Header Critique : HOMME AUX POINGS DE FER, L' (THE MAN WITH THE IRON FISTS)

Critique du film
L'HOMME AUX POINGS DE FER 2012

THE MAN WITH THE IRON FISTS 

Dans une Chine féodale, la mort du chef de clan pacifiste Lion d'Or provoque le chaos. Lion d'Argent prend la relève mais n'aspire qu'à la guerre et aux richesses. Dans ce but, il s'empare d'un trésor inestimable et s'attire par la même occasion la convoitise des autres clans. Très vite, assassins, truands, mercenaire britannique, ligue de voleurs et autres individus peu recommandables se trouvent réunis au coeur du même petit village. Au milieu de tout ce beau monde se trouvent un habile forgeron, sa catin dulcinée et une foule d'innocents villageois. L'affrontement s'annonce saignant !

Passionné depuis toujours par le cinéma martial hongkongais, le rappeur américain RZA co-fonde en 1991 le collectif «Wu-Tang Clan», en compagnie de GZA et Ol'Dirty Bastard. De là naitra en 1993 un premier album studio nommé «Enter the Wu-Tang (36 Chambers)» en référence au célèbre métrage LA 36ème CHAMBRE DE SHAOLIN. L'une des particularités de ce disque Rap/Hip-hop est de sampler, outre de la Soul, des bandes et bruitages issus de films de Kung-Fu des années 70. Quatre ans plus tard, la «suite» de cet album rejoindra les bacs sous le titre «Wu-Tang Forever», avec toujours une forte implication de RZA. Le succès est à nouveau au rendez-vous et le bonhomme en profite pour mettre un premier pied dans l'univers du cinéma en composant l'exceptionnelle bande originale du film GHOST DOG, LA VOIE DU SAMURAI. Le réalisateur Jim Jarmusch lui offre même un petit rôle, lançant par là même la carrière d'acteur de RZA. Restons modeste toutefois, le rappeur n'ayant pas hérité pour l'instant d'un vrai grand rôle. Malgré cela, il aura trainé ses guêtres dans différentes pelloches comme SCARY MOVIE 3, AMERICAN GANGSTER, REPO MEN, DATE LIMITE et d'autres…

Au début des années 2000, RZA est contacté par Quentin Tarantino afin de participer à la bande-originale de KILL BILL. C'est donc par le biais du papa de RESERVOIR DOGS que le rappeur rencontrera un peu plus tard Eli Roth, réalisateur de HOSTEL et de sa première suite. RZA s'est ainsi constitué un réseau suffisamment solide pour envisager le lancement d'un projet qui lui tient à coeur : L'HOMME AUX POINGS DE FER. Le métrage sera sans surprise «Presented by Quentin Tarantino» et co-scénarisé par Eli Roth, également producteur. RZA s'attribue pour sa part les casquettes de scénariste, réalisateur et acteur principal. Le travail peu satisfaisant de Howard Drossin sur la bande originale l'obligera même à occuper le poste de compositeur ! Le film a donc tout d'une oeuvre très personnelle, et pourtant...

Rapidement, lorsque le métrage débute, le spectateur se voit confronté à une triple influence assez marquée. Celle de Tarantino tout d'abord, avec des logos rétros fleurant bon le «Grindhouse», quelques dialogues «Tarantinesques», et même une maison close évoquant clairement le fief de la O-Ren Ishii de KILL BILL. Le lien semble d'autant plus évident que la toujours sublime Lucy Liu hérite ici d'un rôle très comparable à celui qu'elle tenait en 2003... La seconde essence de cet HOMME AUX POINGS DE FER, c'est bien évidemment Eli Roth dont on retrouve ici l'aspect «déconneur» et gentiment vulgaire. Quelques gags, dialogues ou même séquences naviguent donc sous la ceinture, et ce sur toute la durée du métrage. Pas de doute, le réalisateur de CABIN FEVER était bien présent lors de l'écriture ! Enfin la troisième «patte» clairement identifiable, c'est celle de Corey Yuen. L'acteur, cascadeur et réalisateur hongkongais oeuvre ici dans le domaine qu'il maitrise le mieux : La chorégraphie des séquences d'action. Inventives, aériennes, méticuleuses et vives, elles sont indiscutablement l'une des forces du métrage et l'oeuvre du seul Yuen. Tout comme il a oeuvré dans l'ombre pour LE TRANSPORTEUR (qui se souvient qu'il était co-réalisateur ?), il est fort probable qu'il fut derrière la caméra en de nombreuses occasions pour ce film signé RZA...

Très marqué par l'aura des trois têtes précédemment citées, L'HOMME AUX POINGS DE FER contient donc une part de RZA que l'on peine à discerner. Qu'importe en réalité car seul le résultat compte pour le spectateur. Et disons le tout net, ce melting-pot bordélico-frénétique s'avère être une assez bonne surprise ! Le ton, tout d'abord, est très décontracté et enthousiasmant. Les acteurs ne se prennent guère au sérieux, les répliques font mouche et les anachronismes linguistiques font sourire, comme c'était le cas dans AFRO SAMURAI, la fameuse série d'animation sur laquelle RZA avait collaboré. Le casting se montre également assez réjouissant avec nous l'avons dit Lucy Liu, mais aussi l'impressionnant catcheur Dave Bautista, ainsi qu'un Russel Crowe qui n'a de cesse de se faire pousser le ventre. Il est loin le séduisant pasteur de MORT OU VIF, ou le charismatique héros de GLADIATOR ! Mais passons outre ce détail cosmétique car tout comme ses confrères, Russel Crowe s'amuse ici et nous offre quelques (très) bons moments dans la peau de «Jack Canif» ! Pour en finir avec le casting, n'oublions pas une brève apparition de Pam Grier, une autre de Gordon Liu et, beaucoup plus difficile à voir, un Eli Roth sérieusement grimé en bras droit du Clan des Loups... L'affiche est donc plaisante et nous regretterons d'autant plus que RZA, l'acteur, ne soit pas réellement à la hauteur de ses camarades. Rien de trop grave cependant, mais un jeu «premier degré» assez crispé qui fait quelque peu tâche au milieu de cette amusante petite troupe...

L'autre bémol que nous émettrons concerne plutôt le script du film. Celui-ci donne très rapidement l'impression que certains personnages ont été intégrés au chausse-pied. Il s'agit sans doute là de la conséquence d'une trop longue gestation du projet et du syndrome «Et si on ajoutait un personnage qui sait faire ça ?». Ce côté «toujours plus» qui rend certains films difficilement digestes, au même titre que les tartines au beurre de cacahuète. Point de gros problème de transit ici mais le sentiment que certains personnages auraient gagné à être développés, alors que d'autres méritaient carrément de disparaitre.

Malgré cela, L'HOMME AUX POINGS DE FER reste une série B parfaitement recommandable, aux élans gores assez réjouissants. Les influences ont été correctement digérées et l'amateur de cinéma Kung-Fu sera heureux de retrouver des armes improbables, comme en proposaient à l'époque LE BRAS ARMÉ DE WANG YU CONTRE LA GUILLOTINE VOLANTE ou, moins connu, le sympathique THE DRAGON MISSILE. Pour son premier métrage, RZA fait donc du neuf avec de l'ancien et s'en sort plutôt bien. Son travail sur la bande originale mérite également d'être salué, mais le contraire aurait été étonnant... La sortie en salle française du néo-Kung-Fu L'HOMME AUX POINGS DE FER reste cependant une curiosité qu'il convient de saluer. Si vous souhaitez le faire, faites vite car la combinaison est assez réduite et le métrage ne devrait pas faire long feu !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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