Un employé d'une agence immobilière est envoyé auprès du Comte Orlock pour conclure une affaire… Dans le château isolé du Comte, il comprendra l'horrible réalité. Son hôte est un vampire.
A l'origine, NOSFERATU est une adaptation du Dracula de Bram Stocker. Seulement pour éviter de payer pour réaliser une adaptation du livre à la veuve du romancier, on contourne le problème en changeant les noms des personnages ainsi que des lieux. Dracula devenant ainsi le comte Orlock dans cette version. Pour le reste, l'histoire suit en gros une trame que l'on retrouvera dans la plupart des adaptations fidèles du livre de Bram Stocker qui suivront. Changer les noms ne suffit pourtant pas et la veuve de Bram Stocker se mit en tête de détruire le film et elle y parvint presque en faisant disparaître les négatifs originaux. Après sa mort, on vit réapparaître des copies du film. Comble de l'ironie, certaines de ces copies bénéficiaient de cartons mentionnant les noms originaux présents dans le livre (Jonathan Harker, Mina, Renfield…). Il faudra pourtant encore attendre pour finalement voir le film tel qu'il aurait dû être avec la restauration d'une copie teintée. Cette dernière retrouvait aussi sa vitesse d'origine. Une substitution à la version sans couleur et accélérée connue jusqu'alors. C'est pourquoi on trouve sur ce DVD une version noir et blanc bénéficiant de cartons en français et utilisant les noms d'origine du livre de Bram Stocker. Alors que la version teintée garde des cartons en allemand indiquant les noms utilisés par le film. Autre point important, pendant longtemps, le film était diffusé en 24 images par seconde comme n'importe quel film de cinéma. Pourtant, le film était au départ projeté bien moins vite (seulement 18 images par seconde). On notera donc une différence de durée entre les deux versions.
Les années ont passé et NOSFERATU garde toujours un certain cachet. Pas forcément dans le climat de peur puisque le cinéma et notre perception de celui-ci a bien changé depuis. C'est bien plus dans la personnification du Comte Orlock par un inquiétant Max Schreck que le spectacle prend toute sa dimension. A un point qu'un film s'est monté entièrement sur l'idée que l'acteur aurait pu être un véritable vampire. Seulement, L'OMBRE DU VAMPIRE déformait la réalité de manière assez éhontée, présentant Friedrich Wilhelm Murnau comme un allumé filmant au petit bonheur la chance.
NOSFERATU est l'un des premiers grands films d'horreur réalisé par le cinéma. Aujourd'hui encore, le titre à lui seul est connu de tout à chacun. Il fait partie de la mouvance de l'expressionnisme allemand. Jouant beaucoup sur les éclairages, les lumières et les cadrages, ce cinéma fut une inspiration parmi tant d'autres dans la manière de filmer. Au début du cinéma, on posait la caméra et on laissait jouer les acteurs devant soi comme au théatre. L'action y était parfois de mise avec des courses poursuites et autres cascades donnant un mouvement forcé à la caméra. Pourtant, on peut noter avec un film tel que NOSFERATU, ou ceux des autres réalisateurs de l'expressionnisme, une envie de mettre en scène l'image dans une véritable recherche artistique. Il en découle des cadrages nouveaux ou des plans d'une rare beauté. Ainsi, lorsqu'on met côte à côte le film original et le remake réalisé presque soixante années plus tard, Werner Herzog reprend la quasi intégralité des plans du film original prouvant que dans sa forme artistique, NOSFERATU reste pour le moins actuel.
Il n'y a pas de raison de s'étaler sur la qualité sonore ou vidéo d'un film datant des années 20. Même si l'image a été restaurée, il faut donc garder à l'esprit l'âge du film. Le DVD ne pourra de toutes façons pas faire de miracles. Reste à juger du travail réalisé lors de la transposition sur la galette numérique. A ce niveau, il n'y a rien à dire non plus, ce qui ne facilite pas notre tâche. En effet, le transfert sur DVD s'avère quelque peu transparent. Difficile de soulever une quelconque critique. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle ! Par contre, au niveau de la qualité, on préfèrera la version teintée du film. L'image de la version noir et blanc étant bien plus abîmée et n'ayant sûrement pas bénéficié d'une restauration. Finalement, on notera un seul problème, la musique utilisée sur les deux versions est celle de Galeshka Moravioff. Si elle s'adapte parfois assez bien aux images, dans la version teintée à la fin du film, elle ne suit pas vraiment le déroulement de l'action, gardant toujours les mêmes intonations alors que l'histoire change de dimension.
Le DVD de Films Sans Frontières n'est pas très fourni. Mais est-ce un mal, puisqu'il n'existe a priori plus de documents, en admettant qu'ils aient existé, datant de l'époque du film. Dès lors, la solution est de présenter le film de la meilleure manière qui soit et d'ajouter quelques notes de production pour le remettre dans son contexte. Si le premier point est rempli, on déchante en ce qui concerne les bonus.
Ainsi, avant de lancer la version teintée ou la version noir et blanc du film, on obtient un écran expliquant la différence entre les deux. Mais à vrai dire, on ne sait pas pourquoi ces deux versions existent. A côté de cela, on peut trouver un écran concernant l'origine du film ainsi qu'une filmographie du réalisateur. Bien pauvre… Néanmoins, les autres éditions existantes à travers le monde ne font pas vraiment mieux !
Pour peu que l'on soit curieux, la vision de NOSFERATU est incontournable. Surtout si l'on veut avoir une vision globale du cinéma fantastique. Pour l'apprécier, il faudra toutefois entrer dans l'ambiance langoureuse du film pour se délecter de la beauté des images.