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Critique du film et du DVD Zone 2
THE PLAGUE DOGS 1982

 

D'abord producteur, le britannique Martin Rosen s'illustre avec succès comme réalisateur pour un long métrage d'animation dans les années soixante-dix, à savoir LA FOLLE ESCAPADE, inspiré par un livre de Richard Adams nommé «Les garennes de Watership Down». Suite à cette expérience, il produit, écrit et réalise THE PLAGUE DOGS, basé sur un roman du même écrivain. A nouveau, il bénéficie de la présence comme doubleur vedette de John Hurt, sortant d'une série de succès comme MIDNIGHT EXPRESS, ALIEN et ELEPHANT MAN.

Rowf et Snitter, deux chiens prisonniers dans un laboratoire, subissent des expériences d'une rare cruauté. Ils parviennent à s'évader dans la campagne environnante, une rude région montagnarde, et apprennent à survivre en se confrontant aux dures lois de la nature. Ils ignorent qu'ils pourraient être porteurs malgré eux d'une épidémie mortelle pour les hommes...

Il existe dans l'animation anglaise un attrait pour des sujets sombres, inattendus dans un genre a priori destiné aux enfants. Ainsi, dès 1954, nous trouvons une adaptation de «La Ferme des Animaux» de George Orwell, satire incisive des totalitarismes. Le musicien Roger Waters fait réaliser des courts-métrages d'animation cauchemardesques pour scander le long métrage PINK FLOYD : THE WALL. Plus tard, Jimmy T. Murakami signe QUAND SOUFFLE LE VENT sur les conséquences catastrophiques d'une guerre atomique, et, plus récemment, UN CHANT DE NOEL, transcription du fameux conte de Dickens respectant ses aspirations sociales originelles. Par ailleurs, les années soixante-dix marque la naissance d'une animation destinée à un public adulte. Le Ralph Bakshi de FRITZ LE CHAT et le René Laloux de LA PLANETE SAUVAGE agissent ainsi en pionniers. LE SEIGNEUR DES ANNEAUX de Bakshi se situe dans une zone indistincte entre l'animation d'heroic fantasy pour adultes et le film pour enfants, Tolkien étant clairement considéré comme de la littérature pour la jeunesse.

Disney tente de suivre le mouvement en 1985 avec TARAM ET LE CHAUDRON MAGIQUE, métrage relativement effrayant se voyant classé «PG» (accompagnements des parents conseillé pour les enfants), une première pour un dessin animé de la plus familiale des Majors ! C'est dans ce contexte qu'apparaît THE PLAGUE DOGS, qui défie lui aussi les classifications. Nous avons a priori un film tout public, mettant en vedette des animaux qui parlent et évoluent dans la nature. Le thème du laboratoire effectuant des expériences sur des animaux renvoie à BRISBY ET LE SECRET DE NIMH, sorti la même année. Mais même ce dernier titre plutôt sinistre passe pour léger comparé à THE PLAGUE DOGS, lequel s'ouvre carrément sur des savants soumettant Rowf à une expérience de noyade forcée pour tester son endurance. Snitter est quant à lui victimes d'opérations du cerveau entraînant une schizophrénie grave. Vous l'aurez compris, THE PLAGUE DOGS est un peu l'anti-ROX ET ROUKY !

Même sorti de l'univers cauchemardesque du laboratoire, pratiquement concentrationnaire quand on visite l'incinérateur d'animaux, THE PLAGUE DOGS ne s'adoucit pas. La dure réalité de la nature s'impose : la faim, le froid, les chasseurs et les bergers qui ne voient pas d'un bon oeil les chiens errants, vont donner du fil à retordre à nos héros canins. Des héros qui n'en sont en fait pas tant que cela puisqu'ils commettent des actions atroces, guidés par leur instinct et entraînés par les circonstances. Bien qu'il fasse parler ses animaux, THE PLAGUE DOGS ne cède pas à l'anthropomorphisme. Les chiens raisonnent comme des animaux, en fonction de leurs besoins et de leur compréhension limitée de l'univers les entourant. En particulier lorsqu'ils se confrontent au comportement ambigu et contradictoire des humains, parfois maîtres bienfaisants, parfois brutes terrifiantes.

Les deux chiens font connaissance d'un renard qui se présente comme un ami, mais dont le comportement et les attitudes s'avèrent très ambivalentes. Le bien, le mal, la confiance, la trahison sont autant de données complexes et subjectives, comme s'en rendent compte Rowf et Snitter. Des détails horrifiques, violents, rendus avec une crudité directe, ponctuent leur parcours. Toutefois, une animation d'une fluidité exemplaire, révélateur d'une étude poussée des mouvements animaux, contrebalance la dureté de ces moments. Les décors et autres fonds sont quant à eux restitués avec une richesse de détail et un raffinement exceptionnel, donnant un cachet artistique de haute volée à THE PLAGUE DOGS. Cela dit, il opte aussi pour une certaine austérité dans sa forme et dans son ton qui, allié à une longueur de plus d'une heure quarante (rare pour un dessin animé), peut le rendre un peu redondant ou difficile d'accès à certains spectateurs.

Cependant, THE PLAGUE DOGS se distingue comme un film d'animation singulier, au ton et au propos graves, qu'il ne faudrait pas faire l'erreur de réserver à un public enfantin Nous irons même jusqu'à dire qu'il n'est guère recommandé à un public de jeunes enfants tant il met en scène des séquences perturbantes, aussi bien graphiquement que moralement. Il n'en reste pas moins porteur d'un vrai point de vue fort sur les rapports entre les humains et la nature, s'avère un film d'aventures animalières sombres, mais aussi mis en images avec une richesse et une virtuosité impressionnantes, sachant s'éloigner des canons standardisés d'une certaine animation américaine.

THE PLAGUE DOGS sort en 1982 en Grande-Bretagne dans son montage originel de 103 minutes, puis aux États Unis dans un montage raccourci de 82 minutes contre la volonté de Martin Rosen. En France, THE PLAGUE DOGS ne connaît qu'une sortie très tardive dans nos salles... en 2012 !

La version courte est celle qui a le plus circulé en vidéo, la version intégrale ayant pour ainsi dire disparu de la circulation. En Grande-Bretagne, THE PLAGUE DOGS sort en DVD en 2002 chez Anchor Bay, en version courte. Puis un nouveau DVD Optimum sort en 2007, avec la version intégrale et la version courte (bien que la jaquette ne mentionne que la présence de la version longue). C'est ce dernier disque que nous avons consulté.

Dans les deux versions, le film est proposé en 1.33 (4/3) ce qui nous semble être le format d'origine correct de ce dessin animé. En tous cas, nous n'avons pas noté de souci particulier d'équilibre dans les cadrages.

La version longue propose une copie d'exploitation manifestement fatiguée, avec des couleurs passées, des rayures et autres poinçons de fin de bobine. Le tout est servi dans un transfert vidéo entrelacé bien moyen. La copie courte est bien meilleure, avec de superbes couleurs rendant mieux justice au travail graphique effectué sur le métrage, ainsi qu'une propreté et une fixité irréprochables.

En ce qui concerne les pistes sonores, un constat semblable s'impose. La piste Dolby Stéréo de la version longue est défaillante, avec un déséquilibrage évident vers la gauche ou des dialogues pas toujours distincts. La piste stéréo de la version courte ne pose aucun de ces soucis et se montre bien plus plaisante à l'écoute. Outre ses deux versions du métrages, nous avons accès à une bande annonce.

Ce DVD, trouvable chez nos voisins anglais à des prix très doux, s'avère une opportunité intéressante de découvrir ce métrage rare, dans sa version intégrale. Certes, la qualité technique de la version complète laisse à désirer, mais toutes les éditions DVD la proposant sont parties de la même source et proposent des résultats comparables. Enfin, ce film n'est proposé à notre connaissance nulle part avec des options francophones, ce qui le réserve aux anglophones... pour le moment !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Un film d'animation hors du commun
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La disponibilité de la version intégrale
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L'édition vidéo
THE PLAGUE DOGS DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Optimum
Support
DVD (Double couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h39
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Original cut (99mn)
    • US Theatrical cut (81mn)
    • Bande-annonce
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