explique aussi la présence de la jolie interprète chinoise bien sous tous rapports, du maître d'école responsable et qui va donner de son temps au bon scientifique... autant de personnages ne servant à rien et qui auraient pu être évacués sans que la narration ne s'en trouve affectée. D'ailleurs, ils se trouvent éjectés du dernier quart du métrage sans crier gare.
Pour les intervenants directs de l'histoire (les scientifiques, l'avocat, etc...), on pourra s'amuser à retrouver, ça et là, les influences de divers films. Par exemple, Katie (Lydia Leonard) trouve non seulement l'amour mais également des bidules zoologiques qui n'est pas sans rappeler le rôle de Vicki Lewis dans le GODZILLA de Roland Emmerich. On peut pousser le vice jusqu'à imaginer ici une sorte de remake involontaire d'APOCALYPSE DANS L'OCEAN ROUGE (si, si), avec les légendaires scènes sur le bateau où Michael Sopkiw et Valentine Monnier tentent de repérer via un sonar la présence (ou non) du-dit monstre. Certes, ça n'est pas rendre le meilleur hommage possible à LEGENDARY. Mais le scénario est tellement empêtré dans les clichés habituels du film d'attaque animale que cela en est parfois gênant. Ce n'est pas la localisation plus exotique et la guéguerre entre Scott Adkins et Dolph Lundgren qui nous feront changer d'avis.
Vu la nature du budget, les effets spéciaux s'avèrent de qualité supérieure à ceux dont nous sommes témoins dans les innombrables séries B ou Z qui sévissent sur nos écrans. Le Grizzly géant du début ainsi que l'espèce de triton denté, la bête «légendaire» du titre, sont bien mieux animés et soignés que les curiosités sorties des usines à images de synthèses que sont The Asylum ou CineTel. Certaines incrustations font un peu peur comme les plans de nuit avec le grizzly poursuivant les membres de l'expédition. Mais l'ensemble est satisfaisant. Le tout couplé avec un Scope (2.40:1) élégant, captant superbement les paysages verdoyants. Le budget n'a clairement pas été investi seulement dans les effets spéciaux mais aussi dans le soin apportés aux décors et à la lumière. Le film est par ailleurs doté d'une très belle photographie, notamment dans les scènes intérieures et le final dans la tanière de la bête.
Au moment de sa projection dans le cadre du Marché du Film à Cannes en 2013, la post-production était terminée... Ou pas... Mystère ! Et ce même si le film sera sur les écrans des cinémas chinois trois mois plus tard. Toujours est-il que la 3D vire au médiocre la plupart du temps. Fonctionnelle sur certains plans d'attaque et de bagarres, elle est inexistante durant un bon tiers du temps. Il n'y a qu'à enlever les lunettes 3D active pour s'en rendre compte : certains plans sont clairement en 2D, même pas travaillés. Pire encore : le dernier quart d'heure reste totalement dépourvu de relief, nous l'avons d'ailleurs visionné sans lunettes 3D !
Au final, LEGENDARY se laisse voir sans ennui véritable. Mais l'ambition de réaliser un film d'envergure ou avec une certaine originalité n'est pas de mise. Il s'agit d'un produit standard, à destination de la VOD, du marché du DVD et du Blu Ray, car on ne voit pas vraiment pas par quel miracle le film sortirait au cinéma dans nos contrées. Hormis cela, LEGENDARY emprunte des chemins tellement déjà labourés auparavant qu'il sera difficile de le voir sortir du lot. 100 minutes de spectacle certes agréable à l'œil, mais pour spectateurs peu exigeants lors d'un soir de semaine sans rien d'autre à regarder.