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Critique du film et du DVD Zone 0
EEGA 2012

 

Lorsque le jeune Nani rencontre par hasard la séduisante Bindu, c'est le coup de foudre immédiat. Les regards s'échangent et un jeu de séduction commence à naître, pour bientôt donner naissance à un amour pur et sincère. Que c'est mignon... Sauf que la vie n'est pas faite que de clins d'œil, de pétales de roses et de sourires filmés au ralenti. La vie c'est aussi une belle garce qui ne perd pas une occasion de vous mettre des coups de tatanes dans les roubignoles. Et ça, Nani va l'apprendre brutalement en se faisant assassiner par Sudeep, un riche entrepreneur qui a lui aussi jeté son dévolu sur Bindu. Reste que la mort n'est pas une fin en soi et notre combatif Nani ne tarde pas à se réincarner... en mouche ! Désireux de protéger Bindu, mais également de se venger, l'insecte s'entraîne alors durement et décide de partir en guerre contre l'infâme Sudeep.

Si les religions monothéistes (Christianisme, Islam et Judaïsme) ont préféré la résurrection et le jugement dernier, les autres croyances tablent pour la plupart sur une réincarnation de l'Être immatériel. Aujourd'hui, une personne sur sept croit en la réincarnation. Il faut dire que le concept est assez séduisant et permet d'envisager la mort comme un nouveau commencement. Du point de vue des écrivains ou scénaristes, cela ouvre en outre pas mal de portes. Mais soyons honnêtes, le cas de EEGA est un peu particulier puisque pour la première fois, il est ici question d'un héros réincarné en mouche ! On a connu plus sexy comme protagoniste. L'acteur Naveen Babu Ghanta (Nani pour les intimes) avait pourtant le profil du jeune premier mais le destin décidera pour lui et les images de synthèse prendront donc le relais après une trentaine de minutes. Notre mouche sera donc à 100% numérique, avec une qualité de rendu correcte, supérieure à ce que nous proposent d'habitude les métrages indiens. Fort heureusement du reste parce qu'au-delà de l'insecte, les images de synthèse s'invitent très régulièrement dans EEGA. Effets bullet-time, accidents de voiture, explosions, objets traversant l'écran... Le film de S.S. Rajamouli se montre extrêmement généreux et seules la naissance de la mouche et la séquence qui s'en suit laissent à désirer visuellement. Le spectateur le ressentira du reste, et l'implication sera moindre durant cette petite dizaine de minutes...

Mais n'est-il pas curieux de parler d'implication lorsqu'on évoque le lien entre une mouche vengeresse et un individu paisiblement installé dans une salle de cinéma ou, plus sûrement, dans son canapé ? Non, pas tant que ça. Et c'est bien là le véritable tour de force de cet EEGA au pari complètement fou : Faire d'une mouche un personnage crédible au sein d'un film d'action «Live». Un héros revanchard, déterminé, vif et bourré de ressources. Un être faible qui repoussera ses propres limites jusqu'à devenir le grain de sable dans le rouage, la couille dans le potage ou, bien sûr, la mouche dans le lait. Nani est tout ça et chacune de ses nouvelles tentatives écarquillera les yeux du spectateur. On explose de rire devant cet insecte musclant son petit corps, on jubile lorsqu'il profère des menaces et on l'applaudit quand il les met à exécution ! Contre toute attente, l'alchimie fonctionne parfaitement et le spectateur s'attache à cette mouche comme il le ferait avec un John McClane ou l'un des nombreux justiciers incarné par Charles Bronson.

Rien que pour cette prouesse, EEGA et son réalisateur méritent d'être salués. Mais nous l'avons dit, l'expérience ne s'arrête pas là et le métrage se montre extrêmement généreux dans ce qu'il propose. S.S. Rajamouli joue clairement la carte du cinéma d'action et si les séquences sont folles, elles n'en sont pas moins efficaces. Le rythme est extrêmement soutenu, les situations souvent tendues et la folie va crescendo jusqu'à un final proprement hallucinant, véritable apocalypse à l'échelle de cet insecte aussi destructeur que motivé ! La bande-annonce du film est à ce titre assez révélatrice mais elle ne fait en réalité qu'effleurer le contenu. Il faudra également compter avec des oiseaux démoniaques, des effets pyrotechniques monstrueux et des rebondissements scénaristiques tout à fait aptes à nous tenir en haleine.

On saluera également la dimension «humaine» du métrage. Tout d'abord l'acteur Naveen Babu Ghanta qui durant la première partie du métrage insuffle l'énergie indispensable à son personnage. Il est le bonhomme qui, trente minutes durant, façonnera dans l'esprit du spectateur le caractère du héros en devenir. Force est de constater qu'il remplit parfaitement son contrat et qu'au-delà de la mouche numérique, c'est bien le jeune homme souriant et follement amoureux que l'on sent vibrer. On le comprend d'autant plus que son cœur ne bat que pour Bindu, incarnée par la ravissante Samantha Ruth Prabhu. Là encore, la performance est notable et l'actrice maintient un lien émotionnel aussi improbable que touchant. Mais qui pourrait résister à un tel regard ? Certainement pas le «Bad Guy» de l'histoire, porté ici par l'acteur Kiccha Sudeep, surjouant quelque peu mais finalement très savoureux dans ses élans de pure folie !

Au final, EEGA nous apparaît clairement comme un immanquable de l'année 2012. Il n'est certes pas LE film d'action du moment, pas plus qu'il n'est une comédie monstrueusement drôle. Mais il est un peu de tout cela et offre en sus une véritable énergie portée par des acteurs sympathiques et un postulat aussi délirant que maîtrisé. EEGA vous emportera donc 134 minutes durant, sans que cela se fasse sentir. Au contraire. Plus le métrage avance et plus son potentiel explose, s'achevant sur un générique magnifique, une danse de mouches chorégraphiée dans la pure tradition du cinéma indien. Bonheur !

Parce qu'il est suffisamment barré et sympathique, EEGA pourrait être un bon client à une édition vidéo française. Sa diffusion au Marché du Film à Cannes 2013 lui laisse quoi qu'il en soit une seconde chance, et ce après que le film ait déjà été diffusé à L'Etrange Festival, en septembre 2012. Reste que vu le maigre traitement du cinéma indien (et pire encore télougou !) au sein de l'hexagone, il est peut être plus sage de miser sur l'import DVD. C'est bien évidemment ce que nous avons fait et c'est donc l'édition du sud-ouest de L'Inde, tristement vierge de bonus, qui se trouve décortiquée dans ces lignes.

L'image tout d'abord nous est proposée au ratio d'origine 2.35, via un encodage 16/9 d'une précision redoutable. Les couleurs sont chaudes, les contrastes maîtrisés et les noirs profonds. En quelques occasions, la compression se fera tout de même sentir, et ce plus particulièrement durant les séquences entièrement numériques. On pense notamment à la fameuse scène post-éclosion de la mouche, plus touchée que les autres. Rien de dramatique cependant et d'un point de vue visuel, cette édition est tout à fait recommandable ! Par contre, il est bon de noter une pratique assez répandue chez certains éditeurs indiens qui incrustent leur nom dans l'image sur toute la durée du film.

Sur le plan sonore, le disque nous proposera la piste originale télougou, en Dolby Digital 5.1 ou en DTS 5.1. Les deux pistes sont précises et particulièrement dynamique. La spatialisation fonctionne au mieux et nous n'avons pas relevé la moindre anicroche. Pour une meilleure compréhension, un sous-titrage optionnel en anglais est fort heureusement disponible. Celui-ci se montre clair et de très bonne facture...

Terminons en précisant que bien que traitant d'EEGA, cette chronique est également valable pour NAAN EE. En effet, le film a été tourné en simultané en version télougou (EEGA) et en version tamoule (NAAN EE). Le casting est le même, que ce soit devant ou derrière la caméra. De nombreuses séquences sont reprises d'un film à l'autre et seules les scènes dialoguées ont été refaites dans les deux langues. Au final, on constate moins d'une minute d'écart entre les deux versions. Pour notre part, nous avons opté pour le disque d'EEGA, tout simplement parce qu'il s'avère bien plus aisé à dégoter sur internet (ou directement en Inde) que son homologue tamoul...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
24 news
241 critiques Film & Vidéo
5 critiques Livres
On aime
Une mouche héroïne d’un film d’action
Une inventivité étonnante
Vas-y Nani, bute les tous !!!
On n'aime pas
Une édition franchement chiche
Pourquoi pas d’édition française ?
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L'édition vidéo
EEGA DVD Zone 0 (India)
Editeur
Aditya
Support
DVD (Double couche)
Origine
India (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
2h14
Image
2.35 (16/9)
Audio
Telugu DTS 5.1
Telugu Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
      Aucun
    Menus
    Menu 1 : EEGA
    Autres éditions vidéo
      Aucune autre édition répertoriée.