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Critique du film
SINISTER 2012

 

Ellison Oswalt est un romancier dont le dernier Best-Seller commence à dater, et les finances à chuter. Spécialisé dans la reprise d'affaires sordides non-élucidées, il déménage donc avec sa famille dans une petite bourgade qui a connu un drame en 2011. Pire que cela, il achète sans en informer son épouse la maison dans laquelle une famille a été retrouvée pendue ! Dès le premier soir, il trouve dans le grenier un carton contenant un projecteur 8mm et ce qui semble être des films amateurs. En réalité, ces bobines révèlent le quadruple meurtre de 2011, mais également quatre autres crimes particulièrement horribles. Oswalt voit cela comme une véritable aubaine, du moins dans un premier temps...

Nous avions assez largement évoqué les débuts de carrière de Scott Derrickson via notre chronique de son premier long métrage : HELLRAISER : INFERNO. Puis nous étions revenus sur son cas par le biais de ses deux films suivants qu'étaient L'EXORCISME D'EMYLIE ROSE en 2005, et LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRETA en 2008. Autant dire qu'après ces trois pelloches en demi-teinte, nous n'étions pas spécialement pressés de découvrir ses prochaines oeuvres. Hollywood non plus manifestement puisque le monsieur n'aura rien mis en boite jusqu'à ce SINISTER dont le tournage se sera étalé sur un peu plus d'un mois, fin 2011. A l'origine du projet, on trouve C. Robert Cargill, un Texan qui après avoir vu THE RING passe une nuit particulièrement agitée. Voilà qui n'a rien de particulièrement honteux, et s'avère même très compréhensible si l'on considère le choc cinématographique qu'est le film d'Hideo Nakata. Sauf que contrairement au spectateur moyen, Cargill décide de faire de sa suée nocturne un scénario qu'il présentera à Derrickson un soir de beuverie. La suite, on la connaît : Le réalisateur trouve l'idée captivante et parvient à décrocher un (très) modeste budget de trois millions de dollars. Autrement dit, un budget s'approchant davantage de celui du direct-to-video HELLRAISER : INFERNO (deux millions) que de celui du blockbuster LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRETA (80 millions).

Reste que ce micro-budget s'inscrit aussi dans une tendance Hollywoodienne de rentabilité qui a récemment fait ses preuves avec la saga des clefs qui tombent et portes qui claquent : PARANORMAL ACTIVITY ! Rien de surprenant donc à ce que Blumhouse Production, société productrice des trois premiers volets, ait également mis des billes dans SINISTER. On en tirera même un «argument» marketing pour les affiches, ce qui ramène toujours quelques chalands... Reste qu'il y a quelques années encore, un budget aussi ridicule n'aurait pas suffi à couvrir le cachet d'un acteur nominé aux Oscars comme Ethan Hawke. Lui qui avait palpé douze millions de dollars pour TRAINING DAY et quatre pour DAYBREAKERS percevra donc pour SINISTER un pourcentage sur les recettes. Une bien bonne idée si l'on en juge les premiers chiffres du Box-Office, assez disproportionnés par rapport aux qualités réelles du métrage...

Car ne nous voilons pas la face plus longtemps, Scott Derrickson n'a pas eu assez de ses quatre années de pause pour se muter en réalisateur génial. Le début de SINISTER fait pourtant illusion en nous présentant rapidement la petite famille et plus particulièrement cet écrivain aux motivations douteuses. Parfait dans le rôle, Ethan Hawke donne à son personnage ce qu'il faut de charisme pour lui éviter d'être parfaitement détestable. On vit donc l'aventure par le biais d'un protagoniste à l'honnêteté discutable, pourri de surcroit par son égocentrisme. Le reste des personnages apparaît comme assez effacé, clairement relégué au second plan et servi par des prestations des plus modestes.

Scott Derrickson vise ensuite assez juste en révélant une série de «Lost tapes», ces petits «films retrouvés» qui sont la base même de métrages comme CANNIBAL HOLOCAUST, LE PROJET BLAIR WITCH ou PARANORMAL ACTIVITY. Sauf qu'ici, les films sont de très courte durée et, il est vrai, assez percutants. Tous sont construits selon la même structure, à savoir l'observation d'un contexte familial heureux puis, dans un second temps, le massacre de ces mêmes individus dans des circonstances particulièrement dérangeantes. Le sentiment de malaise est alors assez réel, même si le re-visionnage en boucle de ces pellicules finit par nuire à leur efficacité. Puis rapidement, l'enquête du personnage principal est interrompue par une série de manifestations ouvertement fantastiques. Le réalisateur se prend alors les pieds dans le tapis et amorce un enchainement de maladresses qui n'aura de cesse de tirer son métrage par le fond.

Scott Derrickson délaisse en effet l'ambiance malsaine et embraye sur le démonstratif pataud, les apparitions mal foutues, et surtout très redondantes. Filmés sans talents, les «croquemitaines» du film sont de surcroit mal maquillés, montrés au ralenti et apparaissent toujours là où le spectateur les attend ! Couillons qu'ils sont ! Sans doute conscient que son métrage n'a pas de substance au-delà de ses «Lost tapes», Derrickson fait alors ce que n'importe quel metteur en scène peu inspiré ferait à sa place : Il cherche à faire sursauter bêtement le spectateur. Un objet qui tombe en faisant autant de bruit qu'une enclume, un visage qui apparaît en plein milieu de l'écran et un héros qui hurle sans jamais réveiller sa famille. Voilà les artifices d'un SINISTER qui s'essouffle bien vite, révélant au passage la bêtise d'un protagoniste qui n'allume jamais la lumière !

Avec ce quatrième film, Scott Derrickson montre avant tout que ses expériences passées ne lui ont guère été profitables. On retrouve ici les fautes de goût de son HELLRAISER : INFERNO, mais également les ficelles grossières de L'EXORCISME D'EMYLIE ROSE. Plus douteux encore, les minutes passent et ne font que révéler une triste copie de THE RING ! La comparaison s'impose alors d'elle-même en fin de métrage et se montre sans surprise particulièrement écrasante... Inutile de se leurrer cependant, des avis très mitigé n'ont que peu de chances d'influencer Hollywood. Comprenez par là que SINISTER ayant déjà rapporté quinze fois son maigre budget sur le seul sol américain, il est fort probable qu'une suite se manifeste dans un avenir très proche. Pas de bol.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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