Header Critique : HERE COMES THE DEVIL (AHI VA EL DIABLO)

Critique du film
HERE COMES THE DEVIL 2012

AHI VA EL DIABLO 

Elle lui reproche de ne pas être assez présent et de ne pas s'occuper assez des enfants. C'est le week-end, une petite famille part pour la journée. Les enfants décident d'aller jouer dans les collines pendant que les parents s'accordent un moment en tête à tête... Mais plusieurs heures plus tard, les enfants ont disparu et ils ne feront leur réapparition que le lendemain. Que s'est il passé dans les collines ? Surtout que les deux mômes commencent à agir de manière étrange...

Du côté de l'Argentine, Adrián García Bogliano tourne des films d'horreur depuis une dizaine d'années. Sur le nombre de métrages qu'il met en boîte, seuls quelques-uns uns vont se frayer un chemin vers le marché international avec, par exemple, COLD SWEAT ou encore PENUMBRA qui bénéficieront de sorties en vidéo dans d'autres pays comme les Etats-Unis. En France, par contre, Adrián García Bogliano est totalement inconnu ou presque. Car il s'avère que seul l'un de ses films, I'LL NEVER DIE ALONE, a été distribué dans nos contrées, directement en vidéo. A force, le cinéaste argentin se fait donc remarquer ce qui lui vaut d'être contacté pour tourner l'un des segments de l'anthologie horrifique THE ABCs OF DEATH. En parallèle, les Americains de Dark Sky Films lui propose de produire son prochain long métrage. Plutôt que d'accepter sans sourciller, Adrián García Bogliano pose ses conditions. Et c'est à sa grande surprise que la maison de production américaine accède à ses deux demandes : tourner le film au Mexique et en langue espagnole !

Premier constat après la projection de AHI VA EL DIABLO, HERE COMES THE DEVIL pour son titre à l'export, le Mexique n'a aucun intérêt dans l'intrigue. Plutôt bizarre puisque c'était donc l'une des demandes explicites de son réalisateur et scénariste. Tout cela est donc finalement bien anecdotique mais pourrait bien résumer le film. HERE COMES THE DEVIL brasse de nombreux thèmes mais n'en fait rien de concret. Par exemple, Adrián García Bogliano s'intéresse aux premiers émois et ébats sexuels des enfants et adolescents. Le sujet n'est pas facile et le cinéaste l'abordera de deux manières dans son métrage. La première sous la forme du souvenir, lorsque le couple de personnages principaux se remémorent leurs premiers attouchements lors de leur adolescence, tout en se masturbant dans une voiture. Ne sachant pas vraiment où va le film à ce moment là, la séquence intrigue et même si elle ne paraît pas des plus naturelle, cela fonctionne en raison de son étrangeté. Par la suite, Adrián García Bogliano reviendra sur le sujet mais, cette fois, sous la forme du témoignage. Une façon de ne pas aborder de front, donc directement, ce qui aurait pu soulever pas mal de problèmes à l'écran. Et, quelque part, on ne peut que le féliciter d'être resté prude graphiquement sur le sujet parce que tout cela n'a pas, en réalité, de véritable pertinence dans le déroulement de l'histoire... A un détail près ! En effet, HERE COMES THE DEVIL s'inspire pas mal de L'EXORCISTE. Le film de William Friedkin laissait planer un peu le doute sur une possession démoniaque, évoquait même les changements hormonaux de la gamine comme une éventuelle cause aux phénomènes. Dans HERE COMES THE DEVIL, la fille du couple a justement ses premières règles au début du métrage. Mais le lien avec L'EXORCISTE se manifeste aussi par quelques visions étranges comme un enfant en lévitation au-dessus du sol. Tout cela n'est pas très finaud surtout que la réalisation se montre très molle. Le cinéaste a beau utiliser sans cesse le zoom, cet effet ne fait que renforcer l'aspect un peu amateur d'une mise en scène basique. Cela va même jusqu'à distraire, ramenant vaguement le souvenir de Jesus Franco, jusqu'à guetter les plans où le cinéaste s'amusera avec le réglage de la focale.

HERE COMES THE DEVIL parle donc de sexualité et se montre parfois plutôt voyeur avec ses comédiens adultes. On passera sur un ridicule ébat lesbien au début du film ou encore sur des scènes de douches, le temps d'exposer la plastique de l'actrice principale qui a le mérite d'être une véritable femme et non pas une bimbo «américaine». Une nudité naturelle et plutôt crue qui détonne ainsi avec les "canons" esthétiques habituels. Mais le sexe est aussi présent dans les différents aspects de l'intrigue puisque la disparition des enfants mène à penser qu'ils aient pu être sujet d'une agression pédophile. De quoi occuper une bonne demi-heure du film qui se tourne alors vers quelque chose qui pourrait se rapprocher de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE. Mais, encore une fois, le résultat est loin d'être tétanisant. Le cinéaste ayant vraiment beaucoup de mal à nous impliquer, à rendre l'ambiance palpable et malsaine. La virée sanglante est donc… sanglante et c'est tout ! De quoi simplement continuer en essayant de jouer sur la notion de remords ou de culpabilité des personnages principaux. Mais, rien à faire, ça ne passe pas. A vrai dire, la seule véritable grosse surprise du film réside dans son épilogue. Persuadé que le métrage va se terminer dans une révélation évidente, Adrián García Bogliano choisi une route inattendue en raison de tout ce qui a précédé. Le cinéaste fait dans le basique et la ligne droite, oublie la subtilité. L'épilogue surprend, forcément, mais renforce encore bien plus l'aspect totalement inutile de certains des thèmes abordés jusque là ! L'étrangeté du comportement des enfants aurait pu être provoqué par un traumatisme ou bien simplement en raison de leur puberté... Les tourments de la mère de famille auraient pu être manifesté par ses problèmes de couples, par sa difficulté à surmonter un acte de violence irréversible... Le film aurait pu réellement explorer l'aspect mystique de la colline... Mais rien de tout cela, au final dans HERE COMES THE DEVIL. Cela n'aurait peut être pas d'importance si Adrián García Bogliano prenait le spectateur à bras le corps, lui remuait les tripes ou encore proposait une ambiance malsaine. Mais HERE COMES THE DEVIL se montre surtout extrêmement mal fagoté, que ce soit dans sa mise en scène ou bien dans une direction d'acteurs très approximative.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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