Header Critique : EPEE ENCHANTEE, L' (THE MAGIC SWORD)

Critique du film et du DVD Zone 2
L'EPEE ENCHANTEE 1962

THE MAGIC SWORD 

La sorcière Sybil (Estelle Winwood) ne peut empêcher son fils adoptif George (Gary Lockwood) de tomber amoureux de la princesse Helen (Anne Helm). Lorsque celle-ci est enlevée par le méchant sorcier Lodac (Basil Rathbone), il se rend au chateau du roi. Avec 6 compagnons et le conseiller du roi, il affronte les 7 malédictions lancées par Lodac pour empecher quiconque d'approcher son chateau où se niche un gigantesque dragon à deux têtes.

En 1960, Bert I. Gordon se trouve au sommet de sa carrière. Il vient d'enchaîner des séries B qui marchent: THE SPIDER, ATTACK OF THE PUPPET PEOPLE, WAR OF THE COLOSSAL BEAST... des résussites, car il possède la réputation de tourner vite, pas cher et rentabilise considérablement le budget investi. Spécialiste des effets spéciaux, auteur, réalisateur, producteur, il est surnommé M. B.I.G du fait de son patronyme et des bestiaux gigantesques qu'il met en image.

Pour son premier film entièrement en couleurs et surfant sur la mode des films merveilleux qui a surgit à Hollywood suite au 7e VOYAGE DE SINBAD, il met en chantier cette EPEE ENCHANTEE. Et anticipe de quelques mois un autre film de la meme veine, JACK LE TUEUR DE GEANTS. Bien sûr, le budget sera considérablement moindre que les productions de Charles Schneer ou des King Bros. Comme le veut le genre à l'époque, le spectacle devra être familial. Exit le trop-plein de violence, les transformations hideuses et l'épouvante, Bert I. Gordon se consacre aux princesses en péril, au vilain grimaçant tout en mettant en valeur son savoir-faire en matière d'effets spéciaux. Il ne pourra pas s'empêcher de mettre quelques brûlés vifs, masques épouvantables, ogres monstrueux et autres créatures fantastiques ! A y regarder de plus près, il existe une certaine cruauté dont n'était d'ailleurs pas exempte LE 7e VOYAGE DE SINBAD avec la scène de cyclope faisant rôtir l'un des compagnons de Sinbad. Dire que L'EPEE ENCHANTEE était à l'époque pour tous publics paraît quelque peu contestable.

Pourquoi se départir d'une formule qui fait ses preuves ? Le scénario suivra donc une formule éprouvée: un méchant aux velléités de pouvoir et de domination, un valeureux héros ferraillant l'épée avec bravoure et la demoiselle en détresse. Sans oublier le sidekick à gags et la ribambelle d'épreuves avant le final. L'EPEE ENCHANTEE s'avère standardisée à bien des égards. Les distributeurs souhaitant visiblement suivre un modèle bien precis pour minimiser les risques. Bien en a pris United Artists, le film deviendra un hit au boxoffice américain. Partant de cette legende connue de St Georges terrassant le dragon, Bert I. Gordon développe une histoire qui multiplie les rebondissements. Il s'agit par ailleurs de son film probablement le plus riche en termes budgétaires et le plus soigné. Entre costumes médiévaux, décors divers et les fameuses 7 malédictions, la camera s'en donne à Coeur joie pour donner vie à un imaginaire débordant de vitalité. Qu'il s'agisse de l'Ogre (correspondant au Cyclope cité plus haut dans cette chronique), des chevaliers brulés vifs, des fantômes verdâtres de la caverne, de la sorcière défigurée... Bert I. Gordon met l'accent sur la diversité, les maquillages grotesques, les enchantements et autres tours de sorcellerie. Et meme si l'on se trouve un net cran sous le film de Nathan Juran, qu'il n'y ait pas de stop motion de Ray Harryhausen, Bert I. Gordon propose un spectacle candide qui fonctionne parfaitement sur ses 77 minutes rondement menées.

Grand spécialiste de trucages optiques, Bert I. Gordon a rencontré d'énormes success publics avec BEGINNING OF THE END et ses sauterelles géantes ou encore THE AMAZING COLOSSAL MAN. En étant meme distingué par le prestigieux magazine Boxoffice pour ce faire. Bien que L'EPEE ENCHANTEE soit bardée de ses trouvailles, le clou du spectacle demeure le dragon à deux têtes qui apparait dans le dernier quart d'heure. Il fut construit par l'équipe technique du studio Fox. Deux techniciens furent nécessaires à son maniement pour chaque tête, permettant par la même occasion de faire jaillir les flammes de deux gueules. Via un trucage optique au tirage, grandissant de ce fait la stature du dragon, ceci fut combiné aux scenes tournées avec Gary Lockwood et Anne Helm. L'effet demeure encore aujourd'hui saisissant. Combiné à une partition très pro de Richard Markowitz, qui sait amplifier l'action et lui donner un lustre inespéré.

Bert I. Gordon a également pensé à une certaine crédibilité dans ses personnages. Les roles principaux sont attribués à deux figures connues des spectateurs américians : Basil Rathbone, un des meilleurs Sherlock Holmes, et Estelle Winwood. Actrice anglaise specialisée dans les roles de vielles dames excentriques. Comme dans DARBY O'GILL ET LES FARFADETS, L'INQUIETANTE DAME EN NOIR ou encore dans LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI. On pourra mentionner son bref passage dans la série MA SORCIERE BIEN AIMEE dans le role... de la sorcière Enchantra. Le valeureux héros George se nomme Gary Lockwood, ancien cascadeur et qui connut son heure de gloire dans 2001 ODYSSEE DE L'ESPACE pour le rôle du Dr Poole. Malgré des têtes d'affiche dans LES HOMMES DE LAS VEGAS ou encore R.P.M de Stanley Kramer et MODEL SHOP de Jacques Demy, il fit l'essentiel de sa carrière à la television, entre séries et téléfilms comme THE GHOST OF FLIGHT 401.

Bert I. Gordon a également choisi des acteurs à la bonne nationalité pour les français. Au bon cliché qui va bien : Sir Denis, le chevalier incarné par Jacques Gallo (qui se décrit dans le film comme parisien!) est donc un amant magnifique qui saute sur la jolie Mignonette, jouée par la française expatriée Danielle De Metz, pour lui faire son affaire. Las, car la mignonne dévergondée est en fait une vilaine sorcière jouée par Maila Nurmi. Cette actrice finlandaise est plus connue par les amateurs sous le pseudonyme de Vampira, ayant écumé les productions comme PLAN 9 FROM OUTER SPACE ou SEX KITTENS GO TO COLLEGE ! A l'instar de Jacques Gallo, L'EPEE ENCHANTEE fut son dernier rôle marquant, même si elle refit surface pour un cameo dans I WOKE UP EARLY THE DAY I DIED en 1998. Comme la grande majorité des séries B de l'époque, Gordon choisira les extérieurs proches d'Hollywood. Et les Bronson Caves apparaissent encore une fois à l'écran, a l'instar d'une pelletée de films de Roger Corman, MADMEN OF MANDORAS ou même récemment D-WAR !

Le film aura sa première à Hawaïi, où il réalisera par ailleurs les résultats de l'année sur l'île et qui dépassèrent les espérances d'United Artists. A noter par ailleurs que Bert I. Gordon souhaitait nommer son film ST GEORGE AND THE 7 CURSES, mais que le studio de distribution (UA, donc) modifia en THE MAGIC SWORD pour sa sortie nationale. Réalisé en 1961, il sortira brièvement sur les écrans français en avril 1962 avant de disparaître corps et bien. Grand dommage, car il mérite bien mieux qu'une réputation médiocre. L'EPEE ENCHANTEE marque le coup de ses plus de 50 ans d'existence, mais le métier indéniable et artisanal de Bert I. Gordon ne peut que ravir les aficionados de série B bricolées parfois avec génie. Vivement recommandé !

L'EPEE ENCHANTEE est film libre de droits. Et les éditions DVD ont pullulé des deux côtés de l'Atlantique dans des qualités plus ou moins douteuses, avec des coupes effectuées ca et là selon les pays. On oublie les éditions Alpha et Digivew au début du 21e siècle, qui ont omis environ 3 minutes du métrage dont la scène où deux nains s'introduisent dans la cellule de la princesse. Entre l'edition MGM aux Usa et la plus récente chez Bach Films il y a 6 ans, pléthore de choix... Mais aucune au format d'origine du film et avec transfert 16/9e. Chose faite avec la sortie chez Artus Films de la version la plus à même de respecter l'oeuvre. Cependant, aux vues de la disponibilité du films sur tellement de supports, on peut se demander la pertinence d'une telle sortie aujourd'hui.

DVD Artus (Z2 France)
DVD MGM (Z1 Etats-Unis)

Certes, l'édition présente une nette amélioration par rapport a l'édition Bach Films et a celle sortie chez Mgm. Du fait de la présence du 16/9 d'une part, mais également d'un télécinéma bien meilleur. La durée complète de 76mn57 en fait la plus complète à ce jour. A noter que la jaquette reprend le dessin original de l'affiche US de 1961. En comparant avec le DVD Z1 de chez Mgm (durée : 80mn19 du au NTSC), il s'avère que l'édition Artus paraît légèrement moins sombre et exempte d'effets de peigne. Le master n'est pas exempt de poussières diverses qui parsèment la copie, et les contours des personnages ont une légère tendance floue. Les couleurs demeurent stables tout du long, et les scènes se déroulant dans la pénombre (l'ogre, notamment) ressortent de manière satisfaisante.

Une nouvelle fois pour une édition Artus, certains sous-titres français apparaissent totalement fantaisistes dans la traduction des dialogues. Ainsi à la 51e minute, lorsque Sybil prépare une potion, le dialogue anglais parle de «Unicorn powder» («poudre de licorne») mais se trouve traduit par «cendres d'ongles de poulet». Idem pour «graveyard dust» (= «poussière de cimetière») traduit par «poussière d'étoile». Idem pour l'incantation qui suit, totalement hors du propos tenu véritablement par Sybil. En fait, le texte reprend le dialogue de la version française, au texte fort approximatif. Et encore, les «vampires du lac» à l'oral deviennent «vampires diaboliques» dans les sous-titres alors que Sybil parle de «flesh on the rack». Tout un monde !

On pourra à la fois profiter d'une version française et anglaise d'origine, le tout avec des sous-titres français amovibles. La piste anglaise s'avère la plus dynamique et la plus precise. La version française est d'époque, un bon point. Mais avec parfois un bruit de fond (ex : la scène du marais à la 32e minute) qui détonne avec la piste anglaise plus feutrée dans son rendu. Les bonus n'oublient pas le fan de serie B : le spécialiste Alain Petit gratifie l'auditoire d'un puits de connaissance sur le cinéaste et son œuvre. Peut être un poil trop long notamment sur sa digression au début sur les films de dragons au lieu de se concentrer sur le sujet du bonus, à savoir Bert I. Gordon. Pour compléter la galette, l'éditeur a fourni le film annonce d'origine ainsi que trois autres titres de leur catalogue. Ainsi, du fait de la copie, du transfert 16/9e et des bonus dédiés, Artus tient ici la meilleure édition existante pour L'EPEE ENCHANTEE.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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Une série B d’héroïc fantasy riche en stimulation pour l’imaginaire
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L'édition vidéo
THE MAGIC SWORD DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h17
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Films annonces
      • L’épée enchantée (2mn39)
      • Blanche-Neige et le prince noir et les 7 nains (2mn18)
      • Le Pirate des mers du sud (1mn37)
      • Le Chevalier Blanc (2mn28)
    • Entretien Alain Petit (46mn16)
    • Diaporama (4mn12)
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