Divorcé depuis peu, Clyde partage la garde de ses deux filles avec son ex-femme. Un jour, lors d'une brocante, l'une de ses filles achète une vieille boîte en bois qui n'a apparemment pas de mécanisme d'ouverture. Des événements très étranges vont alors se produire et ils seraient liés au contenu de cette étrange antiquité…
A défaut de travailler dans le monde du cinéma, Ole Bornedal va s'occuper d'émissions radiophoniques au Danemark où il se fera remarquer en remportant des prix. Ca le mènera assez naturellement à la télévision danoise. Après avoir réalisé des téléfilms, il a l'opportunité de mettre en scène un premier long métrage pour le cinéma. LE VEILLEUR DE NUIT sera si bien accueilli qu'il dépassera les frontières danoises donnant une certaine notoriété au cinéaste. Au point que les frères Weinstein lui proposent de venir travailler aux Etats-Unis. Il va ainsi réaliser le remake de son propre film pour lui donner un aspect plus américain. Après une période où il ne réussit pas à concrétiser des projets à Los Angeles, il préfère retourner au Danemark où il va prendre une nouvelle voie, celle du Théâtre. Toutefois, le cinéaste reviendra assez vite au cinéma en enchaînant trois longs métrages dans son pays d'origine dont l'horrifique THE SUBSTITUTE. Ole Bornedal va alors retourner aux Etats-Unis pour mettre en scène une histoire basée sur un article du quotidien Los Angeles Times, «A Jinx in the Box ?», datant de 2004.
Cinq ans plus tard, en 2009, Ghost House Pictures annonce la mise en chantier d'un film d'horreur intitulé THE DYBBUK BOX. Les scénaristes élaguent largement l'histoire «vraie» relatée dans le journal à propos d'une boîte vendue sur eBay et qui serait hantée par un esprit maléfique issu des croyances juives. La même année, UNBORN traitait justement d'un cas de possession par le même type de spectre nommé Dybbuk. Le film d'Ole Bornedal ne rentrera pas en compétition avec celui de David Goyer puisqu'il ne sortira que bien plus tard sur les écrans. Car suite à l'annonce du film en 2009, Ghost House Pictures va entrer dans une période où les projets vidéos et télévisuels semblent être la priorité de la maison de production. Pendant ce temps, THE DYBBUK BOX va changer de titre pour adopter un plus impersonnel THE POSSESSION, devenant un aussi passe-partout POSSEDEE en France. A l'issue du tournage, le film n'est toujours pas, à l'évidence, une priorité pour Ghost House Pictures et de son distributeur Lions Gate. Il sera présenté au MPAA en 2011 et obtiendra un «R» menant à des modifications du montage de façon à obtenir une classification «PG-13», moins astreignante sur l'âge du public qui peut venir voir le film au cinéma. Toutefois, Ghost House Pictures et Lions Gate ne distribueront le film qu'au milieu de l'année 2012 sans trop y croire. Pourtant, le film va connaître un véritable succès dans les salles, prouvant que les exécutifs des studios se trompent et qu'il n'y a pas de règles établies en ce qui concerne l'accueil d'un film par le public !
POSSEDEE n'est pas en soi d'une grande originalité. Mais la mise en place de l'histoire et des personnages s'avèrent plutôt réussies. Il est ici question d'un couple divorcé et surtout des deux petites filles qui sont tiraillées entre leurs deux parents. Un décor familial relativement commun au cinéma mais qui fonctionne particulièrement bien dans le cadre d'un film d'horreur et particulièrement dans un métrage exposant un cas de possession. L'étrange comportement de la gamine peut ainsi être expliqué par sa situation familiale. Mais POSSEDEE ne joue pas du tout de cette ambiguïté auprès du spectateur. Aucun doute, il y a bien une force surnaturelle dans les parages et elle se montre pour le moins démonstrative à l'écran. Par contre, cela permet d'insuffler le doute auprès des personnages ou encore de créer des situations particulières comme une éventuelle maltraitance des enfants. En ce sens, POSSEDEE utilise assez bien ses personnages qui sont parfaitement interprété par les comédiens. En particulier Jeffrey Dean Morgan et surtout Natasha Callis, une époustouflante gamine d'une dizaine d'années. Armé de comédiens crédibles et concernés, POSSEDEE réussit assez vite à nous embrigader dans cette improbable histoire de boîte contenant un esprit maléfique possédant ses victimes !
Si POSSEDEE ne réinvente pas le film de possession, il apporte une petite originalité. Le plus souvent, les métrages traitant de possession démoniaque prennent pour cadre la religion catholique à l'instar de L'EXORCISTE. Dans POSSEDEE, on se tourne donc vers les croyances juives. Les prêtres sont remplacés par des rabbins, pour le reste les différences seront bien plus subtiles. Le film propose ainsi un déroulement extrêmement classique et prévisible. Certains passages font inévitablement penser à L'EXORCISTE mais aussi à AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE ou encore POLTERGEIST. Cela pourrait être des écueils mais il s'avère que POSSEDEE fonctionne bougrement bien. Ole Bornedal soigne les images de son film et propose un spectacle très classe, tout du moins dans ses deux premiers tiers. Le cinéaste danois tente aussi quelques curieuses fantaisies comme des plans récurrents en contre plongée des quartiers résidentiels ou bien en cadrant parfois au niveau des jambes. Il fait aussi des choix de montage très surprenant comme lorsqu'une montée crescendo de l'ambiance sonore est coupée brutalement. Une idée étrange qui n'a rien de commun et qui, dans le même temps, ne fonctionne pas vraiment. Particulièrement une fois que le film est visionné en vidéo, cela donne un peu l'impression d'un défaut. Peu importe, ces petits trucs n'handicapent en rien l'efficacité du métrage qui cumule aussi quelques problèmes de continuité ou des incohérences. L'exorcisme final est d'ailleurs celui qui pose le plus gros problème. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi se lancer dans de longues prières alors que par la suite, il suffit de clamer un nom haut et fort, technique pourtant expliquée une demi-heure auparavant. Encore une fois, ces petits problèmes n'entachent pas POSSEDEE. Le film distille ainsi pas mal de moments de trouille plutôt bien troussés. Il réussit même à créer quelques violentes surprises inattendues comme lors d'un repas familial ou encore à imposer une véritable ambiance inquiétante. Il n'en faut pas plus pour que POSSEDEE se hisse dans le haut du panier des films de possession, genre où d'autres sombrent rapidement dans le ridicule.
Après sa diffusion au cinéma, Metropolitan Filmexport propose de redécouvrir POSSEDEE en vidéo. Si vous optez pour le Blu-ray, le DVD étant en bonus dans la même boîte, vous ne serez pas déçus. Le transfert 1080p/24 est de toute beauté. Les petites rides ou encore le duvet sur la peau des comédiens sont d'une incroyable netteté. Peut être trop, même, tant la définition semble d'une redoutable précision ! Il en va de même des pistes DTS HD Master Audio 5.1 qui proposent un mixage sonore ultra travaillé, participant à la construction de l'inquiétante ambiance du film. Comme souvent, nous avons une préférence pour la version originale mais le doublage français ne dépareille pas d'un point de vue technique. Le disque contient un sous-titrage français que l'on peut activer ou pas quelle que soit la piste audio choisie. Enfin, il apparaît important de noter qu'il ne s'agit pas du montage «PG-13» de POSSEDEE mais d'une version un peu plus démonstrative ajoutant ici ou là des bouts de séquences.
Si le film débute en nous expliquant que l'histoire est basée sur des faits réels, relatant les événements s'étant déroulés au cœur d'une famille sur une période d'une vingtaine de jours, la Featurette «La véritable histoire de la boîte Dibbuk» viendra nous prouver le contraire. Cette vidéo va donc s'intéresser essentiellement à la fameuse histoire de la « vraie » boîte contenant un esprit maléfique. A l'issue des interventions de ceux qui ont eu la boîte entre les mains, il n'y a pas de quoi être inquiet. On nous relate une crise cardiaque d'une vieille dame ou de vilaines appréhensions au contact de la boîte. Terrifiant, il suffirait de mettre la boîte dans une cave pour que des milles pattes viennent s'agglutiner aux alentours. D'ailleurs, le propriétaire actuel de la boîte nous montre une photo prouvant la présence de ces centaines de milles pattes. Et, sur la photo, on peut en voir une demi-douzaine. Si ce n'est pas de la preuve, qu'est ce que c'est ! A la fin de cette vidéo, on nous montre aussi la véritable boîte avant que l'un des intervenants nous expliquent qu'à présent, vous aussi, vous faites partie de l'histoire puisque vous avez été en contact avec elle. Alors deux options… La première, vous n'y croyez pas non plus et cette dernière tirade vous paraîtra ridicule… Ou bien vous êtes crédules et dans ce cas, s'il vous arrive des problèmes, vous pourrez tenir responsable ceux qui ont fait cette vidéo ! Quoi qu'il en soit, la «vraie» boîte ne ressemble en rien à celle du film tant elle semble quelconque. Et l'histoire originale d'un gars qui vend une boîte hantée sur eBay est, elle aussi, totalement différente de celle du film. Et, à choisir, on préfère POSSEDEE à la réalité !
En plus de la bande-annonce du film ainsi que celles d'autres métrages de l'éditeur, dont le remake de EVIL DEAD, le Blu-ray contient deux commentaires audio. Le premier donne la parole à Ole Bornedal. Il faudra être courageux pour s'y attaquer car le réalisateur danois parle lentement, sans se presser, en imposant des blancs réguliers. Il lui arrive même de partir dans d'étranges tirages du type «Tempo… … Tempo… …». Les plus tenaces arriveront jusqu'au bout et auront au moins mérité quelques éclaircissements sur la manière dont le cinéaste aborde le cinéma. Les deux scénaristes du film se montrent moins «auteur» et leur commentaire audio est donc largement plus engageant et vivant. Surtout qu'ils sont deux ce qui permet de ne pas laisser de place à des temps morts, l'un relançant souvent l'autre. Si vous devez écouter l'un des deux commentaires audio, il apparaît logique de commencer par celui-ci !